Oreilles attentives de Guyenne et Gascogne, bonjour. Nous voilà donc en début d’année et, premier de l’an après premier de l’an, cela finit par faire une sacrée kyrielle, que l’on compte en piges, en berges ou en balais. Et, à ce sujet, je vais revenir sur un évènement qui aurait pu passer inaperçu s’il n’avait concerné notre porte-monnaie : je veux parler du passage à l’euro en tant que monnaie sonnante et trébuchante, le premier janvier 2002. Oh, cela faisait moult années qu’on nous parlait d’une monnaie unique, on nous promettait un écu -Vertuchou que ce nom sonnait bien à mes oreilles !- mais ce dernier resta fictif quoique certains exemplaires en aient circulé ; j’avoue en avoir fait l’acquisition d’un pour le seul plaisir de pouvoir dire que j’avais palpé l’écu. Que ceci reste entre nous, bien sûr !
Nous avions déjà eu bien des péripéties avec notre franc dont le nom remontait à la plus haute antiquité mais qui changea brutalement de valeur 42 années plus tôt car, à l’époque, déjà Pinay perçait sous Bonaparte puisque le franc en tant que monnaie avait été institué sous le Consulat. A partir de 1960, cent balles devenaient un franc mais l’ancien franc eut la vie dure dans les têtes car bien des années plus tard, bon nombre de gens, bien que peu fortunés, parlaient encore en millions. La traduction était facile puisqu’il suffisait de faire la division ou la multiplication pour s’y retrouver. Avec la venue de l’Euro, ce fut une autre paire de manches car les bureaucrates, qu’ils fussent de nationalité française ou d’allégeance européenne, nous avaient concocté un Euro qui valait 6,55957 francs. Là, c’était pas de la tarte et nous fûmes plus d’un à y perdre la boule !
Et maintenant, ce qui valait autrefois un franc vaut bien souvent un euro ou plus mais on continue à casquer, faites passer la monnaie et circulez, y’a rien à voir…
Du temps où circulait le franc français, il y avait de temps à autre quelque soubresaut économique, le ministre des finances nous faisait une petite dévaluation surprise et on repartait comme avant. La surprise n’était certes pas pour tout le monde et quelques petits malins avaient chaque fois le temps d’acheter des monnaies étrangères avant la dévaluation pour mettre de la fraîche à l’abri. Mais, grosso modo, ces dévaluations, pour vexantes qu’elles aient pu paraître au premier abord, permettaient que nos produits se vendent plus facilement à l’étranger et attiraient chez nous les touristes des pays à monnaie forte. Maintenant que notre Euro fait partie des monnaies les plus appréciées de la planète, ce sont les pays à monnaie plus faible qui profitent de cet avantage. Et le touriste français est tenté de partir dans ces pays y dépenser notre monnaie et en ramener quelques bactéries ou autres.
Tout cela est bel et bien mais voilà que ces bureaucrates envisagent sérieusement de supprimer la monnaie, qu’elle soit en billets ou en pièces, dans le but d’empêcher la circulation de ce qu’on appelle l’argent noir. Belle idée de technocrate mais elle servira surtout à embêter le petit peuple tandis que les vrais trafiquants auront d’autres manière de trafiquer, on s’en doute.
Quoiqu’il en soit, j’ai toujours du plaisir à me balader avec un porte monnaie gonflé de quincaille, j’aime avoir l’appoint quand je paie et ça me donne une impression d’opulence.
Comme le chantait Francesca Solleville : « T´as pas cent balles / Cent balles à blanc / Pour faire le bal / Des survivants? »
On voit par-là que s’il n’en reste qu’un, nous serons de ceux-là,
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