Auditrices
et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. La campagne électorale bat son plein et
les candidats rivalisent de propositions inédites ou remises au gout du jour,
ressemelées et rechapées. Et, parmi ces dernières, la proposition du candidat
socialiste d’octroyer à tout un chacun un revenu universel de base. Je ne
rentrerai pas dans les modalités d’application de ce genre de mesures, je gage
toutefois que vous et moi ne serons jamais éligibles à ce dispositif malgré nos
modestes revenus. Cette espèce de mesure est proposée non pour veiller aux besoins
des nécessiteux mais pour subvenir à l’appétit de reconnaissance des bourgeois
de gauche : ce genre de bourgeois ne fait pas la charité - que diable !
– mais il pratique une générosité bien ordonnée qui l’incite à toucher son
traitement de fonctionnaire puis à distribuer aux nécessiteux de bon aloi
l’argent qui reste dans les caisses. C’est ce qui les distingue des bourgeois
de droite qui distribuent l’argent du fond de la caisse aux élus de leur bord.
Et, comme
il se doit en cours de campagne électorale, il se trouve toujours des
spécialistes bien intentionnés qui viennent en renfort aux candidats de tous
horizons. Dans le cas qui nous intéresse, monsieur Hamon a vu voler à son
secours un économiste distingué – vous remarquerez que les économistes sont
toujours distingués. Je ne détaillerai pas les diplômes et doctorats de ce remarquable
professeur et conseiller, officier de la Légion d’honneur, docteur honoris causa et patin couffin, je
dépasserais certainement le temps qui m’est imparti pour cette chronique et je
risquerais de troubler la digestion des auditrices et auditeurs.
Cet
éminent professeur déclare sur les antennes que le revenu universel "permet de renforcer le pouvoir de discussion" des
salariés qui ne se voient plus "dans
l'obligation d'accepter n'importe quoi" parce qu'ils "savent qu'ils ne seront plus à la rue
autrement".
Croyez-moi
si vous le voulez, mais en entendant cela j’ai sursauté. Non que je souhaite à
quiconque de se trouver dans la rue et sans le sou. Mais moi qui, en mon temps,
ai préféré accepter n’importe quel boulot pour m’en sortir quitte à tout faire
pour rebondir plus loin, je me sens accablé par l’analyse de ce monsieur. Pour
les caciques de gauche, bien sûr, il en va tout autrement. Pour eux, la voie
royale qui mène à l’emploi passe par les universités et les grandes écoles puis
l’entrée dans la généreuse fonction publique avant de partir pantoufler dans le
privé. Mais ces messieurs pensent-ils qu’il faut encore des gens qui
travaillent de leurs mains, des manœuvres, des maçons, des ouvriers agricoles
ou des pêcheurs ? Pensent-ils donc que ces métiers sont n'importe quoi, pensent-ils que de
travailler toute l’année au vent, sous la pluie, au gel, en plein soleil cela
est n’importe quoi ? Pensent-ils que de pousser une brouette pleine dans
la boue, de grimper sur des échelles, de travailler dans l’eau salée des
navires cela est n'importe quoi ?
Bien sûr, ils vous diront qu’ils ne pensent pas à cela mais au temps partiel ou
à la durée déterminée des contrats, à ce que l’on appelle dans les bureaux la
précarité. Bien sûr, pour des gens qui pensent, il vaut mieux faire venir des
migrants pour travailler dans la boue et pour vider les poubelles. Mais une
fois ces migrants en France, quand ils voient que les français n’en veulent pas
de ces boulots manuels, eux aussi ils laissent tomber la pelle et le balai pour
voir si on n’est pas mieux au chômage. Ils ne sont pas plus bêtes que les
autres, voyons !
Ah qu’il
est doux pour les cadres de la gauche fonctionnarisée de mépriser les travailleurs
de base en jouant les dames patronnesses avec le budget de l’Etat ! Quitte
à promettre un jour d’embaucher tout le monde dans la fonction publique.
On voit
par-là qu’il n’y a pas qu’à droite que sévit la misère intellectuelle.
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