— Il n’est pas encore
arrivé et à mon avis, il ne viendra pas, il est tellement sûr d’avoir le
chantier qu’il se considère comme exempté de présence.
— Justement, quand il va
savoir…
— Dis-toi bien une chose,
dit-il de sa voix rocailleuse. Dis-toi bien cela : sur les chantiers, c’est
toujours le premier qui bande qui encule l’autre. T’es là le premier, c’est toi
qui vois…
— Excusez-moi, madame
dit-il en apercevant Magali, je n’avais pas vu que vous étiez là…
— Ce n’est pas grave,
monsieur, j’en ai entendu d’autres, répondit-elle.
— Je me gare, dis-je au
plombier dont j’ai noté mentalement le nom, Dussaut.
— Attends-moi là, je vais
voir, avec un peu de chance, j’arriverai peut-être à aller récupérer la clé
dans la cave. Mais déjà je vais voir ce qui se passe là-dedans.
— T’es un peu gonflé
quand même, me répondit Magali.
Je sortis du fourgon et
entrai à pied dans le parc avec le plombier. Il m’expliqua que c’était une
réunion préliminaire, d’importants travaux de restauration étaient projetés en
vue de transformer le château en hostellerie. Il y avait les entreprises
concernées, mais aussi et surtout l’architecte du client, celui des bâtiments
de France, un maître d’œuvre et un coordonnateur de chantier. Je me dis que
j’allais faire tache dans le tableau, mais je ne risquais que de me faire
jeter. Et c’est ce qui sembla devoir m’arriver quand nous arrivâmes au pied du
perron. Un monsieur en costard sortit du château et nous vit arriver. Il
salua mon collègue :
— Bonjour monsieur
Dussaut, comment allez-vous ? Lui dit-il en lui tendant la main.
— Bien, monsieur Henri,
répondit Dussaut, un peu emprunté. Je vous présente un collègue maçon.
— Monsieur ? Me dit le monsieur
en fronçant le sourcil.
— Forelle, Albert
Forelle, je suis maçon en effet.
— Et vous avez été
convoqué par l’architecte ?
— Non, mais je pourrais
peut-être répondre à un appel d’offres…
— Monsieur, je suis
désolé, mais vous n’avez pas été convoqué, me répondit-il sèchement. Tiens,
bonjour Mademoiselle Desclain, que me vaut le plaisir ? Dit-il en parlant à
quelqu’un qui était derrière moi. Je me retournai et vis Magali qui,
apparemment, nous avait suivis. Elle semblait bien connaître le monsieur :
— Bonjour, monsieur de
Montieu, j’accompagne monsieur Forelle qui va commencer un chantier pour moi
et, quand j’ai vu que vous étiez là, je me suis permis d’entrer pour vous
saluer.
— Ah, mademoiselle
Desclain, permettez que je vous appelle Magali, je regrette bien que vous
n’exerciez plus, vous avez réellement un don, un don extraordinaire. Vous m’aviez
si bien soigné quand j’ai été bloqué, je m’en souviens comme si c’était hier.
Et vous avez arrêté, quel dommage ! Dit-il en levant les bras au ciel. Si vous
saviez, monsieur Dussaut, quelle bonne kiné est mademoiselle Desclain !
— Vous êtes vraiment trop
gentil, monsieur Henri, lui dit Magali.
(à suivre...)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire