Auditrices
et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. De nos jours, tout se perd, tout se
délocalise et les repères disparaissent. Il n’y a même plus de signes
extérieurs de richesse. Maintenant n’importe qui peut arborer une opulence de
contrefaçon et un apparat de deuxième démarque. Les gens vraiment fortunés
tentent de passer pour presqu’impécunieux, les ministres étalent leur indigence
au grand jour, les PDG rouleront bientôt en Solex® et les indigents
arboreront des Rolex®.
Comment,
dans ces conditions, reconnaître un riche ? Il ne reste plus qu’un seul
signe extérieur et bien visible de richesse mais celui-ci est quasiment
infaillible : le riche se plaint. Il se plaint un peu plus lorsque le
gouvernement est malencontreusement de type social-démocrate et un peu moins
lorsque les gouvernants ont un penchant avoué pour le capitalisme libéral. Mais
la plainte est un privilège des nantis et les larmes de crocodile font pousser
le capital plus surement que les
intérêts composés. Le riche préfère de loin se faire filouter par son banquier
plutôt que de payer des impôts pour la collectivité.
Dans ce
tableau édifiant, il y a bien un personnage qui mérite d’être pris en
considération, un certain monsieur Tapie. En effet, celui-ci est riche par
nécessité et pauvre par vocation, un peu comme un homme qui, sur le tard,
serait devenu simple prêtre en sentant l’appel de la spiritualité et aurait
ensuite, par dévouement, embrassé une carrière épiscopale sinon cardinalice.
Apôtre des pauvres et hiérophante des mystères de la finance, cet homme est le
levain qui fait monter la pâte de la réconciliation entre ceux qui ont tout et
ceux qui n’ont rien.
Regardez
deux hommes assis sur un banc : l’un est riche et l’autre est pauvre.
Comment les reconnaître ? Regardez mieux : il y a en a un dont on
voit bien qu’il se repose utilement et on voit tout aussi clairement que
l’autre est la paresse même. Le premier prend un repos intelligent pendant que
l’autre se laisse aller à une inactivité sans but valable. Le riche se détend
et fait relâche pendant que son argent travaille ; même le loisir accroit
son trésor et la fortune lui vient en dormant. Tandis que le pauvre, perdu dans
son oisiveté, gaspille son temps et ne gagne donc pas son pain, comme il se
devrait, à la sueur de son front.
On voit
par-là que si l’oisiveté est la mère de tous les vices, le repos n’est pas sans
intérêts.
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