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dimanche 26 mars 2017

Chronique de Serres et d’ailleurs II 28



Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. De nos jours, tout se perd, tout se délocalise et les repères disparaissent. Il n’y a même plus de signes extérieurs de richesse. Maintenant n’importe qui peut arborer une opulence de contrefaçon et un apparat de deuxième démarque. Les gens vraiment fortunés tentent de passer pour presqu’impécunieux, les ministres étalent leur indigence au grand jour, les PDG rouleront bientôt en Solex® et les indigents arboreront des Rolex®.
Comment, dans ces conditions, reconnaître un riche ? Il ne reste plus qu’un seul signe extérieur et bien visible de richesse mais celui-ci est quasiment infaillible : le riche se plaint. Il se plaint un peu plus lorsque le gouvernement est malencontreusement de type social-démocrate et un peu moins lorsque les gouvernants ont un penchant avoué pour le capitalisme libéral. Mais la plainte est un privilège des nantis et les larmes de crocodile font pousser le capital plus surement  que les intérêts composés. Le riche préfère de loin se faire filouter par son banquier plutôt que de payer des impôts pour la collectivité.
Dans ce tableau édifiant, il y a bien un personnage qui mérite d’être pris en considération, un certain monsieur Tapie. En effet, celui-ci est riche par nécessité et pauvre par vocation, un peu comme un homme qui, sur le tard, serait devenu simple prêtre en sentant l’appel de la spiritualité et aurait ensuite, par dévouement, embrassé une carrière épiscopale sinon cardinalice. Apôtre des pauvres et hiérophante des mystères de la finance, cet homme est le levain qui fait monter la pâte de la réconciliation entre ceux qui ont tout et ceux qui n’ont rien.
Regardez deux hommes assis sur un banc : l’un est riche et l’autre est pauvre. Comment les reconnaître ? Regardez mieux : il y a en a un dont on voit bien qu’il se repose utilement et on voit tout aussi clairement que l’autre est la paresse même. Le premier prend un repos intelligent pendant que l’autre se laisse aller à une inactivité sans but valable. Le riche se détend et fait relâche pendant que son argent travaille ; même le loisir accroit son trésor et la fortune lui vient en dormant. Tandis que le pauvre, perdu dans son oisiveté, gaspille son temps et ne gagne donc pas son pain, comme il se devrait, à la sueur de son front.
On voit par-là que si l’oisiveté est la mère de tous les vices, le repos n’est pas sans intérêts.

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