Auditrices
et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. Avec l’avènement de l’informatique, il
n’est plus le moindre commerçant ou artisan qui ne vous ouvre un compte sur son
site. Sans parler des grandes entreprises et des services publics qui vous
obligent à vous affilier sur leurs websites,
leurs lettres électroniques et autres babioles. Tout ceci en vous tartinant de
messages où ces divers prestataires se parfument de défendre ainsi notre
environnement et de sauver la planète. Tant et si bien que nul ne peut plus
vivre sans posséder un computer, en
français de chez nous un ordinateur.
Revenons
toutefois à nos comptes. Vous avez certainement tous déjà dû ouvrir un compte
pour pouvoir entrer sur un de ces sites. On vous a demandé si c’était votre
première connexion et, dans l’affirmative, de créer un compte. Pour ce faire,
il vous a fallu, dans le meilleur des cas, avoir un identifiant. Les moins
sadiques vous proposent d’utiliser simplement votre adresse électronique mais les
plus raffinés vous imposent un identifiant de leur cru, généralement d’une
complexe simplicité, avec des signes, des chiffres et des lettres, des
majuscules et des minuscules, des dièses et des italiques. Ensuite, c’est le
passage initiatique par le mot de passe avec parfois des exigences de niveau de
sécurité qui font que vous aurez vite fait d’oublier un password aussi élaboré. Mais c’est là que votre navigateur vient à
votre secours en vous proposant de retenir lui-même tant l’identifiant que le
mot de passe. Evidemment, si vous acceptez cette proposition de manière
inconsidérée, vous oubliez de noter tout cela sur votre petit carnet et vous
prendrez l’habitude de revenir sur ce site dont votre aimable navigateur vous
ouvrira la porte. Mais malheur à vous si vous changez de navigateur ou
d’ordinateur ou si vous souhaitez vous servir provisoirement d’un autre
appareil dont tous ces mots de passe sont absents. Et malheur à vous si vous
tentez à plus de trois reprises sans succès de forcer le passage, votre compte
sera bloqué et, dans le meilleur des cas, vous devrez redemander à entrer un
nouveau mot de passe. Dans un certain nombre d’autres cas, vous devrez
contacter le service compétent par le truchement d’une hotline. En outre, sachez qu’il m’est arrivé de me faire bouffer
mon adresse électronique par un opérateur au nom d’agrume. J’ai donc été tenu
de me créer une nouvelle adresse mail ailleurs. Ce qui veut dire que, dans les
cas où mon identifiant était mon adresse mail, je ne pouvais plus entrer dans mes
comptes pour faire la modification. Je vous laisse imaginer le nombre d’heures
de hotline nécessaires pour redevenir
un homme normal, ré identifié et ré passwordé.
Et ce n’est pas là où j’attendais les plus grandes difficultés que je les ai
rencontrées : la sécurité sociale, par exemple, me fut clémente et douce à
rejoindre. Mais, bien sûr, ce fut mon compte à la compagnie d’électricité qui
fut le plus dur à réintégrer, comme toujours notre électricien national fut à
la pointe de l’absurdité. Enfin, et non des moindres, il y a ceux qui vous
envoient un mot de passe par SMS (Short
Message Service) sur votre téléphone portable sans imaginer que vous
puissiez ne pas avoir de réseau. Les banques en ont fait leur spécialité, il
faut dire que l’on voit de moins en moins de banquiers dans les campagnes.
Reste le
plus poétique de tous les niveaux d’entrée dans le paradis des
informaticiens : le captcha. Suivant Wikipédia, « le
terme Captcha est une marque
commerciale (…) désignant une famille de tests de Turing permettant de
différencier de manière automatisée un utilisateur humain d'un ordinateur. »
Il s’agit d’un encart dans lequel des lettres ou des chiffres déformés
sont à recopier. Certains de ces captcha
sont tellement illisibles ou mal présentés qu’il faut s’y reprendre à plusieurs
fois avant de mettre le bon code. Mais, une fois réussi, vous voilà rassuré,
vous savez maintenant que vous êtes un humain.
On voit
par-là qu’un informaticien lambda
n’est guère différent, par la pensée, d’un robot.
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