En vedette !

dimanche 9 avril 2017

Chronique de Serres et d’ailleurs II 30



Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. Nous venons de changer d’heure et le moment est fort bien venu pour parler du changement. Mieux vaut penser le changement que de changer de pansement, disait Francis Blanche. Si les temps ont bien changé depuis, on n’arrête pas de penser le changement : l’actuel président de la république s’est fait élire sur le slogan « Le changement, c’est maintenant » et le précédent revient en disant « J’ai changé et le changement c’est moi ».
Le changement est devenu le maître mot de la communication politique et d’aucuns ont proposé comme slogans « le changement, c’est tout le temps » ou encore « Changer le changement ». Ou aussi « le changement dans la continuité » et comme ce député : « La permanence du changement, c’est le changement de permanence ».
Dire que le changement c’est maintenant est une formule fort habile. En effet, maintenant est pérenne, à l’instar de demain qui ne meurt jamais et des diamants qui sont éternels. Monsieur H* est donc bien le James Bond de la politique et Monsieur S* son Dr No, ou inversement. Quand je parle de monsieur H. et de monsieur S. vous aurez compris que ces personnages sont fictifs et anonymes.
Mais qu’est-ce qui peut donc pousser les électeurs à se prononcer en faveur du changement alors que la majorité d’entre eux souhaite surtout que l’on ne réforme rien et que tout reste dans l’état, même déplorable, où il se trouve ? Le français moyen veut que la baguette reste la baguette, que le béret reste le béret et que les politiciens restent des politiciens. Où irions-nous si tous les politiciens se mettaient à être intègres, à l’écoute de leurs administrés et à tenir leurs promesses ? Ce serait un scandale intolérable car de qui le français moyen pourrait-il dire tout le mal possible ? Les turpitudes du personnel politique sont aussi nécessaires à monsieur Tout-le-monde que l’air qu’il respire. En dénigrant ses élus, ce dernier évite de voir sa propre insignifiance et ses propres défauts. Tout se passe comme si ces élus étaient des corps étrangers dont on ne sait d’où ils viennent alors qu’ils sont la simple émanation  de leur électorat. Et nombreux sont les électeurs qui, dans leur for intérieur, aimeraient se nourrir d’avantages exorbitants, de grasses prébendes et d’honneurs indus s’ils étaient à la place de ceux qu’ils critiquent.
On voit par-là que, comme l’écrivait Giovanni Tomasi di Lampedusa dans Le Guépard, « il faut que tout change pour que rien ne change ».

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire