Cette chronique a été publiée le 3 janvier. 2016)
Auditrices et auditeurs qui m’écoutez,
bonjour. Pour commencer agréablement l’année, je parlerai d’un écrivain
régional que j’aime depuis longtemps, Armand Chanuc. Il fut cinq fois lauréat
du jasmin d’argent, auteur de poésies en occitan et en français et d’un charmant
sketch intitulé : « Dus biels filosofos », deux vieux
philosophes. J’avais eu la chance de le croiser en voisin dans son village de
Bourg-de-Visa en 1965 peu avant son décès. J’espère que ses concitoyens auront
à cœur faire rejouer cette pièce, par exemple sous la svelte halle qu’il a
célébrée. Elle raconte l’histoire du Mouskil et du Planquet qui se retrouvent à
l’auberge en pleine chaleur, en plein calimas comme le dit l’aubergiste, la
Margarido. Ils sont assoiffés et rusent tant et tant pour se faire servir à
boire, de ce vieux vin du Pech de Moulinou. Ah, leur philosophie peut paraître
simple mais elle est digne d’Epicure qui ne cherchait pas les richesses de ce
monde mais seulement les plaisirs frugaux et simples. La pièce se termine sur
la chanson du mouskil, le moustique, ziù, ziù, ziù…
Cette pièce est écrite en occitan et, dans
le même livre, traduite en français par l’auteur. Je ne vous citerai rien en
occitan qu’à l’époque mes voisins et amis nommaient patouès. A table, pour les repas des foins ou de la moisson, la
langue première était le patouès, les plaisanteries perdant leur saveur à la
traduction, un peu comme le chabrot perd sa saveur à être pratiqué dans les
assiettes à bord plat. Pour l’avoir beaucoup entendu pratiquer, je ne le parle
néanmoins pas et ne me risquerai pas à vous attrister par ma prononciation
inappropriée.
Pour votre plaisir, je vous dirai un de
ses poèmes, écrit et publié en français, extrait de son recueil « Haro sur
le cafard », il s’appelle « La ballade des pétanqueurs » :
Sur la place de notre Bourg / Où la svelte
halle se dresse, / Les pétanqueurs, en fin de jour, / Viennent exercer leur
adresse. / Sitôt le cochonnet placé Ils le visent avec leur boule / Oui,
doucement, sans se presser, / Vers le
but roule, roule, roule.
Des heures entières durant, / Grisés par
leur jeu sans malice, / Ils joueront ainsi posément, / Vingt mètres leur
servant de lice. / De temps en temps les promeneurs /Curieux s’avancent en
foule, / Sans les remarquer, les joueurs / Toujours, toujours, lancent leur
boule.
Qu’il fasse chaud, qu’il fasse froid /
Qu’il pleuve ou gronde le tonnerre, / Il semble que rien ne pourra / Les
arrêter ou les distraire. / Aïe ! qu’es aco ? L’air furibond / Une
mégère s’aboule, / Et les joueurs, non sans raison, / Hâtivement rentrent leur
boule.
Envoi.
De moi, Seigneur, ayez pitié, / Faites que
l’ange du foyer, / Oubliant le temps qui s’écoule / Me laisse jouer à la boule.
Voilà et je renouvelle mon appel : pensez
à remettre à l’honneur le poète et félibre Armand Chanuc dans sa cité. Écoutez
mon envoi :
Amies Visa-Bourgiennes / Et amis
Visa-Bourgiens / Sous la halle jouez aux boules / Mais aussi, devant la foule /
Avant que l’été revienne / Jouez Chanuc avec entrain.
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