Jean Caubet. Cette chronique a été publiée le 13 mars 2016
Auditrices
et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. Je vous parlerai aujourd’hui de l’ouvrage
de Jean Caubet « Aventures et amours en Agenais ». Jean Caubet, né en
1905 à Agen, a écrit bon nombre de nouvelles et de romans mais aussi des
ouvrages historiques parmi lesquels cette plaquette où il fait la part belle
aux aventures galantes d’Henri IV dit le Vert-Galant. Il ne pouvait que
commencer par la légende de Fleurette, si chère aux Néracais qui lui ont
consacré une statue dans le parc de la Garenne, le long de la Baïse. Fleurette
se serait noyée de désespoir par amour pour le prince d’Albret. Elle avait
seize ans et lui trois de plus. On entend encore ses soupirs dans la romantique
promenade de la Garenne. Mais Henri, vaillant capitaine, habile manœuvrier et
fougueux amant eut une carrière amoureuse aussi éclatante et mouvementée que sa
carrière royale. Caubet cite la jolie charbonnière de Capchicot dont il aurait
eu un fils et la belle Françoise de Montmorency, familièrement appelée
Fosseuse, qui régna un temps sur son cœur avant qu’il ne l’oublie pour d’autres
amours et d’autres contrées.
Autre figure de l’Agenais, Blaise de Monluc surnommé « Corneguerre ».
Il avait eu quatre fils et Jean Caubet nous parle du second, Bernard surnommé
« Peyrot », devenu héritier du nom après le décès de l’ainé. Ce
capitaine Peyrot était un soldat valeureux mais comme la paix lui pesait, il
avait cherché à monter une expédition avec six navires sur les côtes de
l’Afrique. Mal lui en prit car, contraint par une violente tempête de se
rapprocher de Madère, il y fut accueilli à coups de canon. Il s’empara alors de
quatorze navires et attaqua Funchal où il périt d’une grave blessure. Pour le
venger, ses compagnons passèrent la garnison au fil de l’épée. Suite à
l’énergique protestation du Portugal, Charles IX désavoua cette équipée et
promit de châtier les survivants de l’expédition dès leur retour en France.
L’expédition avait tourné au fiasco.
Autre entreprise qui tourna, cette fois, au
détriment de la reine Margot ce fut le siège de Villeneuve d’Agenais. En effet,
Villeneuve d’Agen n’est devenue Villeneuve sur Lot qu’en 1875. Marguerite avait
secrètement adhéré à la Ligue et tentait de lutter autant contre le roi, son
frère, que contre son mari. Après avoir
pitoyablement échoué à s’emparer de Tonneins où ses soldats furent tués ou
noyés en se sauvant par l’eau, elle pensa pouvoir s’emparer de Villeneuve
d’Agenais. C’était sans compter sur les défenseurs de la ville, dirigés par
Nicolas de Cieutat. Marguerite le fit appeler et, malgré sa méfiance, il
choisit de se rendre auprès d’elle pour tenter d’éviter à Villeneuve les
horreurs de la guerre. Il laissa la garde des tours et de la citadelle à son
fils Arnaud. Mais, comme il refusait de céder la place, Marguerite lui déclara
qu’il périrait s’il n’obligeait pas son fils à la céder. Nicolas de Cieutat fut
amené sur le pont, au pied de la tour. Arnaud fit mine d’accepter de se rendre
et il sortit, l’épée au fourreau, accompagné d’une vingtaine d’hommes. Soudain,
ils se jetèrent sur les Ligueurs et délivrèrent Nicolas, rentrant sains et
saufs dans la citadelle. Ensuite, ils firent courir le bruit que le Vert Galant
arrivait avec une forte armée, ce qui provoqua la panique chez les Ligueurs.
Plus
pathétique est l’histoire d’Anne de Caumont dont la fortune considérable attira
les convoitises. Elle fut d’abord, à six ans, promise au fils de son tuteur,
Claude d’Escars alors âgé de 14 ans. Ensuite, après la mort de Claude, à son
frère Henri. Mais sa mère la promit au Duc d’Aiguillon qui l’enleva à M.
d’Escars. Puis, enlevée une troisième fois, elle fut mariée au comte de
Saint-Paul. Ce dernier, en bon libertin dilapida sa fortune, sa mère la
déshérita et elle se retira dans le seul château qui lui restait, Gavaudun.
Ne pouvant tout citer, je terminerai en
parlant d’Agen, ville très gaie et bruyante dont Montesquieu
disait : « Vous ferez plus de cabrioles en un mois à Agen qu’en
dix ans à Bordeaux ». Les consuls y avaient fort à faire pour empêcher le
libertinage et la fureur du jeu. Il existait à Agen au milieu du 18ème
siècle nombre de tripots et de lieux de prostitution et il fallut rien moins
que la révolution pour y mettre bon ordre.
On voit par-là qu’on peut vivre jeune et à
Agen sans abstinence.
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