Michel était prostré, il
gémit doucement. Je trouvai l’annuaire et fis le numéro. Une chance, il y avait
quelqu’un. C’était une dame qui me demanda qui j’étais, pourquoi j’appelais. Je
m’expliquai, la dame me dit qu’elle transmettra, que le docteur était en
visite. Je laissai le numéro de Michel et je raccrochai. Magali demanda à Michel
s’il ne préférait pas être sur le canapé. Il finit par accepter et nous le
portâmes dessus. Cela me faisait une drôle d’impression, de le voir sur ce
canapé où nous nous étions ébattus il y avait moins d’une demi-journée. Magali me
demanda d’aller chercher une couverture. Je montai jusqu’à la chambre et
redescendis avec une couvrante. Je la mis sur Michel qui s’y pelotonna. Je
regardai Magali s’occuper de lui et je compris une chose. Ce n’était pas une
jeune femme désemparée qu’il lui fallait, à Michel, mais une maman. Et ce
n’était pas un jeune homme dérangé qu’il
fallait à Magali… Enfin, nous voilà maintenant avec un malade sur les bras. Je proposai à Magali de m’occuper de Michel et
qu’elle nous trouve quelque chose à manger. Je lui passai une serviette fraîche
sur le front sans savoir si cela lui était favorable, mais en tout cas cela le
soulageait.
Michel refusant de
manger, nous mangeâmes alternativement pour continuer à soutenir Michel. Nous
bûmes un café, le temps passa et toujours pas de nouvelles du médecin. Michel
se plaignait toujours, Magali lui donna encore deux Aspergil dans un grand
verre d’eau. Nous ne savions que faire. A quatorze heures, je proposai de
rappeler le médecin, au moins pour qu’il nous dise s’il pouvait venir et quand
il pourrait venir.
— Vas-y, appelle-le, me
dit Magali. Michel ne réagit pas, je n’en conclus rien mais je suppose qu’il a
trop mal pour s’opposer.
— Allo, docteur Cheyssout
?
— Cabinet du docteur
Cheyssout, qui est à l’appareil ? Me demanda la voix que j’avais déjà eue
précédemment.
— Albert Forelle, pour
monsieur Hupart. J’ai appelé avant midi pour monsieur Hupart.
— Va-t-il mieux ?
— Pas du tout, je vous
appelle pour savoir si le docteur peut venir le voir, je pense que c’est assez
urgent, il souffre toujours autant.
— Il ne peut pas venir au
cabinet ? Le docteur Cheyssout consulte à partir de quatorze heures.
— Je peux essayer de vous
l’amener, mais le docteur peut-il le recevoir sans trop d’attente ? Je vous
assure que monsieur Hupart souffre énormément.
— Si c’est le cas,
appelez le Samu, je ne peux rien vous dire d’autre, monsieur.
Je compris que j’avais
affaire à un philanthrope de la profession qui se dévouait pour faire toucher
des indemnités aux pompiers volontaires de son canton et je raccrochai. Je fis
le 15 et j’eus tout de suite quelqu’un qui m’écouta sans arrière-pensée.
— Ils envoient les
pompiers, dis-je.
Michel gémit de plus
belle.
(à suivre...)
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