Auditrices
et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. Rien ne va plus, les jeux sont faits et, à
la roulette électorale, c’est un golden playboy qui est sorti du chapeau. Qui
l’eût cru il y a un an sinon quelque sondeur distrait et par trop honnête.
En effet, on nous avait promis un enfer sur route goudronnée alors que nous
aurons un paradis pavé de bonnes et bienveillantes promesses électorales.
C’est
donc l’heure de la nostalgie, celle d’un quinquennat qui déjà nous quitte alors
que nous aimions tant ce président à l’allure si maladroite et aux réformes si
mal à gauche. La nostalgie aussi d’un parti socialiste croupion et de ses primaires
tellement primitives que certains recalés se sont empressés de les renier, dans
leur haine de la démocratie. La nostalgie aussi d’une gauche où tant d’ambitieux
de tous bords se sentaient si bien tant qu’ils y étaient investis et élus par
des électeurs confiants. Rien ne sera plus comme avant, les gens dont le cœur
et le portefeuille sont à droite devront maintenant être macronisés pour être
intronisés. Qui sait ce que deviendront Hamon et ses Hamoniaques : perdus
dans le désert socialiste, ils n’oseront pas aller s’abreuver à l’oasis
méluchéenne. Ils auront appelé à voter pour un macron et cela leur fait la
peine. Ils se feront rouler comme des petits maquereaux dans la farine puis on
verra sortir du bois d’anciens socialistes qui auront viré leur cuti, des
écolorugystes de bazar, tout un attirail d’arrivistes qui traînaient depuis des
années dans les coulisses du pouvoir et qui, d’un coup, se sentiront pousser
des ailes comme des corbeaux volant sur la plaine. Il va s’en trouver des
émules du duc de Morny qui disait : « Le jour où il y aura un
coup de balai, je serai du côté du manche ». Ils vont être plus d’un à se
presser dans les antichambres et dans les commissions d’investiture et tout
cela non pas pour renouveler nos institutions, ou si peu, mais pour profiter
des grasses prébendes et des juteux bénéfices sur lesquels les recalés auront
abandonné tout espoir. Une fois installés dans les fauteuils élyséens ou
palais-bourbonniens, ils auront le cul au chaud, le ventre plein et le
portefeuille rebondi. Ils s’empresseront à leur tour de commémorer, de serrer
des mains, d’inaugurer, de s’entredévorer en public et de s’entre congratuler
en privé.
Le plus admirable,
dans toute cette affaire, sera pour le futur président qui, dans la foulée de
son prédécesseur, pourra commémorer les évènements majeurs de la dernière année
du centenaire de la Grande Guerre. Il faudra qu’il en profite bien car on ne
commémorera pas la guerre suivante avant une bonne vingtaine d’années soit
quatre longs quinquennats et il peut s’en passer des choses d’ici à ce que l’on
y arrive. La fin du quinquennat sera donc bien longue car il serait ambigu,
dans notre Europe actuelle, de commémorer en 2019 les cent ans du traité de
Versailles aux clauses si lourdes pour les vaincus. Notre président a bien du
souci à se faire pour occuper son temps jusqu’en 2022. D’autant plus que
maintenant nous voilà affublés de quatre ex présidents rémunérés et escortés
aux frais de la princesse Marianne, chevaux de retour qu’il sera tout aussi
nécessaire d’utiliser judicieusement dans les tribunes des stades comme dans
les pince-fesses officiel. A ce propos, rappelons que nos deux précédents
présidents ont changé, l’un d’épouse et l’autre de compagne, dès le début de
leur mandat ; on n’ose imaginer que cette pratique soit devenue un passage
obligé pour le nouvel impétrant.
On voit
par-là qu’après avoir joué aux dames nos présidents sont passés aux échecs.
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