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dimanche 28 mai 2017

Chronique de Serres et d’ailleurs II 37



Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. Rien ne va plus, les jeux sont faits et, à la roulette électorale, c’est un golden playboy qui est sorti du chapeau. Qui l’eût cru il y a un an sinon quelque sondeur distrait et par trop honnête. En effet, on nous avait promis un enfer sur route goudronnée alors que nous aurons un paradis pavé de bonnes et bienveillantes promesses électorales.
C’est donc l’heure de la nostalgie, celle d’un quinquennat qui déjà nous quitte alors que nous aimions tant ce président à l’allure si maladroite et aux réformes si mal à gauche. La nostalgie aussi d’un parti socialiste croupion et de ses primaires tellement primitives que certains recalés se sont empressés de les renier, dans leur haine de la démocratie. La nostalgie aussi d’une gauche où tant d’ambitieux de tous bords se sentaient si bien tant qu’ils y étaient investis et élus par des électeurs confiants. Rien ne sera plus comme avant, les gens dont le cœur et le portefeuille sont à droite devront maintenant être macronisés pour être intronisés. Qui sait ce que deviendront Hamon et ses Hamoniaques : perdus dans le désert socialiste, ils n’oseront pas aller s’abreuver à l’oasis méluchéenne. Ils auront appelé à voter pour un macron et cela leur fait la peine. Ils se feront rouler comme des petits maquereaux dans la farine puis on verra sortir du bois d’anciens socialistes qui auront viré leur cuti, des écolorugystes de bazar, tout un attirail d’arrivistes qui traînaient depuis des années dans les coulisses du pouvoir et qui, d’un coup, se sentiront pousser des ailes comme des corbeaux volant sur la plaine. Il va s’en trouver des émules du duc de Morny qui disait : « Le jour où il y aura un coup de balai, je serai du côté du manche ». Ils vont être plus d’un à se presser dans les antichambres et dans les commissions d’investiture et tout cela non pas pour renouveler nos institutions, ou si peu, mais pour profiter des grasses prébendes et des juteux bénéfices sur lesquels les recalés auront abandonné tout espoir. Une fois installés dans les fauteuils élyséens ou palais-bourbonniens, ils auront le cul au chaud, le ventre plein et le portefeuille rebondi. Ils s’empresseront à leur tour de commémorer, de serrer des mains, d’inaugurer, de s’entredévorer en public et de s’entre congratuler en privé.
Le plus admirable, dans toute cette affaire, sera pour le futur président qui, dans la foulée de son prédécesseur, pourra commémorer les évènements majeurs de la dernière année du centenaire de la Grande Guerre. Il faudra qu’il en profite bien car on ne commémorera pas la guerre suivante avant une bonne vingtaine d’années soit quatre longs quinquennats et il peut s’en passer des choses d’ici à ce que l’on y arrive. La fin du quinquennat sera donc bien longue car il serait ambigu, dans notre Europe actuelle, de commémorer en 2019 les cent ans du traité de Versailles aux clauses si lourdes pour les vaincus. Notre président a bien du souci à se faire pour occuper son temps jusqu’en 2022. D’autant plus que maintenant nous voilà affublés de quatre ex présidents rémunérés et escortés aux frais de la princesse Marianne, chevaux de retour qu’il sera tout aussi nécessaire d’utiliser judicieusement dans les tribunes des stades comme dans les pince-fesses officiel. A ce propos, rappelons que nos deux précédents présidents ont changé, l’un d’épouse et l’autre de compagne, dès le début de leur mandat ; on n’ose imaginer que cette pratique soit devenue un passage obligé pour le nouvel impétrant.
On voit par-là qu’après avoir joué aux dames nos présidents sont passés aux échecs.

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