Ce dimanche je vous propose un poème
Le
renard et la pintade
Minuit,
la ferme est endormie
Un mince filet de fumée
S’effile
dessus la cheminée,
Sur
l’herbe le givre qui brille.
Les
grands chênes tendent leur front
A
la bise venue du nord,
La
lune pâle en décor,
Un
souffle en musique de fond.
Une
ombre souple et furtive
Moirée
de reflets ambrés roux
Dans
un glissement lent et doux
Vient
au pied de la massive
Et
puissante ombre du chêne
En
haut duquel sont perchées
Les
pintades chamarrées,
Un
œil fermé, l’autre qui traîne
Guettant
le péril du rapace,
Pattes
bien serrées sur la branche.
Sur
le sol, la gelée blanche
Où
goupil laisse sa trace.
Il
s’allonge au pied de l’arbre,
Nuque
souple, museau pointant
Et
fixe de son œil perçant,
Corps
figé comme le marbre.
Il
pointe d’un aigu regard
Cet
oiseau dont la prunelle
Brille,
s’affole, étincelle,
Enfin
se fige face au dard.
De
cet œil sûr et envoûtant.
Avec
lenteur il oscille
Visant
le fond de la pupille
Du
volatile qui, tremblant
Lâche
sa branche sans crier
Et
tombe comme une masse
Goupil
vite la ramasse
Et
l’emporte dans son terrier.
© Pierre Jooris
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