Auditrices
et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. Lors de mes dernières pérégrinations
astaffortoises, avant d’aller me régaler à l’auberge du Brulhois, je suis
rapidement passé au bureau de tabac-librairie journaux pour voir si je trouvais
un autre recueil de contes gascons. Souvenez-vous en effet que, les 18 et 19
février dernier, je vous avais parlé des « Contes populaires de Gascogne »
de Justin Cénac-Moncaut.
Cette
fois, j’eus la chance et le plaisir de trouver un autre ouvrage intitulé
« Les veillées de Gascogne » de Louis de Brescon. Ce livre fut
imprimé et publié en 1907 à l’Imprimerie Nouvelle Adolphe Bousquet, rue
Latournerie à Condom. Il a réédité en 1999 par Lacour, éditeur à Nîmes. C’est cette édition que j’ai
aujourd’hui entre les mains. Je n’ai pas trouvé de biographie de Louis de
Brescon, La préface de l’ouvrage est du baron Fernand de Cardaillac, de
Vic-en-Bigorre. Il signale que Brescon a été plusieurs fois lauréat des Jeux
Floraux du Languedoc, de l’Escolo Moundino, d’Avignon, et des « Escolo
Gaston Fébus et du Bournat ». Ces contes sont écrits en français mais
l’auteur était donc aussi un félibre reconnu.
Dans cet
ouvrage, il raconte l’histoire du drame de Bassoues et du moine assassin dont
la victime ressortait régulièrement de son tombeau pour célébrer une messe afin
de prier pour le repos de son âme ou celle de son bourreau. Ce qui fut attesté
par vingt personnes dignes de foi.
Je vous
raconterai une autre histoire de revenant, celle de la dame noire du château de
Heux. Le fermier du château, épuisé par le manque de sommeil et les
perturbations que provoquait cette revenante, dérangeant la récolte stockée
dans le grenier pendant des nuits entières, avait décidé de quitter sa
métairie. C’est donc lui qui raconta l’histoire de la dame noire à Louis de
Brescon. En 1793, pendant que son mari combattait à la frontière l’invasion de
l’Europe coalisée, elle réussit à faire marcher à souhait ses affaires, à
l’encontre de la généralité des habitants. Aidée de son jardinier qui était
aussi carillonneur et sacristain, elle participait à des fêtes diaboliques
données au bois de Lian, ce qui lui permettait de puiser des écus dans
l’escarcelle de Satan. Elle prenait part à des rondes folles, à des
conciliabules secrets, donnant sa main gauche au prince des démons et sa main
droite à son homme de confiance qui devait lui tenir fermement la main. Elle
lui intimait à chaque instant l’ordre de la tenir plus fort dans le but de
résister plus facilement à l’impulsion et au mouvement accéléré qui menaçait de
l’emporter. Enfin, quand le chant du coq donnait le signal de la débandade,
elle regagnait allègrement sa demeure. Jusqu’au jour où le jardinier revint
seul, sa maîtresse ayant été entraînée dans une dernière et fatale farandole.
Elle revint ainsi hanter le château et la ferme, troublant le repos des
habitants.
Brescon
dit n’être nullement étonné par cette histoire car, dit-il, les maisons et
principalement les vieux manoirs du Gers et du Lot-et-Garonne sont très fréquemment
visités par les esprits. Sa vieille expérience ne le trompait pas, soyez-en
certain, j’ai moi-même eu l’occasion de raconter une histoire analogue dans un
de mes ouvrages intitulé « Le temps de l’éternité ».
On voit
par-là qu’en Gascogne, l’incroyable seul est crédible.
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