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dimanche 21 mai 2017

Chronique de Serres et d’ailleurs II 36



Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. Lors de mes dernières pérégrinations astaffortoises, avant d’aller me régaler à l’auberge du Brulhois, je suis rapidement passé au bureau de tabac-librairie journaux pour voir si je trouvais un autre recueil de contes gascons. Souvenez-vous en effet que, les 18 et 19 février dernier, je vous avais parlé des « Contes populaires de Gascogne » de Justin Cénac-Moncaut.
Cette fois, j’eus la chance et le plaisir de trouver un autre ouvrage intitulé « Les veillées de Gascogne » de Louis de Brescon. Ce livre fut imprimé et publié en 1907 à l’Imprimerie Nouvelle Adolphe Bousquet, rue Latournerie à Condom. Il a réédité en 1999 par Lacour, éditeur à Nîmes. C’est cette édition que j’ai aujourd’hui entre les mains. Je n’ai pas trouvé de biographie de Louis de Brescon, La préface de l’ouvrage est du baron Fernand de Cardaillac, de Vic-en-Bigorre. Il signale que Brescon a été plusieurs fois lauréat des Jeux Floraux du Languedoc, de l’Escolo Moundino, d’Avignon, et des « Escolo Gaston Fébus et du Bournat ». Ces contes sont écrits en français mais l’auteur était donc aussi un félibre reconnu.
Dans cet ouvrage, il raconte l’histoire du drame de Bassoues et du moine assassin dont la victime ressortait régulièrement de son tombeau pour célébrer une messe afin de prier pour le repos de son âme ou celle de son bourreau. Ce qui fut attesté par vingt personnes dignes de foi.
Je vous raconterai une autre histoire de revenant, celle de la dame noire du château de Heux. Le fermier du château, épuisé par le manque de sommeil et les perturbations que provoquait cette revenante, dérangeant la récolte stockée dans le grenier pendant des nuits entières, avait décidé de quitter sa métairie. C’est donc lui qui raconta l’histoire de la dame noire à Louis de Brescon. En 1793, pendant que son mari combattait à la frontière l’invasion de l’Europe coalisée, elle réussit à faire marcher à souhait ses affaires, à l’encontre de la généralité des habitants. Aidée de son jardinier qui était aussi carillonneur et sacristain, elle participait à des fêtes diaboliques données au bois de Lian, ce qui lui permettait de puiser des écus dans l’escarcelle de Satan. Elle prenait part à des rondes folles, à des conciliabules secrets, donnant sa main gauche au prince des démons et sa main droite à son homme de confiance qui devait lui tenir fermement la main. Elle lui intimait à chaque instant l’ordre de la tenir plus fort dans le but de résister plus facilement à l’impulsion et au mouvement accéléré qui menaçait de l’emporter. Enfin, quand le chant du coq donnait le signal de la débandade, elle regagnait allègrement sa demeure. Jusqu’au jour où le jardinier revint seul, sa maîtresse ayant été entraînée dans une dernière et fatale farandole. Elle revint ainsi hanter le château et la ferme, troublant le repos des habitants.
Brescon dit n’être nullement étonné par cette histoire car, dit-il, les maisons et principalement les vieux manoirs du Gers et du Lot-et-Garonne sont très fréquemment visités par les esprits. Sa vieille expérience ne le trompait pas, soyez-en certain, j’ai moi-même eu l’occasion de raconter une histoire analogue dans un de mes ouvrages intitulé « Le temps de l’éternité ».
On voit par-là qu’en Gascogne, l’incroyable seul est crédible.

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