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dimanche 30 septembre 2012



Chronique du temps exigu (27)
Le gouvernement vient de sortir son projet de budget. Qu’est-ce qu’un budget ? C’est la vision optimiste d’un monde rétréci, la gestion prévisionnelle de la pénurie intellectuelle.
La dette grève le budget. Faut-il avoir honte de la dette alors que plus la dette s’alourdit, plus les taux d’intérêt montent. Plus les taux d’intérêt montent, plus les riches s’enrichissent… tant que les débiteurs paient. Les riches n’ont pas intérêt à voir les états se désendetter, cela ferait baisser les taux d’intérêt. Désendetter l’Etat fait perdre le beurre aux riches, il ne leur reste plus que l’argent du beurre. Reste à savoir qui sont ces riches…
Une dette, c’est quelque chose qui est due par un débiteur à un créancier. Un créancier, c’est quelqu’un qui dispose de valeurs accumulées et qui les met à disposition d’un débiteur, à charge pour ce dernier de les restituer à terme. On pourrait voir là une forme d’entraide, d’assistance mutuelle, sauf que la dette n’est pas gratuite car elle doit être restituée augmentée d’un pécule appelé intérêt. C’est l’intérêt qui permet au créancier de devenir rentier, à savoir de gagner de l’argent sans travailler. Alors, je vous le demande, qui c’est le plus gros fainéant ?
On voit par là que qui paie ses dettes avec intérêt enrichit les feignants.

lundi 17 septembre 2012





Chronique du temps exigu (25)
Un certain monsieur A. souhaite obtenir la nationalité belge. Cela a suscité nombre de commentaires dans la presse et moult commentateurs ont parlé d’exil fiscal. Certains se sont même demandé si on pouvait le décrire comme un réfugié économique à l’instar de ces clandestins qui tentent de rejoindre l’ile de Lampedusa.
Qu’est-ce qu’un exilé ? C’est quelqu’un qui est ou qui se sent banni de sa patrie et qui la quitte sans espoir d’y revenir tant qu’il y sera persona non grata. Les exilés « fiscaux » dont on nous parle sont tout sauf des exilés. Ils font des affaires florissantes en France et exilent leurs revenus dans des lieux favorables. Ils sont peut-être des délocalisés fiscaux mais nullement exilés. Ovide, Victor Hugo, Dostoïevski, Zola ont dû supporter l’exil et ils se seraient sans aucun doute étonnés de se voir catégorisés avec ces sportifs, artistes et autres culs dorés qui font ruisseler leur or au soleil des paradis de la fiscalité. Monsieur A. ne sera pas plus un déporté, il vivra dans des camps autrement fastueux que ceux qui sont habituellement attribués aux déportés. Un réfugié économique peut-être ? Je dirais plutôt un transfuge financier.
Allons, nous le savons bien, le grand capital a toujours été cosmopolite et ceux qui le détiennent ont l’argent pour eux, un véritable passeport international. Ils sont plus souvent en haut des orgueilleuses tours des capitales financières, dans leurs avions ou sur leurs yachts que les pieds sur terre et ils vont là où leurs profits les portent. Les pleurerons-nous ? Qu’ils aillent au diable dans leurs paradis fiscaux…
Nous sommes nous, ici et maintenant, essayant de participer de la vérité, sinon de la beauté du monde, mais aussi attentifs à sa misère. S’il y en a qui s’essuient les pieds dessus, qu’ils aillent les essuyer ailleurs mais… les belges en voudront-ils ?
Le leader de la production de haut de gamme française n’est pas l’homme qui amène le bonheur en France mais uniquement le luxe. Ils sont bien médiocres ceux qui, croyant faire mieux en font toujours trop. Au revoir, petit monsieur.
On voit par là que les cupides pourraient nous donner envie de payer des impôts.

lundi 10 septembre 2012



Chronique du temps exigu (24)
Me voilà rassuré, la France a gagné son premier match des qualifications pour le Mondial. Comme le dit si bien un grand quotidien régional, la France est partie d’un pied victorieux. N’ayant pas poussé le vice jusqu’à regarder la transmission de cet évènement sur le poste de télévision, je ne ferai aucun commentaire d’autant plus que je n’ai aucune compétence pour le faire. En effet, tout le monde, y compris la France d’ailleurs, a pu remarquer que je suis plutôt un décathlonien de la pensée et que, quand je fais voir mes petits muscles, ce sont mes muscles corticaux (merci aux collègues scribouillard(e)s qui m’ont inspiré).
Je connaissais la Finlande pour ses lacs et ses téléphones cellulaires ainsi que pour un certain jeu relaté par Malaparte pendant une nuit polaire. Ce jeu consiste à ingurgiter une quantité non négligeable de petits verres d’un alcool blanc local puis à planter à la volée la pointe d’un couteau dans les intervalles entre les doigts écartés de la main posée à plat sur une table. Le finlandais normal est censé posséder cinq doigts (avant de jouer) et donc quatre intervalles. J’ignorais que la Finlande possédât aussi une équipe de onze footballeurs en état de marche. Mais de nos jours ce n’est plus un luxe pour un pays d’avoir une équipe de football nationale, c’est devenu une nécessité.
Je connaissais la France pour nombre de choses parmi lesquelles ses journalistes sportifs assistés de consultants appropriés. Le journaliste est la tête et le consultant les jambes, si l’on ose dire. Il ne faut néanmoins pas aller jusqu’à parler de penseur sportif, ce serait un oxymoron inutile. La France possède depuis belle lurette une équipe de football et c’est un de nos premiers commentateurs sportifs, Blaise Pascal, qui a résumé au mieux les différends qui peuvent opposer les équipes nationales : « Vérité au-deçà des Pyrénées, erreur au-delà ».
On voit par là qu’il est heureux que les Pyrénées n’excèdent  pas une longueur de 430 kilomètres (environ).

lundi 3 septembre 2012


Chronique du temps exigu (23)
Dans une précédente chronique, je parlais de locuteurs qui ignorent la signification de ce qu’ils disent tout en ayant la sensation d’avoir une parole sensée.
Allons plus loin. Il y a aussi des locuteurs qui, ne comprenant pas ce qu’ils disent, s’adressent à des auditeurs qui, pensant avoir tout compris n’ont en réalité rien entendu. Ce genre de situation est courant dans la communication politique et en particulier au cours des campagnes électorales.
M. Eastwood vient d’en administrer la preuve en adressant une diatribe incohérente à une chaise vide. Il a montré le triomphe suprême du discours politique qui est de s’adresser à un siège vide et à des cerveaux creux dans le seul but de remplir des urnes. Il a eu le mérite de faire rire son auditoire ce qui montre que si on ne peut pas toujours rire de tout, l’on peut faire rire n’importe qui en disant n’importe quoi.
Dans le genre je n’ai rien à dire mais je voudrais que cela se sache, les handballeurs de l’équipe de France se montrèrent à la hauteur. Comme ils n’avaient rien à dire à des journalistes qui ne leur demandaient rien d’autre que de leur faire des réponses de sportifs telles que « la prochaine fois je ferai mieux » ou « c’était super, j’avais plein de bonnes sensations », ceux-ci ont démoli le plateau de l’Equipe –TV, juste pour mettre de l'ambiance.
On voit par là qu’il n’y a pas plus loin du coq à l’âne que de la coupe aux lèvres et que quand les ânes parlent aux bœufs il n’y a rien à comprendre.