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mardi 30 mai 2017

Chronique de lecture (7)


Jean Caubet.  Cette chronique a été publiée le 13 mars 2016

 
Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. Je vous parlerai aujourd’hui de l’ouvrage de Jean Caubet « Aventures et amours en Agenais ». Jean Caubet, né en 1905 à Agen, a écrit bon nombre de nouvelles et de romans mais aussi des ouvrages historiques parmi lesquels cette plaquette où il fait la part belle aux aventures galantes d’Henri IV dit le Vert-Galant. Il ne pouvait que commencer par la légende de Fleurette, si chère aux Néracais qui lui ont consacré une statue dans le parc de la Garenne, le long de la Baïse. Fleurette se serait noyée de désespoir par amour pour le prince d’Albret. Elle avait seize ans et lui trois de plus. On entend encore ses soupirs dans la romantique promenade de la Garenne. Mais Henri, vaillant capitaine, habile manœuvrier et fougueux amant eut une carrière amoureuse aussi éclatante et mouvementée que sa carrière royale. Caubet cite la jolie charbonnière de Capchicot dont il aurait eu un fils et la belle Françoise de Montmorency, familièrement appelée Fosseuse, qui régna un temps sur son cœur avant qu’il ne l’oublie pour d’autres amours et d’autres contrées.
Autre figure de l’Agenais, Blaise de Monluc surnommé « Corneguerre ». Il avait eu quatre fils et Jean Caubet nous parle du second, Bernard surnommé « Peyrot », devenu héritier du nom après le décès de l’ainé. Ce capitaine Peyrot était un soldat valeureux mais comme la paix lui pesait, il avait cherché à monter une expédition avec six navires sur les côtes de l’Afrique. Mal lui en prit car, contraint par une violente tempête de se rapprocher de Madère, il y fut accueilli à coups de canon. Il s’empara alors de quatorze navires et attaqua Funchal où il périt d’une grave blessure. Pour le venger, ses compagnons passèrent la garnison au fil de l’épée. Suite à l’énergique protestation du Portugal, Charles IX désavoua cette équipée et promit de châtier les survivants de l’expédition dès leur retour en France. L’expédition avait tourné au fiasco. 
Autre entreprise qui tourna, cette fois, au détriment de la reine Margot ce fut le siège de Villeneuve d’Agenais. En effet, Villeneuve d’Agen n’est devenue Villeneuve sur Lot qu’en 1875. Marguerite avait secrètement adhéré à la Ligue et tentait de lutter autant contre le roi, son frère, que contre son mari.  Après avoir pitoyablement échoué à s’emparer de Tonneins où ses soldats furent tués ou noyés en se sauvant par l’eau, elle pensa pouvoir s’emparer de Villeneuve d’Agenais. C’était sans compter sur les défenseurs de la ville, dirigés par Nicolas de Cieutat. Marguerite le fit appeler et, malgré sa méfiance, il choisit de se rendre auprès d’elle pour tenter d’éviter à Villeneuve les horreurs de la guerre. Il laissa la garde des tours et de la citadelle à son fils Arnaud. Mais, comme il refusait de céder la place, Marguerite lui déclara qu’il périrait s’il n’obligeait pas son fils à la céder. Nicolas de Cieutat fut amené sur le pont, au pied de la tour. Arnaud fit mine d’accepter de se rendre et il sortit, l’épée au fourreau, accompagné d’une vingtaine d’hommes. Soudain, ils se jetèrent sur les Ligueurs et délivrèrent Nicolas, rentrant sains et saufs dans la citadelle. Ensuite, ils firent courir le bruit que le Vert Galant arrivait avec une forte armée, ce qui provoqua la panique chez les Ligueurs.
Plus pathétique est l’histoire d’Anne de Caumont dont la fortune considérable attira les convoitises. Elle fut d’abord, à six ans, promise au fils de son tuteur, Claude d’Escars alors âgé de 14 ans. Ensuite, après la mort de Claude, à son frère Henri. Mais sa mère la promit au Duc d’Aiguillon qui l’enleva à M. d’Escars. Puis, enlevée une troisième fois, elle fut mariée au comte de Saint-Paul. Ce dernier, en bon libertin dilapida sa fortune, sa mère la déshérita et elle se retira dans le seul château qui lui restait, Gavaudun.                                                         
Ne pouvant tout citer, je terminerai en parlant d’Agen, ville très gaie et bruyante dont Montesquieu disait : « Vous ferez plus de cabrioles en un mois à Agen qu’en dix ans à Bordeaux ». Les consuls y avaient fort à faire pour empêcher le libertinage et la fureur du jeu. Il existait à Agen au milieu du 18ème siècle nombre de tripots et de lieux de prostitution et il fallut rien moins que la révolution pour y mettre bon ordre.                                            
On voit par-là qu’on peut vivre jeune et à Agen sans abstinence.

dimanche 28 mai 2017

Chronique de Serres et d’ailleurs II 37



Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. Rien ne va plus, les jeux sont faits et, à la roulette électorale, c’est un golden playboy qui est sorti du chapeau. Qui l’eût cru il y a un an sinon quelque sondeur distrait et par trop honnête. En effet, on nous avait promis un enfer sur route goudronnée alors que nous aurons un paradis pavé de bonnes et bienveillantes promesses électorales.
C’est donc l’heure de la nostalgie, celle d’un quinquennat qui déjà nous quitte alors que nous aimions tant ce président à l’allure si maladroite et aux réformes si mal à gauche. La nostalgie aussi d’un parti socialiste croupion et de ses primaires tellement primitives que certains recalés se sont empressés de les renier, dans leur haine de la démocratie. La nostalgie aussi d’une gauche où tant d’ambitieux de tous bords se sentaient si bien tant qu’ils y étaient investis et élus par des électeurs confiants. Rien ne sera plus comme avant, les gens dont le cœur et le portefeuille sont à droite devront maintenant être macronisés pour être intronisés. Qui sait ce que deviendront Hamon et ses Hamoniaques : perdus dans le désert socialiste, ils n’oseront pas aller s’abreuver à l’oasis méluchéenne. Ils auront appelé à voter pour un macron et cela leur fait la peine. Ils se feront rouler comme des petits maquereaux dans la farine puis on verra sortir du bois d’anciens socialistes qui auront viré leur cuti, des écolorugystes de bazar, tout un attirail d’arrivistes qui traînaient depuis des années dans les coulisses du pouvoir et qui, d’un coup, se sentiront pousser des ailes comme des corbeaux volant sur la plaine. Il va s’en trouver des émules du duc de Morny qui disait : « Le jour où il y aura un coup de balai, je serai du côté du manche ». Ils vont être plus d’un à se presser dans les antichambres et dans les commissions d’investiture et tout cela non pas pour renouveler nos institutions, ou si peu, mais pour profiter des grasses prébendes et des juteux bénéfices sur lesquels les recalés auront abandonné tout espoir. Une fois installés dans les fauteuils élyséens ou palais-bourbonniens, ils auront le cul au chaud, le ventre plein et le portefeuille rebondi. Ils s’empresseront à leur tour de commémorer, de serrer des mains, d’inaugurer, de s’entredévorer en public et de s’entre congratuler en privé.
Le plus admirable, dans toute cette affaire, sera pour le futur président qui, dans la foulée de son prédécesseur, pourra commémorer les évènements majeurs de la dernière année du centenaire de la Grande Guerre. Il faudra qu’il en profite bien car on ne commémorera pas la guerre suivante avant une bonne vingtaine d’années soit quatre longs quinquennats et il peut s’en passer des choses d’ici à ce que l’on y arrive. La fin du quinquennat sera donc bien longue car il serait ambigu, dans notre Europe actuelle, de commémorer en 2019 les cent ans du traité de Versailles aux clauses si lourdes pour les vaincus. Notre président a bien du souci à se faire pour occuper son temps jusqu’en 2022. D’autant plus que maintenant nous voilà affublés de quatre ex présidents rémunérés et escortés aux frais de la princesse Marianne, chevaux de retour qu’il sera tout aussi nécessaire d’utiliser judicieusement dans les tribunes des stades comme dans les pince-fesses officiel. A ce propos, rappelons que nos deux précédents présidents ont changé, l’un d’épouse et l’autre de compagne, dès le début de leur mandat ; on n’ose imaginer que cette pratique soit devenue un passage obligé pour le nouvel impétrant.
On voit par-là qu’après avoir joué aux dames nos présidents sont passés aux échecs.

jeudi 25 mai 2017

René-la-Science (51)



— Ecoute, je repasse ici tout à l’heure. Nous en saurons certainement plus sur l’état de Michel. On en reparlera tout à l’heure.
— Allez, vas, je ne te hais point…
— Punis-moi par vengeance, ou du moins par pitié. Ton malheureux amant aura bien moins de peine à mourir par ta main qu’à vivre avec ta haine.
— File, Rodrigue de mes fesses…
— Adieu, Chimène de mes deux…
Et Magali/Chimène, me menaçant d’un balai opportunément placé près de la porte, me poussa dehors. Je montai dans mon fourgon et partis en direction du bois de Montieu. Je récupérai quelques outils et jetai un coup d’oeil sur les moutons. Je vis qu’ils avaient un bac avec de l’eau et qu’ils avaient l’air satisfaits de leur sort et je ne m’en préoccupai pas plus. Je refermai et repartis en direction du château. Si on arrive assez vite au château à pied depuis les terres de Michel, par la route, il y a quelques kilomètres. J’arrivai au château, j’ouvris la grille et j’entrai avec mon fourgon après avoir refermé derrière moi. J’allai à la porte de l’office que j’ouvris avec la clé que m’a donné Monsieur Henri. J’entrai et refermai encore derrière moi. Je passai dans la cuisine, jetai un coup d’oeil à la cheminée, puis je descendis dans la cave pour récupérer la clé de la porte qui donnait sur le souterrain. Plus de clé, j’ai beau chercher, je ne la trouvai pas. Je regardai la porte, elle était toujours fermée. J’étais refait. Je me creusai la cervelle : qui avait récupéré cette clé ? Il n’y avait que le propriétaire, à mon avis, pour l’avoir récupérée. Mais elle était quand même bien planquée, je ne voyais pas comment il avait pu tomber dessus par hasard. Il n’y avait que Michel qui était présent et je ne pensais pas qu’il avait vu où je mettais la clé. Quoiqu’il en fut, la clé n’était plus là. Je regardai la serrure : elle était en applique côté cave, tenue par quatre grosses vis. Là, j’eus une idée, une sacrée idée : j’allai voir la serrure qui donnait entre la cuisine et l’office mais pas de chance, ce n’était pas la même. J’allai voir à une porte qui donnait sur un cellier et là je vis que c’était le même type de serrure, des serrures en applique qui dataient des années cinquante. Je pris la clé du cellier et j’essayai de m’en servir sur la porte qui donnait vers le souterrain, que dalle. Alors, je retournai à mon fourgon chercher un tournevis et des outils. Je démontai les deux serrures et je les intervertis. J’étais redevenu le maître de la clé qui donnait sur le souterrain. Bon, mais pas de triomphalisme, si le propriétaire voulait entrer dans le souterrain, il lui suffirait de dévisser la serrure, comme je l’avais fait. Maintenant que j’avais la clé, je me mis en devoir de commencer mon petit chantier. Il s’agissait donc de remettre en place des pierres et de consolider au mortier l’ensemble. Je piquai l’ancien mortier et je dégageai les pierres qui menaçaient de tomber. Après quoi, je balayai et rassemblai mes gravats. Si tout allait bien, je finirais le boulot le lendemain. Je remontai dans mon fourgon, je repassai au bois de Montieu pour y décharger mes gravats et je rejoignis Magali. J’arrivai en vue de la maison et je vis une voiture garée devant la maison. En entrant, je trouvai Magali avec un couple et une gamine. Il s’agissait de la mère et de la sœur de Michel ainsi que du mari. Ils étaient venus avec l’espoir d’en savoir plus, mais l’hôpital n’avait toujours pas appelé. Nous décidâmes donc d’appeler le Samu pour savoir où appeler. On finit par nous renseigner et nous appelâmes donc l’hosto à Toulouse. Les nouvelles n’étaient ni bonnes ni mauvaises. Michel était dans le coma, ils vont tenter une intervention le lendemain matin, il était sous surveillance en soins intensifs. Magali demanda aux parents s’ils voulaient rester loger dans la maison de Michel et, après discussion, ils décidèrent en effet de rester sur place pour aller voir Michel le lendemain.
(à suivre...)

mardi 23 mai 2017

Chronique de lecture (6)



Cette chronique a été publiée le 3 janvier. 2016)


Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. Pour commencer agréablement l’année, je parlerai d’un écrivain régional que j’aime depuis longtemps, Armand Chanuc. Il fut cinq fois lauréat du jasmin d’argent, auteur de poésies en occitan et en français et d’un charmant sketch intitulé : « Dus biels filosofos », deux vieux philosophes. J’avais eu la chance de le croiser en voisin dans son village de Bourg-de-Visa en 1965 peu avant son décès. J’espère que ses concitoyens auront à cœur faire rejouer cette pièce, par exemple sous la svelte halle qu’il a célébrée. Elle raconte l’histoire du Mouskil et du Planquet qui se retrouvent à l’auberge en pleine chaleur, en plein calimas comme le dit l’aubergiste, la Margarido. Ils sont assoiffés et rusent tant et tant pour se faire servir à boire, de ce vieux vin du Pech de Moulinou. Ah, leur philosophie peut paraître simple mais elle est digne d’Epicure qui ne cherchait pas les richesses de ce monde mais seulement les plaisirs frugaux et simples. La pièce se termine sur la chanson du mouskil, le moustique, ziù, ziù, ziù…
Cette pièce est écrite en occitan et, dans le même livre, traduite en français par l’auteur. Je ne vous citerai rien en occitan qu’à l’époque mes voisins et amis nommaient patouès. A table, pour les repas des foins ou de la moisson, la langue première était le patouès, les plaisanteries perdant leur saveur à la traduction, un peu comme le chabrot perd sa saveur à être pratiqué dans les assiettes à bord plat. Pour l’avoir beaucoup entendu pratiquer, je ne le parle néanmoins pas et ne me risquerai pas à vous attrister par ma prononciation inappropriée.
Pour votre plaisir, je vous dirai un de ses poèmes, écrit et publié en français, extrait de son recueil « Haro sur le cafard », il s’appelle « La ballade des pétanqueurs » :
Sur la place de notre Bourg / Où la svelte halle se dresse, / Les pétanqueurs, en fin de jour, / Viennent exercer leur adresse. / Sitôt le cochonnet placé Ils le visent avec leur boule / Oui, doucement, sans se presser, /  Vers le but roule, roule, roule.
Des heures entières durant, / Grisés par leur jeu sans malice, / Ils joueront ainsi posément, / Vingt mètres leur servant de lice. / De temps en temps les promeneurs /Curieux s’avancent en foule, / Sans les remarquer, les joueurs / Toujours, toujours, lancent leur boule.
Qu’il fasse chaud, qu’il fasse froid / Qu’il pleuve ou gronde le tonnerre, / Il semble que rien ne pourra / Les arrêter ou les distraire. / Aïe ! qu’es aco ? L’air furibond / Une mégère s’aboule, / Et les joueurs, non sans raison, / Hâtivement rentrent leur boule.
Envoi.
De moi, Seigneur, ayez pitié, / Faites que l’ange du foyer, / Oubliant le temps qui s’écoule / Me laisse jouer à la boule.
Voilà et je renouvelle mon appel : pensez à remettre à l’honneur le poète et félibre Armand Chanuc dans sa cité. Écoutez mon envoi :
Amies Visa-Bourgiennes / Et amis Visa-Bourgiens / Sous la halle jouez aux boules / Mais aussi, devant la foule / Avant que l’été revienne / Jouez Chanuc avec entrain.