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dimanche 29 mars 2015

Chronique du temps exigu (149)

Comme le chantait François Béranger : « Ça doit être bien  d’être de quelque part, d’en partir puis de revenir, quand on n’est de nulle part ».
On n’en finit pas de parler d’étrangers qui n’en sont pas, d’immigrés qui sont des émigrés, de migrants qui ne sont que des expatriés. On entend parler de nationaux de souche mais sait-on encore qui est qui ?
Il ne suffit pas d’être né quelque part pour être un étranger, encore faut-il que quelqu’un vienne d’ailleurs pour vous voir comme un étranger ou que vous sortiez de chez vous et alliez …à l’étranger. Auquel cas vous devenez un étranger, soit touriste soit immigré selon le temps que vous comptez passer chez ces étrangers qui se considèrent comme nationaux.
Qu’est-ce qu’un touriste ? C’est un étranger qui se rend dans un pays étranger afin d’avoir le loisir d’en critiquer les mœurs et coutumes.
Qu’est-ce qu’un immigré ? Il faut distinguer le travailleur immigré du non-travailleur immigré : en effet, bien des travailleurs immigrés vont dans d’autres pays afin d’y aller faire, à plus bas coût mais pour un salaire néanmoins plus élevé que dans leur pays d’origine, des travaux que les nationaux du pays négligent de faire eux-mêmes. Le non-travailleur immigré est soit celui qui, ayant tout compris, arrête de travailler pour toucher le chômage, soit celui qui quitte son pays pour placer sa fortune sous des cieux plus favorables fiscalement. Ce que fait le premier est proprement scandaleux car nous avons chez nous suffisamment de personnes habilitées à chômer dans notre pays. Ce que fait le second  est considéré comme une manne providentielle par d’aucuns et comme de l’évasion fiscale par d’autres.
Qu’est-ce qu’un émigré ? Tout simplement un immigré qui regarde dans le rétroviseur, le cousin d’un émigrant.
Qu’est-ce qu’un expatrié ? Ici aussi, il faut distinguer celui qui a été banni de son pays et celui qui a quitté son pays pour aller travailler dans un autre. Le premier risque de devenir un apatride, à savoir quelqu’un qui sera étranger où qu’il soit ce qui le distinguera du cosmopolite qui n’est étranger nulle part. Pour le second, suivant une analyse du Wall Street Journal, il s’agit d’un terme un peu plus chic que celui d’immigré. Suivant ce quotidien, on classe les arrivants en expatriés, en immigrants ou simplement comme migrants suivant la classe sociale, l’origine géographique ou le statut économique. Si vous êtes universitaire, européen et riche, vous pouvez prétendre au statut d’expat[1]mais si vous êtes peu instruit, philippin et pauvre, contentez-vous d’être un immigrant ou un migrant.
Qu’en pensent les oiseaux migrateurs ?




[1] En anglais dans le texte.

jeudi 26 mars 2015

Le cabot de Fortunio (38)

-          Cette histoire peut vous paraître invraisemblable mais lisez Hérodote : lorsqu’il parle des Atarantes, il dit bien que c’est le seul peuple, à sa connaissance, chez qui les hommes n’aient pas de nom car ce sont les femmes qui le leur ont enlevés ; voyez aussi les populations aborigènes d’Australie chez lesquelles la pire des malédictions est de perdre son nom… nomen est numen disaient les Romains, le nom est la puissance ! termine le conteur rondouillard.
-           
J’émerge de cette histoire comme d’un rêve pour me rendre compte qu’il n’y a plus qu’une quinzaine de personnes en tout et qui font cercle autour de nous. Estelle me tient par l’épaule, Martine et Eve Qdc me regardent en souriant, Dutritel semble bien plus décontracté. C’est le moment que choisit mon téléphone portable pour sonner.
-          Albert Fortunio ? C’est François Bonnefoi. Je te dérange ?
-          Euh, oui… non… enfin ça dépend, réponds-je.
-          Je n’en ai pas pour longtemps mais il faut que tu saches. En deux mots : Eliane a été enlevée, là-bas en Afrique. On ne sait pas encore qui sont les ravisseurs, ça s’est passé dans la journée. Ecoute, je te rappelle demain matin, peut-être que j’en saurai plus mais je pense que c’est important que tu saches. Adios, Fortunio. Ou plutôt à demain.
Il a raccroché. Je dois faire la gueule car tout le monde me regarde avec inquiétude.
-          Quelque chose de grave ? tente Estelle.
-          Oui, je ne peux pas en parler, excusez-moi, j’aurais dû couper mon portable ou laisser sonner…
-          Y-a-t-il une urgence, on peut faire quelque chose pour vous ? demande Eve.
-          Non, non, rien, merci. Il vaut mieux que je parte, dis-je dans un souffle.
-          Vous ne voulez pas venir avec nous prendre une soupe à l’oignon, en ville, rapidement ? demande Martine.
-          Merci beaucoup, c’est gentil mais il vaut vraiment mieux que je rentre chez moi, excusez-moi…, dis-je en commençant à serrer des paluches.
Eve et Martine me font la bise. Estelle ne me lâche pas et dit qu’elle veut m’accompagner jusqu’à la sortie. Sur le trottoir, elle me tend une carte.
-          Ma carte de visite, sait-on jamais, si tu passes par Paris, appelle-moi sur mon portable…
Je l’embrasse et je me sauve. Pas question de s’attendrir, je commence déjà à en faire des tonnes dans la culpabilisation. Je rejoins mon véhicule et retour vers Marmande où m’attend mon tendre et fidèle molosse.
*
Samedi matin, j’ai du mal à me réveiller après une courte nuit de sommeil agité. Et je suis à peine debout que le téléphone sonne : c’est Livron qui veut savoir si le rosé ne m’a pas fait perdre la mémoire et si je me rappelle le rendez-vous à trois heures demain matin. Il aurait bien envie de causer mais je l’envoie chez Plumeau, je n’ai vraiment pas la tête à ça.

Je m’avale un petit-déj vite fait sur le gaz et, n’y tenant plus, je repère le numéro de Bonnefoi et je l’appelle. Bien sûr, je tombe sur la messagerie. Je bafouille un message en lui demandant bien sûr de me rappeler au plus tôt. Ce qui ne tarde pas et je décroche.
(à suivre...)

dimanche 22 mars 2015

Chronique du temps exigu (148)

« Il ne faut pas mélanger les torchons avec les serviettes ! » Ainsi parlait Sara Toussetra en rangeant ses périodiques, hebdomadaires, mensuels ou autres.

Voilà qui est sensé, me direz-vous. Mais tout de même, pensé-je in petto, avec des pensées pareilles on nous fabrique de l’élitisme à tour de bras et comment fera le petit peuple  pour grandir si on ne lui en donne pas l’occasion. Mon canard sous le bras, tout en rejoignant mon véhicule, je restais songeur et manquai me tamponner avec mon vieil ami Ledug qui sortait de la Banque Forestière. Nous nous saluâmes chaleureusement et mon ami, avec enthousiasme, me parla de son nouveau projet. Il venait de fermer, à la dite banque, son compte qu’il approvisionnait depuis moult années par des chèques en bois certifiés pur chêne. Cela en vue d’ouvrir un compte en Suisse dans une banque britannique. Comme je laissais voir mon étonnement, il m’exposa son plan :
« J’ai toujours rêvé de côtoyer les grands de ce monde mais tu sais combien il est difficile de se frayer un chemin jusqu’à eux. Réfléchissons bien : qui donc sont les grands de ce monde si ce n’est le tiercé composé des rois, des truands et des voleurs ? Je ne parle ni des roitelets ni des demi-sel pas plus que des petits arnaqueurs. Non, la vraie monarchie, la grande truanderie et les escamoteurs de haute volée. Et où se rassemblent-ils tous, ces beaux et grands prestidigitateurs, ces acrobates de l’accaparement ? En un seul lieu, sécurisé, aseptisé et pasteurisé, j’ai bien dit : dans les banques des paradis fiscaux et, de tous ces édens, le plus délicieux est bien celui que forment les banques suisses. Imagine, mon cher, si un nouveau swissleaks avait lieu, à côté de tous ces acrobates de la finance, il y aurait mon nom à moi. Et je serais, moi Ledug, dénoncé par les journaux tant en France qu’en Navarre. On ne saurait bien sûr pas à quel titre mais le soupçon pèserait lourdement. Il me suffit donc de déposer ma modeste fortune – l’équivalent d’une dizaine de RSA – puis de me dénoncer auprès du fisc de notre pays pour connaître aussitôt la célébrité et parler d’égal à égal avec tous ces purs génies de la malfaisance et avec tous les plus brillants scélérats de la planète. Cela n’est-il pas splendide ? »

On voit par-là qu’il n’y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas.

dimanche 15 mars 2015

Chronique du temps exigu (147)

La pénibilité au travail, on en parle, on en reparle et on n’en a pas fini ! En effet, maintenant que la loi commence à – peut-être – devoir environ s’appliquer, l’on compte maintenant de nouvelles victimes de la pénibilité.
Qu’est-ce à dire ? Ce sont aujourd’hui les patrons et les directeurs des ressources humaines qui sont en danger de pénibilité, suite à l’application de la loi. Peut-on imaginer ces malheureux face à la dure réalité des embarras administratifs et technocratiques ? Devront-ils acquérir des fauteuils spéciaux anti-pénibilité ? Des stylos ultralégers et qui glissent seuls sur le papier ? Foin de ces railleries, il me faut bien reconnaître qu’une loi sur la pénibilité pondue par des élus, préparée par des fonctionnaires et cuisinée par des technocrates ne peut qu’indisposer des estomacs de bureaucrates. Pendant ce temps-là, les ouvriers peuvent continuer à ramer…
Il semble donc qu’il soit difficile (pour ne pas dire laborieux !) de définir – légalement et scientifiquement s’entend – la pénibilité au travail. D’abord parce que l’on peut se demander qui n’a pas un jour trouvé pénible de travailler. Ensuite  car ce sont souvent ceux qui en foutent le moins qui se plaignent le plus. Il faut donc trouver une solution et je vais me faire le relais de la proposition de mon ami Ral, pardon de l’amiral, toujours plein d’imagination, de bon sens et d’idées avisées. Ce dernier, ne l’oublions pas, est à l’origine d’une trouvaille géniale, l’énergie scolaire qu’il fut le premier à capter et à utiliser.
La suggestion de mon ami cap est donc la suivante : si on ne peut définir une chose en elle-même, on peut bien souvent la définir par son contraire. Par exemple, la mort se définit fort bien comme étant l’absence de vie ou encore la richesse qui se définit par l’absence de pauvreté. Donc, dit-il, s’il est délicat voire impossible de définir et de compenser la pénibilité, on peut tenter des savoir ce qu’est la non-pénibilité : il suffit de recenser les petits travaux tranquilles et surtout les travailleurs tranquilles, ceux pour qui le travail est un plaisir, une joie et qui s’en acquittent sans coup férir. Il est donc parti visiter les lieux de travail les plus variés mais nulle part il n’a encore trouvé ce genre de travailleur. Il cherche encore et envoie régulièrement de ses nouvelles.

On voit par-là que la non-pénibilité ne se définira pas sans peine.

dimanche 8 mars 2015

Chronique du temps exigu (146)

La politique n’est pas un métier, elle est un art. Et force est de constater que tous les artistes, en cette matière particulièrement, ne créent pas des chefs-d’œuvre, loin s’en faut. Certains se complaisent même dans la production de navets : à croire que leur plus cher désir est de ne surtout point passer à la postérité… bien que le contre-exemple soit aussi une manière de marquer son époque. On dirait même que le quinquennat en cours autant que celui qui a précédé aient permis une débauche de ce légume à tous les niveaux. En effet, si le président et ses sbires sont en première ligne dans les mass-médias, les élus de base font tout ce qu’ils peuvent, non pour se hisser mais pour se laisser dégringoler au même niveau et l’on a même dans les plus petites communes certains politiciens qui peuvent en remontrer aux plus grands élus nationaux sur le plan de la nullité. Malgré bien des dépenses somptuaires, malgré un étalage de subventions en tous genres, on ne voit guère poindre quelque œuvre impérissable à l’horizon : Pour eux, Phébus est sourd et Pégase est rétif…[1]
Pourquoi donc cette incapacité à produire de la belle ouvrage, me demanderez-vous ? La raison en est simple : un peintre qui réalise un tableau ne doit pas s’encombrer de quoi que ce soit d’autre, il porte son regard sur son œuvre uniquement. A l’instar du Président De Gaulle déclarant que la politique de la France ne se fait pas à la corbeille (ce qui a une autre allure que de déclarer : « La Bourse, j’en ai rien à cirer », comme Madame Cresson). En disant cela, il montre qu’il fait de la vraie politique, ce que ne font plus nos actuels dirigeants qui ne gouvernent plus mais agissent en gestionnaires de la chimère nommée Crise. Ils veulent se faire passer pour des économistes quand ils ne sont que des boutiquiers au service des puissances de l’argent et de leurs privilèges.
Ces économistes de bazar (mais l’économie n’est-elle rien d’autre qu’un grand bazar ?) n’ont plus de tenue, plus de répondant. Voyez par exemple l’affligeant « Cass’toi pov’con » là où un autre aurait répondu, prenant de la hauteur en quelque sorte : « ça m’en touche une sans faire bouger l’autre… ». Voyez aussi le petit homme sur son scooter et sous son casque : ne manque-t-il pas d’envergure là où Giscard accrochait le camion du laitier à l’heure du laitier, avec une Ferrari et en compagnie d’une actrice ?
On voit par-là que les choses ne sont plus ce qu’elles étaient et on ne sait plus si c’est de l’art ou du cochon.





[1] Un autre art, l’Art Poétique…

jeudi 5 mars 2015

Le cabot de Fortunio (35)

-          Non, qu’est-ce qu’on dit ? me dit-elle en m’essuyant la joue avec un mouchoir en papier.
-          En patois, oun estélo c’est une étoile et donc on dit : Estélo, ah oh, avec une queue au cul, elle ferait une poulit cométo…[1]
-          Petit cochon, va, vous ne pensez qu’à ça vous, les mecs…
Elle s’en va et j’en profite pour aborder Robico qui passe à mes côtés.
-          Excusez-moi, ce n’est pas vous qui avez vendu une béhème break blanche ?
-          Pardon, on se connaît ? demande le Robico.
-          Vous aviez bien un break BMW blanc, non ?
Il me dévisage et tourne sèchement les talons. Il se dirige vers la sortie. Avant de quitter la salle, il me balance un dernier coup d’œil. Je rigole intérieurement mais mon hilarité est de courte durée car je sens une main qui se glisse sur mon cou, la main d’Estelle bien sûr, débarrassée de son cicérone. Nous sommes à côté de la porte des toilettes et elle profite d’un mouvement de foule pour me pousser vers les gogues. Il faut dire que c’est pas des chiottes pour pauvres, c’est du cagoinsse de luxe, carrelage et miroirs partout, poignées dorées et lumières tamisées. Cette fois-ci, pas question de se dérober, nous nous ranimons mutuellement avec un bouche à bouche de qualité thérapeutique.
-          Chez les handicapés, dit-elle, c’est toujours plus propre et il y a plus de place…
La porte se referme sur nous et je ressors un bon quart d’heure plus tard, les jambes flageolantes avec ordre de sortir le premier, discrètement si possible. J’arrive à me faufiler dans un groupe où pérore un grand escogriffe à la crinière aile de corbeau, puis de fil en aiguille je tombe sur un petit monsieur rondouillard qui m’apostrophe :
-          Ne seriez-vous pas ce monsieur qui ne connaît pas l’histoire de la fille qui n’avait plus de nom ?
-          Je suis en effet un monsieur qui ne connait pas l’histoire de la fille qui n’avait pas de nom, comment savez-vous…
-          C’est Martine qui me l’a dit. Attention, c’est la fille qui n’avait plus de nom et pas celle qui n’avait pas de nom. Venez, allons dans la petite salle, je vais vous raconter cette histoire, c’est moi qui l’ai racontée à Martine et qui lui ai, de par ce fait, inspiré ce tableau que vous avez vu. Je lui avais demandé une illustration pour cette histoire, ce qu’elle a fait, mais de plus elle a réalisé ce tableau qui est exposé ici. Ce qui est dommage, c’est qu’il fait un peu figure d’intrus, il est assez décalé en regard des autres tableaux exposés. Mais qu’importe, je vais vous raconter cette histoire car j’ai bien l’impression qu’elle vous plaira, déclare-t-il péremptoirement.

(à suivre...)



[1] Une jolie comète.

dimanche 1 mars 2015

Chronique du temps exigu (145)

« Médecin, guéris-toi toi-même »  (Luc 4, 23-24) Evidemment, on pourrait paraphraser ce dicton avec bien des professions et la Cour d’Appel de Paris vient de le faire dans son arrêt concernant l’arbitrage qui avait attribué un bon petit paquet de millions d’euros à un monsieur qui avait été sauvé de la paupérisation par une ministre des Finances il y a quelques années.
Donc, il semblerait que les juges se prennent au jeu du « Juge, juge-toi toi-même » avec cet arrêt où ils signalent qu’un des leurs, pris pour juge-arbitre comme l’on dirait sportivement, a surpris ses deux autres collègues par fraude. Mais de plus, ils se montrent féroces envers ces deux derniers en relevant qu’ils se sont fait avoir par facilité, excès de confiance, parti pris, voire incompétence.
Où donc allons-nous si maintenant des juges parlent ainsi des juges ? On savait bien qu’il y a des plombiers, des maçons, des garagistes et d’autres gougnafiers élus ou autoproclamés qui donnent dans la facilité, qui pèchent par excès de confiance, qui tombent dans le parti pris ou qui font montre d’incompétence… mais des juges tout de même ! Verra-t-on bientôt des agents du fisc fiscalisant les percepteurs ? Des substituts procurant des procureurs ? Ou des sénateurs députant des députés ? Et les fraudeurs frauder les fraudeurs ? Ah, les choses ne sont plus ce qu’elles étaient : avant on ne pouvait faire confiance à personne et maintenant il faudra se défier de tous car si ceux qui nous administrent et nous jugent deviennent de bonne foi, de qui pourra-t-on se plaindre ?
Où est donc le temps où un mauvais accord valait mieux qu’un bon procès qui profitait surtout aux professionnels ? Où donc est le bon vieux temps de Monsieur de La Fontaine avec le chat, la belette et le petit lapin : « Grippeminaud le bon apôtre / Jetant des deux côtés la griffe en même temps / Mit les plaideurs d’accord en croquant l’un et l’autre » ?

On voit par-là qu’il ne faut jamais dire « La Fontaine, je ne boirai pas au tonneau ».