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dimanche 22 septembre 2013

Chronique du temps exigu (78)



Chronique du temps exigu (78):
Profitons de la date pour, en toute paresse, nous reposer avec les paroles de cette chanson de Georges Brassens :
Un vingt et deux septembre au diable vous partîtes,
Et, depuis, chaque année, à la date susdite,
Je mouillais mon mouchoir en souvenir de vous...
Or, nous y revoilà, mais je reste de pierre,
Plus une seule larme à me mettre aux paupières :
Le vingt et deux septembre, aujourd'hui, je m'en fous.

On ne reverra plus, au temps des feuilles mortes,
Cette âme en peine qui me ressemble et qui porte
Le deuil de chaque feuille en souvenir de vous...
Que le brave Prévert et ses escargots veuillent
Bien se passer de moi et pour enterrer les feuilles :
Le vingt-e-deux septembre, aujourd'hui, je m'en fous.

Jadis, ouvrant mes bras comme une paire d'ailes,
Je montais jusqu'au ciel pour suivre l'hirondelle
Et me rompais les os en souvenir de vous...
Le complexe d'Icare à présent m'abandonne,
L'hirondelle en partant ne fera plus l'automne :
Le vingt et deux septembre, aujourd'hui, je m'en fous.

Pieusement noué d'un bout de vos dentelles,
J'avais, sur ma fenêtre, un bouquet d'immortelles
Que j'arrosais de pleurs en souvenir de vous...
Je m'en vais les offrir au premier mort qui passe,
Les regrets éternels à présent me dépassent :

Le vingt et deux septembre, aujourd'hui, je m'en fous.


Désormais, le petit bout de cœur qui me reste
Ne traversera plus l'équinoxe funeste
En battant la breloque en souvenir de vous...
Il a craché sa flamme et ses cendres s'éteignent,
A peine y pourrait-on rôtir quatre châtaignes :
Le vingt et deux septembre, aujourd'hui, je m'en fous.

Et c'est triste de n'être plus triste sans vous

dimanche 15 septembre 2013

Chronique du temps exigu (77)



La démocratie est faite pour l’homme, mais celui-ci n’est pas fait pour celle-là. Le 11 septembre 1973, l’armée prend le pouvoir au Chili, avec l’aval, l’aide peut-être, de la plus grande démocratie occidentale.
Au nom de quoi une grande démocratie peut-elle soutenir et aider des militaires à torturer, violer, tuer ? Au nom de quoi peut-elle faire perdurer un gouvernement non élu et installé par la force ? Au nom, tout simplement, du réalisme économique. La démocratie, c’est bon pour les pays riches, pas pour les latinos, faut pas rigoler tout de même !
Donc, réfléchissons : dans les pays riches, occidentaux et bien-pensants, on accepte la dictature des puissances d’argent pourvu qu’ils arrosent suffisamment une classe moyenne aveugle, égoïste et auto satisfaite (quoique toujours prête  à vilipender avec à propos et du bout des lèvres les financiers véreux…) qui fait le terreau dans lequel poussent les roses urticantes d’un libéralisme économique rayonnant. Pour ce qui est des autres pays, on est bien content d’accepter des dictateurs qui font travailler non seulement les marchands d’armes mais aussi leurs employés qui ne se soucient guère des conséquences de l’utilisation de leur fabrication. Évidemment, un ouvrier dans une fromagerie peut être moins inquiet des retombées d’un fromage, même bien fait et coulant, sur les populations environnantes.
Bien sûr, dans les pays dits riches, tous les habitants ne sont pas riches ni ne font partie de la classe dite moyenne. Mais tous ont le droit d’avaler les couleuvres que leur distillent à gros bouillons les chaînes, payantes ou non, de radio et de télévision ; tous ont la possibilité d’entendre, sinon d’écouter, les passionnantes analyses politiques et économiques des experts consanguins et écholaliques du petit monde de la communication audiovisuelle ; tous ont accès à la potion magique des discours des politiciens de toutes farines. C’est cela la démocratie moderne, une amère potion concoctée sur le dos des pays qui n’y ont pas droit. Une tisane lénifiante pour les électeurs des pays riches et une purge, un bouillon d’onze heures pour les autres.
 Voilà ce que Platon écrit : « …à mon avis, la démocratie s’établit quand les pauvres, victorieux de leurs ennemis, massacrent les uns, bannissent les autres et partagent également avec ceux  qui restent le gouvernement et les magistratures ; le plus souvent même les magistratures y sont tirées au sort. » (Platon, La République)
On voit par là que, bien des années après, la démocratie n’est plus ce qu’elle aurait pu être.

dimanche 8 septembre 2013

Chronique du temps exigu (76)






L’on parle bien souvent de sujets peu réjouissants : les trains qui n’arrivent pas à l’heure, les impôts qui augmentent, la croissance exponentielle du nombre de sots et de peigne-cul, j’en passe et des pires… autrement dit, les sujets qui fâchent !
Alors, nous parlerons aujourd’hui d’un sujet réjouissant. J’utilise le « nous » non dans un sens majestatif comme le font les souverains mais dans le sens confidentiel, à savoir de vous à nous… pardon, de vous à moi.
Et, au titre de ces sujets, pourquoi ne pas parler de lectures qui font plaisir et que je vous ferais découvrir si ce n’est déjà chose faite. Sur le simple ton du commentaire personnel et subjectif.
Je viens de lire « Verdines » de Pascale Madeleine [1] et j’ai aimé ce livre qui raconte le voyage d’une vie, le retour de Livia dans une Transylvanie mythique où vivaient ses ancêtres roms et où elle pense retrouver sa mère qui l’a abandonnée après l’incendie où mourut son mari, le père de Livia. Contrainte par la misère, la maladie les lois… et les normes qui font de ces hommes et de ces femmes que l’on nomme roms, tziganes, bohémiens ou romanichels des réprouvés dont nul ne veut. Peut-on dire qu’elle cherche ses racines alors que ces gens sont sans terre ? Je préfère dire un retour aux sources, aux sources de ce peuple sans cesse refoulé mais jamais endigué comme une eau vive qui toujours ruisselle et s’échappe. Les nomades, comme les rois, les voleurs et les poètes, ne sont jamais de nulle part et c’est pour cela qu’ils sont partout chez eux.
C’est la danse et la musique qui ont mis Livia sur la voie, c’est avec un guitariste qu’elle continuera son voyage et elle trouvera sa source après avoir traversé les Carpates.
L’histoire collective et le destin personnel sont racontés en évitant le misérabilisme, avec ce qu’il faut pour donner de la vie aux personnages du roman et de la réalité au récit.
L’écriture alerte convie au voyage et la fin, ouverte et fermée comme une énigme, comme la vie, la vraie.
Et le titre « Verdines », joli titre qui évoque ces roulottes nomades et par lequel j’ai appris ce mot que j’ignorais. Et que mon dictionnaire numérique ne connaissait pas plus…
Rescapé du naufrage des Éditions Kirographaires, ce livre est en vente chez l’auteure[2].





[1] « Verdines » de Pascale Madeleine, Editions Kirographaires, juillet 2012)
[2] pascale.madeleine@yahoo.fr - 10 € frais de port offerts.

dimanche 1 septembre 2013

Chronique du temps exigu (75)




C‘est les vacances, c’est la transhumance, les journaux télévisés s’en donnent à cœur joie et abreuvent leurs sillons d’embouteillages, de bouchons routiers et de prévisions bison futé/grenouille rusée. L’on peut admirer des interviouves de gugusses aux orteils aérés, exhibant des mollets gracieux et des commentaires frisant le haut des pâquerettes.
Des hordes de burgondes, de bataves, d’éburons, de séquanais, de ménapiens, de goths, de vikings et autres tribus motorisées se pressent aux péages autoroutiers en vue d’envahir un sud mythique. Tout ce qui existe au soleil, tout ce qui représente un embryon de culture folklorique, tout ce qui fabrique de quoi empiffrer et abreuver le genre humain, tout ce qui permet de soulager vessies et boyaux est pris d’assaut dans toutes les langues. Les aires d’autoroutes, véritables tours de Babel, deviennent pour un temps les nouveaux forums d’une république des mollets en goguette.
Puis, voilà la rentrée avec son traditionnel embouteillage de caddies le long des gondoles à cahiers, à cartables et à stylos. Les mêmes gugusses, en version femelle de préférence, ont à nouveau la parole sur les ondes télévisuelles.
Les mêmes, ou à quelque chose près, sont sélectionnés pour exprimer qu’ils en ont marre. Car l’on n’interviouve que ceux qui en ont marre de quelque chose, les autres sont sans intérêt. Et il est merveilleux de voir à quel point l’on trouve des couillons prêts à dire qu’ils en ont marre de quelque chose : ils en ont marre du temps, de la pluie ou du soleil ; ils en ont marre des bouchons, des péages ou des aires d’autoroutes ; ils en ont marre de la vie chère, de la chère vie, des cahiers, des gommes et des caddies dont la quatrième roue tourne quand cela lui chante. Des sinistrés intellectuels on en trouve toujours et ils sont toujours prêts à vomir leur sinistre sur les écrans. Ce n’est vraiment pas parce que l’on n’a rien à dire qu’il faut se taire.
Tant qu’il y aura des gugusses, il y aura de la télé…