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dimanche 28 décembre 2014

Chronique du temps exigu (137)


Après toutes les vicissitudes de l’année, il est bien nécessaire de reprendre son souffle pour voir arriver l’année 2015. Nous sommes, à ce que l’on dit, pendant la trêve des confiseurs. Ce qui voudrait dire que les gugusses vont calmer leurs ardeurs politiques et économiques… faisons semblant d’y croire !
La neige a couvert bien des régions de sa blanche chapka et il y a moult choses agréables à faire tant à l’extérieur qu’à l’intérieur des maisons. Bien au chaud au coin du feu, que diriez-vous de déguster un petit quartier de schwarzwälder, en français un foret noire. Donc, à cet effet, je vous envoie cette photo pour stimuler votre appétit et je pense que vous saurez trouver la recette par vos propres moyens.
Ce gâteau peut être considéré comme thérapeutique, j’en ai personnellement fait l’expérience. Toutefois, le bon docteur V. en déconseille l’usage comme thérapeutique plantaire car il y a un risque de pourrissement de la chaussette. Donc à n’utiliser que par voie orale, inutile de s’en servir pour entarter des idiots officiels, cela serait gâcher de la bonne nourriture.
Je vous propose donc de bien achever l’année en cours, pour la suivante on verra plus tard.

On voit par-là que le chroniqueur-pâtissier est bien fatigué en fin d’année. 

jeudi 25 décembre 2014

Le cabot de Fortunio (25)

-          D’accord, ça me revient. Bon, mais mon chien a disparu depuis jeudi, je pensais que vous aviez des nouvelles. Le premier jour, j’ai cru qu’elle allait revenir et puis hier je me suis décidée à mettre des affichettes.
-          Ah bon, et vous n’avez pas contacté la SPA ?
-          Non, je suppose qu’elle n’est pas partie loin. Je ne vais pas ameuter toute la région pour une simple fugue… Elle a réussi à ouvrir le petit portail du jardin, j’oublie parfois de le fermer à clef…
-          Ah bé dites donc ! Vous ne vous faites pas trop de bile, depuis quatre ou cinq jours ! Et moi qui venais vous demander si vous envisagiez de la faire porter…
-          Attendez, je vais vous expliquer. Asseyez-vous. Voulez-vous boire quelque chose ?
-          Je ne suis pas venu pour cela, je veux bien m’asseoir deux minutes et si vous avez un verre d’eau…
-          Vous venez de loin ?
-          Agen, réponds-je évasivement.
-          Et, vous avez mangé ?
-          Non, non, comme je vous l’ai dit, je suis simplement vous demander…
-          Alors c’est drôle, je viens de préparer une tartiflette, il y en a au moins pour deux, sinon plus. J’allais manger, vous accepterez bien…
Là, je me marre intérieurement en pensant à Livron qui attend dans la bagnole. Et je me dis que c’est bien fait pour sa gueule. Donc, j’accepte la proposition. Et la madame ne se mouche pas du pied : avec cela elle a sorti une bouteille de Chignin-Bergeron, un authentique vin de Savoie. La tartiflette est excellente, roborative et ainsi fort bien arrosée.
-          Vous m’avez peut-être dit votre nom en arrivant mais je n’ai pas fait très attention…
-          Albert Ellefor, àpeupré-je effrontément.
-          Je vous appellerai Albert, appelez-moi Martine. Je vais vous dire franchement, Kara n’est pas vraiment à moi. C’est la chienne d’un ami à moi et je la lui garde. Personnellement, ça ne me dit rien d’avoir un chien, à plus forte raison une chienne qui va faire des petits, des petits qu’il va falloir vacciner, inscrire au Lof et que sais-je ? Pendant un ou deux mois, j’ai trouvé cela amusant et puis après, ça a commencé à me peser. Un chien, il faut s’en occuper, vous savez…
-          Alors, votre ami va la reprendre ?
-          Mon ami est aux abonnés absents depuis trois semaines et je me demande bien ce qu’il fabrique. Resservez-vous si cela vous tente, vous voyez que j’en ai fait pour un régiment…
Je me ressers de tartiflette, elle me fait le plein du verre et je reprends :
-          Donc, quand votre ami réapparaîtra, il reprendra son chien ?
-          Mouais, faudrait-il qu’il réapparaisse…
-          Que voulez-vous dire par-là ?

-          Rien, rien. Alain voulait que je devienne sa maîtresse, il m’a fait plein de cadeaux. Je ne lui demandais rien mais il a bien fini par comprendre que je ne coucherais jamais avec lui. C’est peut-être une simple question de morale pratique de ma part, dit-elle en souriant. Alain est marié et je ne donne pas dans l’adultère. Et puis, franchement, je l’aime bien, c’est vraiment un ami formidable mais je ne suis pas amoureuse de lui. Et tous ces cadeaux, ça commence à m’agacer sérieusement. Pour Kara, je n’ai pas osé refuser, il m’a fallu aller la chercher là-bas et faire semblant de trouver cela super. Voilà ! Alors, ce que vous pourriez faire, c’est d’appeler chez lui, pour savoir. Moi, je ne peux appeler que sur son portable mais sa messagerie est pleine. Et si j’appelle chez lui, je vais avoir sa femme. Si c’est un homme qui appelle pour le demander, c’est pas pareil, vous comprenez ?
(à suivre...)

dimanche 21 décembre 2014

Chronique du temps exigu (136)

L’ouverture des commerces douze dimanches par an va-t-elle révolutionner l’économie française ? D’aucuns semblent le penser et cette belle idée que le gouvernement de gauche a piquée à la droite fait débat tant dans l’hémicycle que dans les médias.

Le repos dominical est un des fleurons de la tradition chrétienne où le dimanche est connu pour être le jour du Seigneur. Dans d’autres traditions, ce sont le vendredi ou le samedi qui sont censés assurer ce repos dit dominical. Bien sûr, selon cette première, le créateur du monde aurait travaillé pendant six jours et aurait ensuite décidé de prendre un repos bien mérité[1]. A cette époque, il lui était loisible d’en décider seul car il agissait à son compte  sans devoir se plier aux célèbres contraintes du Code du Travail.
Foin de ces considérations cultuelles et historiques, penchons-nous sur les perspectives économiques d’une telle mesure. En effet, je pose la question : qui travaillera le dimanche et qui dépensera le dimanche ? Si ceux qui travaillent le dimanche sont ceux qui, de toute façon, auraient déjà fait du travail plus ou moins dissimulé le même jour, il n’y aura nul bénéfice hormis quelques maigres picaillons dans l’escarcelle du percepteur. Et si ceux qui dépensent le dimanche sont ceux qui, quoiqu’il en soit, auraient dépensé la semaine largement plus que ce qu’ils achèteront le dimanche, où va-t-on ? Je sais bien qu’il y aura quelques politiciens qui iront serrer quelques mains dans les magasins ouverts mais cela sera sans incidence économique réelle. Et si ceux qui travaillent le dimanche ou, à l’inverse, font leurs courses sont ceux qui auraient regardé « Vivement dimanche » ou le sport à la télévision, la perte sera sèche en termes d’audience comme en capacité cognitive pour la Nation tout entière !
Donc, il faudra rigoureusement sélectionner tant les travailleurs que les acheteurs du dimanche : point de travailleurs au noir, point de paniers percés et moins encore de politiciens. Pour travailler ce jour-là, uniquement des feignants qui ne travaillent déjà pas la semaine (il en reste…) ou des anti-calotins enragés heureux de faire une cynique nique laïque aux calotiniques. Et pour dépenser ce jour-là, seulement des distraits qui ont oubliés de dépenser suffisamment la semaine.
On voit par-là que l’économie est l’affaire de tous.




[1] D’aucuns, à l’instar d’Ambrose Bierce, prétendent qu’après avoir créé le monde en six jours, il fut arrêté le septième pour agissements suspects. Nous nous tiendrons néanmoins à la version officielle.

jeudi 18 décembre 2014

Le cabot de Fortunio (24)

Résigné, il sort son portable et appelle sa femme. Et il a de la chance, il tombe sur son répondeur et lui débite un mensonge gros comme une maison.
-          Une vraie histoire à dormir debout ! Elle sera pas couchée ta gonzesse quand tu arriveras chez toi.
-          Je finirai bien par lui dire la vérité. Mais là je suis pris de court !
Nous roulons en silence jusqu’à Rochechouart. Livron réattaque :
-          Ecoute, Albert, je crois vraiment que c’est toi qui devrais aller lui parler.
-          Ah non ! Tu vas pas te dégonfler maintenant. C’est ton idée, c’est toi qui y vas !
-          Je sais, je sais, mais je te garantis, il vaut mieux que ça soit toi, avec moi elle va se méfier…
-          Et si moi je débarque comme un martien, tu crois qu’elle va pas se méfier ?
-          Ecoute, Fortunio, je vais te dire une chose, tu as une bonne tête et avec la tête que tu as-tu pourrais annoncer la fin du monde à qui tu veux, il serait heureux de l’apprendre et il te dirait merci. Tu vas voir cette femme, je suis sûr qu’elle te parlera…
-          Livron, tu serais pas un pourri, toi, quelque part ? Eh bien, on va voir, je vais aller la voir cette gonzesse et si j’en sors rien, tu vas en entendre parler. Et pendant un bon bout de temps en plus…
-          Bon, on est d’accord. Donc tu vas la voir et tu lui dis que tu as eu son adresse et son nom par Sadilon et que tu voudrais savoir si elle compte faire porter sa chienne auquel cas tu voudrais réserver un petit, une femelle par exemple. Pour l’adresse, tu diras que c’est Robico qui l’avait donnée à Sadilon et que tu es venu directement chez elle, sachant que c’est elle qui a le chien.
-          Un peu mince comme entrée en matière… et quand elle va me dire qu’elle n’a plus le chien ?
-          C’est là que ça deviendra intéressant, tu verras bien, je suis sûr que tu sauras y faire !
Il fait encore clair quand nous arrivons à Verneuil mais nous avons un peu de mal à trouver la maison de Martine Grebier. C’est effectivement une jolie maison en front de rue avec un vaste jardin sur l’arrière et sur les côtés. Je gare ma fourgonnette dans la rue principale, je laisse Flèche aux bons soins de Livron et me propulse vers la maison Grebier où je sonne. Je ne sais pas si j’ai l’air stressé lorsque Martine Grebier m’ouvre la porte mais elle éclate de rire en me voyant. Je m’attendais à voir une poule de luxe ou une dame hautaine et c’est une petite brunette qui fait très jeune, peut-être moins que son âge véritable.  Je pense à ce que m’a dit Livron et je lui dis que je viens de chez Sadilon et que j’aimerais lui parler de sa chienne. Là, elle fait aussitôt la tronche mais elle me propose d’entrer. Ce que je fais. Elle me fait signe de passer dans une cuisine arrangée à l’américaine. La table est mise et je vois que j’interromps son repas. Il flotte un parfum de bonne cuisine.
-          Qu’est-ce qui vous amène ici ? Je n’ai plus de chien ! me dit-elle.
-          Ah, Monsieur Sadilon m’a dit que vous…
-          C’est qui, monsieur Sadilon ? L’éleveur du Tarn ?

-          Mais oui, vous êtes allée chercher votre chienne Kara chez lui, dis-je.
(à suivre...)

dimanche 14 décembre 2014

Chronique du temps exigu (135)

Les vieilles amitiés s’improvisent, disait Georges Courteline. Et c’est bien ce qui nous arriva.
Tombé avec une échelle en posant une citrouille sur son toit, Iannis Psittakis ne dut son salut qu’à mon intervention efficace. On lui avait bien dit : si tu montes sur une échelle, tiens-toi bien ! Il se tenait donc à son échelle mais c’est celle-ci qui négligea de se bien tenir et ils tombèrent ensemble sur le sol. Dans la chute, le malheureux Iannis se prit la tête entre deux barreaux et il ne put s’en dégager une fois arrivé au sol, quelque peu contusionné. Il eut beau appeler à l’aide, nul ne l’entendit. Moi-même, je déambulais au guidon de ma cyclomotorette sur la côte Est de l’île de Guacamole lorsque mon moteur s’arrêta sans crier gare. Et c’est à ce moment-là que je perçus les cris de Iannis qui avait réussi à se servir d’un barreau de son échelle en guise de porte-voix (les échelles en aluminium ont des barreaux creux qui portent fort bien le son). Je me précipitai donc au secours de celui avec qui j’allais improviser une vieille amitié de ô combien d’années à venir. Tel le grand Zampano[1] brisant la chaîne de sa poitrine, j’écartai, à biceps-que-veux-tu, deux barreaux de l’échelle, libérant ainsi notre homme. Ce dernier me remercia chaudement, ce qui me permit de remettre en place les deux barreaux tordus. Iannis me raconta alors qu’il était à la recherche d’une voie professionnelle car le métier de poseur-de-citrouille-sur-son toit n’est guère rémunérateur et, comme on l’a vu, il est dangereux.
C’est là que notre rencontre fut déterminante pour lui car je fis observer qu’il avait une voie qui était sa voix de ténor du barreau (d’échelle, certes…). Vous avez bien reconnu en cela mon esprit d’à-propos, lui aussi d’ailleurs car malgré qu’il marchât en travers il se tourna sans hésiter vers des études de droit. Après quoi il s’inscrivit comme avocat au barreau de Guacamole dont il est même à ce jour le bâtonnier, ayant succédé au regretté avocat Mayonez.
Après cette aventure, je rejoignis le continent à marée basse car, comme vous le savez, Guacamole est une île à marée haute et une presqu’île à marée basse : on peut donc la rejoindre en cyclomotorette à pneu sec pour peu qu’on prenne le temps d’attendre le reflux.



[1] Dans « La strada » de Fellini, bien sûr !

jeudi 11 décembre 2014

Le cabot de Fortunio (23)

Cette fois, nous prenons effectivement le départ.
-          Ce mec ne me plaît pas, avec ses grands airs, dit Livron dans la voiture. Il a semblé déstabilisé quand tu lui as dit le nom de la chienne… tu as bien fait de ne pas lui dire que tu connaissais le nom du propriétaire supposé puisque maintenant nous savons pourquoi Madame Robico a répondu qu’ils n’avaient pas de chien.
-          En tout cas, il était prêt à la racheter pour une croûte de pain, si je peux dire… Tu sais, Livron, ça me fait un peu chier d’avoir un copain flic.
-          Quelque part, Fortunio, ça me rassure…
-          Ah bon, ça te rassure ?
-          Tu m’aurais dit : Livron, je t’aime, tu m’aurais fait peur. Un bon point. Tu m’aurais dit : Livron, j’aime les flics, j’aurais eu peur pour ta santé mentale. Deuxième bon point.
-          T’es sans doute pas un flic comme les autres…
-          Si. Mais moi je sais que je suis un flic comme les autres, j’ai conscience de n’être que ce que je suis.
-          Bon, admettons. Mais où en sommes-nous maintenant ? En résumé, on fait quoi à partir de ce petit peu qu’on a appris ?
-          Oui, résumons : Robico est l’ancien propriétaire d’une bagnole retrouvée en confettis sur la route des Copiaudes. Il l’a vendue à un soi-disant nommé Adso Demelk. On ne sait pas qui était au volant et, curieusement, en cherchant des restes humains on trouve un chien en parfait état de marche. Chien qui lui-même a été immatriculé, façon de parler, au nom de Robico. Rien ne prouve que ce chien ait été dans le véhicule mais les multiples contusions nous font penser que peut-être. Rien ne prouve que le conducteur s’en soit sorti indemne mais l’histoire de Bretonet nous font aussi penser que peut-être. Ce qu’il nous reste d’assez certain, c’est que ce chien a été acheté par Robico qui l’a offert à sa maîtresse qu’il avait l’intention de quitter.
-          L’intention…
-          Oui, je sais, c’est une hypothèse, une interprétation. Traitons-la comme un indice. Car c’est notre seul fil conducteur : donc il faut aller voir la maîtresse en question puisque nous savons où elle habite.
-          Et tu vas aller lui demander : « Bonjour Madame ou Mademoiselle, auriez-vous reçu un clebs en cadeau de rupture ? »
-          Non, c’est toi qui vas y aller, sans le chien bien sûr. Et tu vas lui dire que tu cherches Robico, tu lui inventes quelque chose, que tu es éleveur de snotemachin et que tu aimerais le rencontrer par exemple…
-          Et j’ai eu le nom de Madame comment ?
-          Ah ah ! Bien sûr mais tu lui diras que tu as eu son nom par Sadilon…
-          Elle ne lui a pas laissé son nom, il nous l’a bien dit !
-          Voilà, prêcher le faux pour savoir le vrai, ça c’est du travail d’enquêteur !
-          Et c’est bien pour ça que c’est toi qui vas y aller. On fonce sur Cahors, Brive et Limoges et on est chez la dame en question avant vingt heures. Je te dépose devant chez elle et j’attends pendant que tu enquêtes avec tes gros sabots…
-          Ça nous fait rentrer à minuit, cette histoire ! Bon, tu as sans doute raison. Pourtant, je persiste à croire que tu aurais été plus convaincant. Moi, j’ai du mal à ne pas avoir l’air d’un gendarme dans le civil.
-          T’as qu’à lui dire que t’es militaire dans l’armée de l’air… pilote d’essai dans une usine de suppositoire par exemple…
-          Bon, je vais appeler mon épouse pour lui dire que je rentrerai tard. Je ne sais pas quoi trouver comme prétexte…

-          Prêche-lui le faux et dis-lui de faire l’économie du vrai. C’est ça le travail d’enquêteur !
(à suivre...)

dimanche 7 décembre 2014

Chronique du temps exigu (134)

Le trente février de cette année (chronique 101), je vous parlais de ce viticulteur qui a dû affronter l’administration, certains de ses collègues et moult autres tenants de la raison rationnalisante, raciotinante, dominante et arrogante, qui lui intimaient l’ordre d’utiliser des produits chimiques sur sa vigne cultivée en biodynamie. Le procureur avait requis contre lui une peine de clémence, à savoir mille euros d’amende dont la moitié avec sursis, ce qui voulait dire que s’il s’entêtait à ne pas obéir aux injonctions administratives il devrait payer l’amende en sa totalité ainsi que les frais de justice. Ce vigneron vient d’être relaxé, je me félicite de la clairvoyance du juge.
Réjouissons-nous donc d’apprendre que, dans notre pays il est encore possible de pratiquer une agriculture d’expérience et d’observation, une agriculture qui prend le temps de suivre la nature et qui prend le risque de ne pas polluer.
D’après certains journaux pourtant, même ce que l’on appelle la filière bio s’était désolidarisée du vigneron : cela n’est pas étonnant car un certain nombre des agriculteurs qui sont aujourd’hui en agriculture biologique étaient encore il y quelques années des tenants du tout chimique et ne sont venus à la bio que par intérêt pour un créneau qui leur semblait porteur… certains reviendront peut-être à cette agriculture chimique lorsque la vague refluera !
Il faut du courage pour se battre contre les parasites des cultures en évitant d’utiliser les produits miracles des marchands de chimie. C’est une bataille difficile, il faut observer, travailler, réfléchir et courir des risques. Ces parasites sont naturels et il y a des moyens naturels pour les combattre. Tous les paysans qui pratiquent une agriculture saine le savent. Et le pire des parasites qui les menace est bien le parasite administratif, judiciaire ou médiatique. Contre ces parasites, il n’y a que la solidarité de ceux qui aiment le travail bien fait et les aliments sains, quitte à ce que le bruit qu’ils font agace les oreilles des bourgeois et des bien-pensants.
Ayons une pensée émue pour ces pauvres fabricants de produits « phytosanitaires » qui risquent de ne plus vendre non seulement leurs traitements chimiques mais aussi les remèdes et antidotes nécessaires en cas de pollution. Car bien sûr ce sont souvent les mêmes qui produisent le remède contre le mal, puis le remède contre le remède et ainsi de suite…

On voit par-là que ma santé n’est pas le féminin de mon santôt.

jeudi 4 décembre 2014

Le cabot de Fortunio (22)

-          Un instant, messieurs, je pense tout à coup, attendez que je réfléchisse…
Livron se retourne pendant que je fais monter Flèche dans mon véhicule.
-          Tout de même, ce nom, Kara, il est possible que ce chien vienne de chez moi. Vous savez, je ne me souviens pas de tous les noms, l’année passée était une année en K et j’ai une chienne qui a eu une portée de neuf chiots, tous bien vivants. J’ai appelé les six femelles Kara, Kata, Kama, Kada, Kala et Kaba peut-être… je ne sais plus très bien. Je pourrais vérifier sur mes livres. Laissez-moi votre numéro, je n’ai pas le temps maintenant mais ce soir ou demain, si vous voulez vraiment savoir…
-          Et si on allait voir tout de suite ? propose Livron.
-          Je n’ai pas le temps, je dois aller…
-          Vous savez, on est pas des agents du fisc, on s’intéresse pas à votre comptabilité, on veut pas savoir si vous avez vendu ce chien trois-cents ou trois-mille euros. On aimerait juste savoir qui a acheté ce chien…
Le nommé Sadilon regarde Livron de l’œil du gars qui a vu une merde sur le trottoir mais mon Livron ne se dégonfle pas et le toise sans ciller.
-          Allons, allons, dit Sadilon, on va aller voir, suivez-moi.
Il nous fait entrer par une porte latérale donnant dans un petit bureau. Il ouvre une armoire à classeurs, trifouille un peu dans un classeur, fait mine de ne rien trouver puis prend un cahier d’écolier qu’il se met à feuilleter. Puis il reprend la parole :
-          Voilà, je me souviens. Le chien a été acheté par un nommé Robico qui est venu me le régler sur place. Mais c’est une dame qui est venu le chercher, en fait c’était un cadeau, je pense que cette dame n’était pas sa femme…
-          Qu’est-ce qui vous fait penser cela ?
-          Il portait une alliance. Elle n’en portait pas… Et puis, j’ai bien cru comprendre… je dirais même, enfin ça va vous paraître bizarre… comme un cadeau de rupture…
-          Un cadeau de rupture ? dis-je, incrédule.
-          Vous savez, ce ne serait pas la première fois, en quelque sorte un chien de remplace-amant ! Ah, j’ai vu aussi une dame qui a offert un chien à son mari pour l’occuper pendant qu’elle était chez son amant. Il paraît que c’est très efficace !
-          C’est cette dernière qui vous l’a raconté ? demandé-je.
-          Ah ah, non, c’est son amant, je le connais bien et c’est lui qui avait donné le conseil à la dame…, répond-il d’un air gêné.
-          Le marketing fait feu de tout bois, commenté-je. Mais la dame vous a-t-elle donné son nom à elle ?
-          Non, elle a été un peu déçue quand elle a vu que le chien n’était pas à son nom pour les papiers vétérinaires, mais elle était emballée par le chien. Comme presque toujours quand les chiens sont petits, évidemment. Voilà, c’est tout ce que je peux vous dire : Robico, ah oui, à Verneuil en Charente, c’est l’adresse qu’il m’a donnée.
-          Eh bien voilà, finalement vous en savez des choses, dit Livron. Merci beaucoup, Monsieur Salidon, on ne va pas vous retarder plus maintenant !

-          Au revoir, messieurs, tout le plaisir fut pour moi, répond-il d’un ton sarcastique.
(à suivre...)