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dimanche 24 novembre 2013

Chronique du temps exigu (87)


Le sport serait, paraît-il, bon pour la santé. On peut le croire, tout au moins pour ce qui concerne la santé physique. Pour ce qui est de la santé mentale, on manque cruellement de statistiques.
Le sport serait aussi, paraît-il toujours, bon pour l’économie. C’est en tout cas ce que prétendent de distingués spécialistes de la chose pour qui une défaite de l’équipe de France de football se traduirait par 1,5 point de PIB en moins. Chiffre d’une simplicité merveilleuse pour qui ne sait pas que le PIB est une invention fictive et subjective d’économistes imaginatifs. Une défaite de cette équipe mettrait en péril, toujours d’après les experts, les recettes de la première chaîne de télévision française (première par le numéro…), celles des vendeurs de récepteurs de télévision, des cafés et des marchands de pizzas ainsi que celles des paris en ligne.
Mais alors, me direz-vous avec cette acuité intellectuelle qui est la vôtre, rien que des bonnes nouvelles ! Un monde sans TF1, sans télévisions, sans bistros sportifs, sans pizzas décathloniennes et sans paris en ligne ne serait-il pas béni des dieux ? Certes, je vous le concède, vous avez bien raison. Toutefois, et cela n’est pas rien, nous nous verrions privés d’un fait culturel irremplaçable et sans égal : la poésie sportive.
Les médias regorgent d’aèdes chantant les mérites (et démérites) de nos athlètes nationaux. Car que serait un athlète qui ne serait point national ? A peine un gymnaste solitaire. Il ne manque pas de nouveaux Pindare pour célébrer la beauté et la hardiesse des gladiateurs modernes. Et c’est toute une génération spontanée de chantres qui, par le dithyrambe ou la tragédie, mettent en musique les exploits ou les déconfitures des Milon de Crotone ou des Léonidas de Rhodes des temps nouveaux. La poésie sportive est à la poésie ce que le gémie est au talent : le sport est l’étincelle qui fait briller les muses dans le ciel du Parnasse !
Aussi, je vous livre un extrait de ma lecture de la presse locale, dans les pages « Sports » des DNA du 19 novembre:
« S’ils veulent éviter des funérailles nationales à seulement quelques encablures de la nécropole des Rois de France, Z.[1] et ses partenaires vont devoir ressusciter un authentique état d’esprit. Et c’est bien là que se situe le problème. Là que se nouent les fils de l’inquiétude entourant cet ultime rendez-vous censé propulser les XWV [2] vers le Brésil.
Saint-Denis, cité de la peur aux murs tapissés d’angoisse et de tension où Y.[3] et sa bande sont invités à sortir la décolleuse à papier-peint. »
C’est beau comme du Bossuet, comme du Malraux, comme du Drucker ! L’alliance sacrée du luth et de la lutte…
On voit par là que, si la défaite a un coût, la victoire est impayable.




[1] [1] Pour préserver l’anonymat des personnages, les initiales ont été changées, cette chronique étant écrite avant le match fatidique et crucial.
[2] Voir note précédente.
[3] Voir note précédente.

dimanche 17 novembre 2013

Chronique du temps exigu (86)

« Les nations, comme les hommes, meurent d’imperceptibles impolitesses. »

C’est une phrase de Jean Giraudoux dans « La guerre de Troie n’aura pas lieu » et l’on comprend que depuis cette époque, nos nations n’en finissent pas d’agoniser.
De nos jours, nombreux sont ceux qui s’emploient à accélérer cette agonie et l’on voit dans le milieu politique des élus qui, à force de ne plus respecter l’autre, ne se respectent même plus eux-mêmes. Ils parlent d’identité quand la leur est plus souillée de leurs excréments verbeux que le fond d’une fosse à fumier. Et, sans barguigner, les journalistes leur emboîtent le pas. Non seulement un journal d’extrême-crasse dont on a pu penser qu’après l’avoir lu on avait la nausée et les mains sales mais encore les journaux et médias sans opinion particulière qui professent une objectivité imaginaire et se targuent de compétences invérifiables.
L’on entend souvent dire que les jeunes d’aujourd’hui… les français non de souche… sont responsables d’incivilités et même de délinquance. Mais regardons en face les responsables de la nation, à quelque niveau que ce soit : bon nombre d’entre eux ont autant de mépris pour leurs administrés que pour eux-mêmes. Et ce mépris transpire par tous les pores de leurs peaux tavelées par l’impéritie. Tant que ces petits ou grands bourgeois bouffis et insolents ne se repentiront pas, tant qu’ils ne changeront pas, tant que l’on n’en changera pas, il y aura de la délinquance et des incivilités. Ils donnent l’exemple, ils montrent la voie, et après cela ils pleurent sur le manque de rigueur de la Justice alors que c’est eux qui devraient croupir de temps à autre dans les geôles de la république, république dont ils chantent les valeurs qu’ils foulent allègrement aux pieds.
Alors, tous pourris ? Je n’ai pas dit cela mais j’ai dit qu’il faut regarder les choses en face. Ces comédiens qui crachent au plafond et s’émeuvent ensuite de la pluie qui en résulte sont les vrais étrangers en situation illégale dans notre pays : ils en méconnaissent la culture, les valeurs et les idéaux historiques.

On voit par là que l’immigration nous vient de l’intérieur.

dimanche 10 novembre 2013

Chronique du temps exigu (85)

« Tous les glands ne font pas des chênes. » (Proverbe bigourdien)
Je dirais même plus : loin s’en faut, nous en voyons les preuves tous les jours. En effet, si tous les glands devenaient des chênes, bien des villes, des villages et des hameaux seraient déjà d’épaisses forêts. Et cela produirait bien plus de glands encore alors que notre monde en est déjà largement pourvu. Toutefois, cela ne les empêche pas de se reproduire entre eux et comme le dit très justement l’adage latin : glandus glandum prolificat.
Peu nombreux sont celles et ceux qui peuvent me dire que nous avons gardé les cochons ensemble car, lorsque je gardais les cochons, j’étais souvent bien seul et j’avais beaucoup de mal à leur faire réintégrer leur logis. Mais une chose est certaine, c’est qu’une truie, un verrat ou un porcelet qui arrive à passer sous un chêne à l’automne y reste un bon bout de temps afin de se repaître de ses fruit. Mais rappelons que les pourceaux ne sont pas vraiment à l’affût de nourritures intellectuelles.
Néanmoins, si ce fruit est un délice pour les uns, le gland à deux pattes est totalement immangeable et même nuisible pour la santé. Vous le trouvez accroché à un écran de télévision, dans les stades, faisant la file devant un fast-food,  au milieu des routes avec son camping-car ou son rutilant 4X4, pérorant ici ou là, toujours sans esprit et sans grâce. Il y a le gland républicain, le gland souverainiste, le gland syndicaliste, le gland laïc, le gland prosélyte aussi et cette liste n’est guère exhaustive car le gland est international, contagieux et autosuffisant. Le gland à deux pattes, c’est l’impasse de l’évolution, le chagrin des dieux et la tristesse de l’intelligence. Pourrissant au sol, il ne devient pas terreau mais contamine tout ce qui l’entoure et sa descendance est ravagée par la conglandinité, Et pourtant, il y en a qui osent prétendre qu’on ne naît pas gland mais qu’on le devient !


On voit par là que plus c’est gland, plus c’est bête.

dimanche 3 novembre 2013

Chronique du temps exigu (84)

 Ce dimanche, j’avais préparé  une chronique dans le style un peu désabusé, le genre de billet qui, élaboré dans un délire obsidional, sort tout droit de la barbacane de ma web-citadelle. Toutefois l’arrivée des gracieuses chanterelles d’automne m’a détourné de ces basses préoccupations. Elles se dissimulent au creux des mousses, sous le couvert des fougères, discrètes dans leur brun légèrement foncé mais leur pied, à la cueillette apparaît d’un jaune brillant. Elles poussent en bandes buissonnières et étirées, parfois planquées à l’ombre d’un tout jeune arbre, au creux des souches et près des bois en décomposition qui nourrissent la terre des forêts. Tôt le matin, elles émergent du couvert de feuilles, au son du travail assidu du pic-vert et quand biches et chevreuil tendent le mufle haletant vers les fourrés au creux desquels ils passeront la journée.
De même, les noires trompettes de la mort, au nom si redoutable mais au goût si agréable, garnissent le pied des hêtres et ouvrent leur sombre corolle en attendant le ramasseur éclectique et gyrovague qui viendra les saluer et les inviter à partager sa table. Elles se mangent fraîches, en omelettes ou en sauce mais aussi on peut les faire sécher sur une clayette ou suspendues en élégantes guirlandes, enfilées à la suite par le pied et tête en bas. Quant à l’éclatant lactaire sanguin, il vient en taches serrées étendre ses corolles au bord des chemins, comme pour tenter le promeneur.

Et enfin, ici ou là, une fluorescente girolle se montre encore, quelque pied-de-mouton au revers de velours, un ou l’autre bolet, cèpe ou gracieux clitocybe surgissent à nos pieds.

On verra la semaine prochaine que le champignon n’est pas le plus vénéneux des hôtes de nos bois.