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dimanche 30 janvier 2022

Contes et histoires de Pépé J II (19) Chaînon manquant

Oreilles attentives de Guyenne et Gascogne, bonjour. D’aucuns, ayant lu Darwin ou en ayant entendu parler, pensent qu’au fil de notre longue évolution il manque quelque chose à cette longue chaîne qui descend des protozoaires en passant par le singe jusqu’à l’humain. En effet, il leur semble qu’entre nous et les grands singes, il manque un échelon, une marche, un maillon. Et c’est ce qu’ils appellent le chaînon manquant. Je me dois de reconnaître qu’il m’est bien souvent arrivé, en fréquentant certain de mes contemporains, de penser trouver chez eux l’une ou l’autre trace d’origine simiesque, soit dans leurs aptitudes physiques, soit dans leurs formes de pensées, soit encore dans les deux à la fois. Toutefois, cela ne me permet en aucun cas d’imaginer qu’ils représentent un pont entre l’humain et le singe car je les imagine plus sur l’autre rive du fleuve qui nous sépare.


Mais ce ne sont là que supputations et ce qui devrait nous intéresser maintenant ce sont les nouveautés que les démagogues du lexique veulent nous imposer. Vous aurez compris que je veux parler non pas du chaînon manquant mais du pronom manquant qu’un négociant en dictionnaire croit avoir trouvé pour se faire bien voir des bobos et des bien-pensants. Je ne citerai pas le nom de ce boutiquier du lexique, je ne citerai pas plus le pronom en question pour ne salir ni ma plume ni ma langue.


Je vais vous rappeler ce que, déjà en février 2016, j’écrivais dans mes chroniques :

Ce qui est intéressant, c’est de voir que notre langue change sans se soucier des contraintes réglementaires et que ceux qui veulent la domestiquer sont toujours à la traîne ou à côté de la plaque. A ma droite, l’Académie qui freine des quatre fers, au centre le gouvernement qui légifère et à ma gauche les fabricants de dictionnaires, toujours avides de démagogie, qui glissent dans leurs colonnes quelques expressions de verlan des cités pour se faire bien voir des bobos et des zélateurs des banlieues. Finalement, ceux qui veulent nous imposer leur langue se considèrent comme des dominants, qu’ils soient en habit vert, écharpés de tricolore ou rappeurs casquettés à l’envers. La bataille pour l’orthographe est une partie de la bataille des idées. L’alliance entre ces trois groupes conduit à créer une culture hégémonique bâtarde issue de la bourgeoisie et mâtinée par la langue des cités. Le meilleur exemple de cette domination est bien l’entrée de l’expression « triple A », instrument de la dictature de la finance sur le monde d’une part, et celle de la « beuh » outil de l’empire de la drogue et de ses suppôts d’autre part.


Ce n’est donc pas d’hier que date cette frénésie totalisante qui, si elle n’était que lexicale, serait bénigne. Mais il y a derrière cela une police de la pensée et des commissaires politiques qui cherchent à nous soumettre à leurs oukases de tsars autoproclamés.


Donc, puisque chacun peut y aller de son petit pronom, je vous soumets un vrai pronom manquant, un pronom qui ne désignerait personne ou plutôt qui représenterait l’absence, un pronom authentiquement impersonnel, ce serait le pronom « ul » qui ne désignerait ni une personne, ni un animal, ni une chose. En définitive, un mot que nul n’aurait besoin d’utiliser et qu’on n’aurait même pas besoin de mettre dans le dictionnaire. Celui auquel tous penseraient sans jamais le prononcer.


On voit par-là qu’il ne faut pas avoir la tête ailleurs et qu’il faut se méfier du gros dictionnaire.




jeudi 27 janvier 2022

Dernier tableau (61)

– Tu verras bien. Tu lui as raconté toute ta vie alors ?

– Non pas, voyons. Et puis, cela ne l’intéressait quand même pas. Je lui ai un peu raconté ma vie. Et toi alors ?

– Moi, comme je te l’ai dit, j’ai rencontré le maire, la femme de monsieur le maire et le député. Je crois que je vais faire une expo ici sur Saint-Lambaire, mais dans une belle salle, à côté de la mairie. Pour cela, Renato, c’est un chef, il sait parler aux gens qui comptent. C’est lui qui a engagé la conversation, qui a su parler à Madame Le Blévec. C’est son métier d’ailleurs. Bon, on passe à table ou tu veux un peu plus de Muscat ?

– Allons à table, répond Hervé.


Sara indique sa place à Hervé et ils s’assoient. Le repas est simple, mais ils discutent longuement et vers dix heures, Hervé parle de s’en aller.


– L’autre jour, tu semblais vouloir me suivre chez moi et aujourd’hui que tu es dans la place, tu es bien pressé de partir ! Soit, dit Sara en se levant.

– Je ne me sens pas pressé mais il se fait tard et j’ai du chemin à faire…

– C’est bien pour cela qu’il vaut mieux que tu passes la nuit ici, je ne voudrais pas que tu prennes froid en courant les rues, répond-elle en souriant.


Il la prend dans ses bras et ils restent longtemps à s’embrasser, debout à côté de la table.


– Viens, lui dit-elle.


Il la suit dans sa chambre. Elle se déshabille et il en fait autant. Ils plongent tous deux dans le lit et s’enlacent. Ils se caressent encore et encore.

à un moment, ils entendent, dans la rue, une voiture qui fait un demi-tour bruyant. Sara saute du lit et court, nue, vers la fenêtre qui donne sur la rue.


– C’est Renato, tu ne peux pas rester là, je t’expliquerai, il est jaloux comme un tigre, ce con !

– Bon, dit Hervé en se levant et en enfilant son slip, je vais me planquer dans ton atelier pendant que tu vas lui ouvrir.

– Non, impossible, il a une clé, il va monter d’un instant à l’autre, il faut que tu sortes par ici, dit-elle en ouvrant la porte-fenêtre qui donne sur un balcon.


Elle montre à Hervé, toujours en slip, le rebord du balcon, surmonté d’un grillage en mauvais état. à côté, se trouve le balcon de la maison voisine. En enjambant le grillage, il y a peut-être moyen d’y poser le pied et d’y atterrir. Hervé regarde, incrédule.


– Allez, vas-y, tu ne peux pas rester ici, je vais te lancer tes vêtements, supplie Sara.

– Tu es sûre qu’il arrive ? demande Hervé, peu motivé.

– Barre-toi, merde, répond Sara en le poussant vers le rebord.


Hervé monte sur le rebord et enjambe le grillage, bénissant l’idée qu’il a eue d’enfiler son slip. Il arrive à tendre la jambe et à la poser sur le rebord du balcon voisin. D’une poussée, il se propulse et y atterrit. Il est encore accroupi qu’il reçoit sur la tête ses vêtements que Sara lui a envoyés en ballot. Et il est à peine remis qu’il prend sur le crâne ses chaussures. Il ramasse le tout et se planque dans l’encoignure que fait la porte-fenêtre qui donne sur le balcon. Il entend Sara fermer sa porte-fenêtre et il s’habille en vitesse sans toutefois enfiler ses chaussures. Il tente doucement d’ouvrir la croisée qui par chance n’est pas verrouillée. Il entre sur un large palier qui donne sur un escalier. Il entend non loin un ronflement dans une chambre au même niveau et un peu plus loin une télévision au rez-de-chaussée. Il descend doucement l’escalier, ses chaussures à la main, après avoir repoussé la porte-fenêtre. Il entend plus nettement la télévision. Arrivé en bas, il se trouve face à une porte qui semble bien être la porte d’entrée. Il marque un temps d’arrêt, tout parait calme. Il appuie sur la poignée et tire sur la porte qui s’ouvre.

(à suivre...)

dimanche 23 janvier 2022

Contes et histoires de Pépé J II (18)la bête du Gévaudan

Oreilles attentives de Guyenne et Gascogne, bonjour. Après vous avoir parlé dernièrement du roman « La rose et le lilas » de Jean Anglade, voici maintenant l’histoire de la bête du Gévaudan telle qu’il la raconte dans ce roman.

« L’histoire – ou la légende – est pleine d’étrangetés. Elle commence en 1764 au village des Ubas en Vivarais, où une fille de quatorze ans a été mangée par une bête sauvage. Dès ses débuts, celle-ci fait preuve d’un extraordinaire appétit. Ensuite, ses attaques se multiplient et se répandent, si bien que trois mois plus tard elle est accusée de treize égorgements. Les témoins la décrivent comme un animal si léger à la course qu’il se montre dans la même journée à des distances considérables, et reparaît dans l’endroit d’où il était parti. Il a une tête très grosse, allongée comme celle d’un veau, mais terminée en museau de lévrier ; le poil rougeâtre, rayé de noir sur le dos ; les jambes de devant un peu basse ; la queue large, longue et touffue. Il court en bondissant, les oreilles dressées. Quand il chasse, il rampe. Lorsqu’il est à proximité de sa proie, il s’élance sur elle et entreprend de la dévorer. On remarque qu’il s’attaque de préférence aux femmes, aux jeunes filles, aux enfants ; qu’il les étrangle, leur dévore le cou et la poitrine, qu’il enfouit même quelquefois le reste du corps dans la terre, comme s’il voulait se ménager des réserves pour la saison froide.

Un jour, des hommes s’arment de fourches, de piques, de couteaux. Ils font une grande battue aux environs de Langogne et annoncent à leur retour qu’ils ont tué la Bête, dont ils rapportent le corps. Le curé, consulté, affirme qu’il s’agit d’une hyène, animal africain, réputé pour sa férocité, venu dans le Royaume on ne sait comment. On allume des feux de joie. Or voici que quelques jours plus tard, elle reparaît dans un autre coin du Gévaudan et attaque d’autres personnes. Explication : elle est simplement ressuscitée ! Il faut que ce soit une créature du diable.

Elle a aussi d’étranges habitudes. Elle comprend le langage des humains. Alors qu’un paysan, la voyant au loin, a crié à sa fille en patois : « Marie-Anne, apporte moi la hache ! », la Bête a fui sans insister. Une autre fois, elle a déshabillé une fille de 17 ans, lui a détaché la tête,a recouvert le corps de ses vêtements, remis la tête en place, coiffée de son bonnet ; le tout si bien arrangé qu’en la découvrant on a pensé qu’elle dormait. On suppose qu’au lieu de bête, il s’agit d’un homme déguisé, un sadique avide de chair fraîche. A moins que ce ne soit un être à double nature, de l’espèce loup-garou.

L’évêque de Mende ordonna à tous les prêtres de son diocèse de faire des prières publiques. Il souligna que les malheurs des hommes ne peuvent être qu’une conséquence de leurs péchés. Il accusait spécialement la jeunesse gévaudanaise de dérèglements, s’en prenant surtout aux filles et aux femmes dévergondées : « Ce sexe, dont le principal ornement fut toujours la pudeur et la modestie, semble n’en plus connaître aujourd’hui. Il cherche à se donner en spectacle en étalant toute sa mondanité ; il se fait gloire de ce qui devrait le faire rougir. On le voit s’occuper à tendre des pièges à l’innocence, à usurper un encens sacrilège et à s’attirer, jusque dans nos Temples, des adorations qui ne sont dues qu’à la divinité... » Tout s’expliquait : si la Bête s’en prenait particulièrement aux dames et aux demoiselles, c’est qu’elles avaient trop laissé deviner sous leurs vêtements la forme et le volume de leur poitrine !

Les colporteurs vendaient des images imprimées à Epinal, qui représentaient la Bête sous les traits les plus horrifiques. Ardamment combattue dans le Gévaudan, elle passa en Auvergne, où elle fitaussi de nombreuses victimes. Ses méfaits touchèrent le coeur du jeune marquis de La Fayette ; âgé de huit ans, il manifesta le désir de se joindre aux chasseurs. Il voulait être le saint Georges de l’Auvergne.

Tout fut tenté pour venir à bout du monstre. Y compris des potions magiques. On essaya de l’appâter au moyen d’une femme artificielle remplie de poison. On employa un mouton habillé en bergère tandis que des chasseurs se dissimulaient. En désespoir de cause, on fit appel au Roy qui avait des pouvoirs spéciaux reçus de Dieu. Louis XV envoya tout un corps de louvetiers ; ils pratiquèrent des battues sans résultat. C’est alors que leur route croisa celle des Chastel.

Une étrange famille. Le père, Jean, surnommé le Masque (le Sorcier), et ses deux filsavaient la réputation d’être des meneurs de loups. Ils avaient le pouvoir, la patience, l’adresse de se faire obéir de ces fauves. Quel lien pouvait exister entre eux et la Bête ? Nul n’est en mesure de répondre. J’en reparlerai.

Les louvetiers royaux furent assez heureux pour abattre un énorme loup dans les bois appartenant aux religieuses des Chazes, dans la vallée de l’Allier, en amont de Brioude. Sa dépuoille fut transportée à dos d’âne d’abord jusqu’à Clermont. Sa puanteur était si forte que, tout le long du chemin, les chiens des fermes hurlaient à la mort. Elle fut un moment exposée place d’Espagne où les Clermontois purent avec horreur la contempler. Trois chirurgiens l’embaumèrent et l’empaillèrent. Elle prit ensuite la route de Versailles. Le Roy lui-même admira une si belle pièce et se frotta les mains, disant : « Enfin la bête du Gévaudan et de l’Auvergne est morte ! Dormons sur nos deux oreilles et n’en parlons plus ». Il décora le grand louvetier, lui décerna une pension de mille livres et le droit de placer la Bête dans ses armoiries.

Or il fallut en reparler car quelques semaines plus tard, une fois encore, la Bête ressuscita. Louis XV ne voulut plus rien savoir d’elle : « J’ai décrété qu’elle est morte. Donc elle ne vit plus. »

Pendant deux années, les Gévaudanais et les Auvergnats durent poursuivre leurs battues et la tuer encore cinq ou six fois. Jusqu’au jour où Jean Chastel fit bénir trois balles de plomb qu’il avait fondues lui-même. Près du village d’Auvers, en 1767, la Bête avait été signalée dans es bois de la Ténazeyre. Un matin, le Masque s’y trouvait aussi, comme par hasard. Son fusil près de lui, à genoux, il lisait dans un missel les litanies de la Sainte Vierge. Or, levant les yeux, il vit la Bête à cinquante pas de lui, assise sur son derrière, le considérant comme un chien considère son maître. Il prit le temps de finir sa prière, referma le livre, replia ses lunettes, les mit dans leur étui et dans sa poche. Tout cela sans la moindre hâte. Puis il empoigna son fusil, épaula, visa, tira. Elle tomba sur le flanc. Et lui de s’écrier : « Bestia ! N’en mandjaraz pas puz ! Bête ! Tu ne mangeras plus personne ! »

Espérant recevoir du Roy les mêmes récompenses que le grand louvetier, Chastel mit le corps dans une caisse et partit pour Versailles. Après un mois de voyage en plein été, ce n’était plus qu’une horrible charogne qui fit reculer Louis XV : « Il y a deux ans que la Bête du Gévaudan n’existe plus. Qu’on enlève cette ordure et qu’on l’enterre. »

Chastel rebuté retourna dans son pays. Il y termina ses jours dans la paix grâce à la générosité de l’évêque de Mende qui lui accorda une pension de 40 sous par jour, le prix de deux livres de pain. Et plus jamais la Bête ne se donna la peine de ressusciter... »

C’est tout et c’est une vraie histoire.




jeudi 20 janvier 2022

Dernier tableau (60)

 

Oh, tu sais, ce n’est pas très long à lire. Je te dirai que je l’ai reçue ce matin et je l’ai déjà lue. Il fait une biographie de Leyden, puis un inventaire « non exhaustif » de ses œuvres suivi d’une bibliographie concernant les livres qui parlent de Leyden. Je l’ai lu dans l’après-midi, je te la fais passer dès que tu veux. Il est peut-être un peu tard pour te dire de venir la chercher ce soir, quoiqu’il ne soit pas encore six heures. Si tu la veux ce soir, tu peux manger ici, un peu à la fortune du pot, mais ce sera avec grand plaisir…


Hervé n’ose pas refuser, il se dit qu’elle sait s’y prendre, la garce, pour l’attirer chez elle, mais en même temps, c’est bien aussi ce qu’il espérait…


– Si c’est comme cela, je finis mon café et je chausse mes bottes de sept lieues pour venir chercher cette monographie. Et nous discuterons de cette randonnée.

– Bien sûr, alors je t’attends ?

– J’arrive, Sara, à tout à l’heure.


Il raccroche, finit son café et se prépare à partir. Il s’habille et sort discrètement de la maison afin de ne pas tomber sur Édith.

Il descend jusqu’au square Tocqueville, prend le boulevard puis la rue Onfray. Au numéro 27, il sonne et Sara vient lui ouvrir. Elle porte à nouveau la robe coupée dans un rideau, mais avec de légères sandales au lieu des lourdes Doc’ Martens qu’il lui avait déjà vues.


– Ah, je te fais marcher ! Mais tu aimes ça, non ?

– En effet, Sara. La preuve c’est que je suis là, vous le voyez…

– Entre, nous allons prendre un petit apéritif, tu verras que j’ai mis les petits plats dans les grands.

– Alors, comment allez-vous depuis hier ? demande-t-il en montant l’escalier.

– Oh, hier ! Je suis vraiment désolée, nous sommes partis sans te dire au revoir. Tu sais, je vais pouvoir faire une expo, une exposition, ici à Saint-Lambaire. Madame Le Blévec veut vraiment que j’expose. Elle va venir visiter mon atelier et ira à Morlaix, chez Lautort. C’est quelqu’un qui a du goût pour la peinture, j’en ai l’impression en tout cas. Pour tout dire, c’est elle qui le veut, son mari lui n’est pas très chaud. Mais je crois que cela pourrait marcher. Le député aussi trouve que ce serait une bonne idée. Bon, on verra. Tout cela pour dire que la discussion a duré un petit temps avec les Le Blévec et monsieur Lepetiot. Quand on a été prêts à repartir, je t’ai cherché et je ne t’ai plus vu. Tu es sans doute parti avant nous…

– Oui, j’ai discuté avec plusieurs personnes dont un journaliste qui m’a invité à déjeuner.

– Ah, mais alors, tu voulais voler la vedette au maire et au député ?

– Pas du tout, le journaliste avait déjà vu les officiels, il est revenu vers moi une fois son boulot terminé et il m’a invité au restaurant.

– Assieds-toi, que veux-tu boire ? Je te propose un Frontignan, ou alors classiquement whisky ou pastis.

– Eh bien, va pour un Frontignan s’il est frais, répond Hervé en s’asseyant dans le canapé.

– Il est frais, regarde en face de toi sur la table basse, tu as l’opuscule de Monsieur Estrade sur Leyden.

– En effet, Artur Leyden, une vie, une œuvre. Je peux donc le prendre, vous l’avez lu ?

– Oui, je l’ai lu, mais si tu continues à me vouvoyer alors que je te tutoie, on n’en finira pas, arrête cela s’il te plait, dit Sara en tendant un verre à Hervé.

à ta santé, dit-il en tendant son verre.

à la bonne heure, répond Sara. Alors, tu as mangé avec ce journaliste ? Il a dû chercher à te tirer les vers du nez, non ?

à quel sujet ? Lui, ce qui l’intéresse, à ce qu’il m’a dit, c’est de rencontrer des gens sur place, de savoir pourquoi ils sont là, de comprendre leurs motivations…

– Tu ne lui as donc pas dit que toi aussi tu possédais un Leyden ?

– Si, je le lui ai dit, mais je lui ai aussi dit que je ne voulais pas qu’il en parle dans son article.

– Demander cela à un journaliste, c’est lui demander l’impossible. Tu as intérêt à lire son journal pour voir s’il a été capable de tenir sa parole.

– Je compte bien lire son article, mais je crois que je peux lui faire confiance.

(à suivre...)

dimanche 16 janvier 2022

Contes et histoires de Pépé J II (17) Professeur Papillon

Oreilles attentives de Guyenne et Gascogne, bonjour. Il est bon de signaler que je m’adresse à tous ceux qui m’écoutent et que, contrairement à certains en haut lieu, je ne fais pas de différence entre les citoyens de notre région ou de notre pays. Nous savons que les libertés que prennent nos dirigeants menacent notre propre liberté mais pour autant je ne me sens pas le droit de les exclure de notre communauté de citoyens. De plus, nos dirigeants font souvent preuve d’indulgence envers les délinquants les plus agressifs sans pour autant déclarer que ces gens ne sont plus des citoyens. Donc, essayons de raison garder de notre côté, de leur côté c’est pas gagné. Et que les plus intelligents fassent preuve de calme, tant en paroles qu’en action.

J’ai, jusqu’à présent, réussi à ne pas parler de ce qui agite les beaux et les moins beaux esprits, les média et le microcosme de nos dirigeants. Je ne commencerai donc pas aujourd’hui.


Comme disait le sage, la peur n’écarte pas le danger mais, comme disait l’autre benêt, des peureux, il s’en sauve toujours quelques uns. Il est difficile donc de trancher entre le sage et le benêt et, pour cette raison, je ne le ferai pas non plus aujourd’hui.


Mais alors, de quoi pourrai-je parler, de quoi sera faite cette chronique dans ce monde où il semble qu’un seul sujet passionne une foule de gens ? La pluie et le beau temps ? Ah non, on est en hiver et laissons le temps au temps car le temps fait pas et faut pas s’en faire.


Ce matin, me promenant comme d’habitude… attention, je ne me promenais pas, je pratiquais une activité qualifiée de physique, à savoir la marche à pied. En effet, il est important de bien distinguer, de nos jours, la simple balade de la vraie activité physique qu’est la marche. Et pour qui faut-il faire le distinguo ? Ah ah, suivez mon regard !

Donc, je pratiquais mon activité physique lorsque, par le plus grand des hasards, je rencontrai mon ami le professeur Papillon. Il est vrai que je ne l’avais pas vu depuis bien longtemps et c’est pour cette raison que je ne vous ai plus parlé de lui pendant près de deux ans, sinon plus. Tout à ma joie, je lui souhaitai l’année nouvelle, qu’elle lui soit longue et admirable et ensuite m’enquis de ses activités actuelles.

- Mon cher ami, me dit-il, si vous saviez ! Je viens de découvrir la formule d’une panacée universelle pour toutes les maladies !

- Vous m’en direz tant, lui répondis-je. Et, peut-on savoir comment vous découvrîtes cela ? Vous avez dû en faire, de sacrées recherches !

- Mon cher ami, vous devez savoir que j’ai depuis longtemps arrêté de chercher pour me mettre à trouver, c’est une occupation nettement plus intéressante. Ainsi, je découvris, sans chercher, que l’eau, oui aqua simplex, est la meilleure de toutes les médecines. Prise avec parcimonie mais en valables quantité, l’eau guérit tout, même les maladies inconnues. Bien sûr, pas l’eau chlorée de la plupart de nos robinets, pas plus l’eau en conserve de plastique des marchands d’eau, non l’eau de source, de ma source ! Car j’ai fait l’acquisition d’une source dont l’eau vient directement des hauts glaciers des grandes montagnes, une eau d’une telle pureté qu’on y voit à travers par temps de brouillard. Ce précieux liquide, je vais le vendre en petits flacons de verre bouchés à l’émeri, à un prix dérisoire certes mais en de telles quantité que ma fortune se fera en un temps record. Cette panacée s’appellera la Papillonnette et sera vendue en pharmacie.

- D’accord, rétorquai je, mais aurez-vous l’autorisation de vente sur le marché ? Car de l’eau, de la bonne eau de source, il s’en trouve mais de là à prétendre que c’est une panacée...

- Toute la difficulté est là, me dit-il, car il me faut trouver les fonds pour graisser les papattes concernées. Et vous n’imaginez pas à quel point ces membres-là sont gourmands ! Sinon, croyez-moi, il suffira de dire qu’une dose, ce n’est pas assez et qu’il faut en prendre une tous les 3 mois, voyez la rente à vie, remboursée par la séco ! Et, si ça ne fait pas de bien, ça ne peut tout de même pas faire de mal !


On voit par-là que le professeur Papillon n’a rien inventé.



jeudi 13 janvier 2022

Dernier tableau (59)

Ce petit tableau, quand je l’ai eu, j’ai trouvé qu’il était mal encadré, il était dans un cadre noir et épais et je suis allé voir un encadreur pour voir si on pouvait le mettre dans quelque chose de mieux. L’encadreur a été un peu surpris de ce cadre si épais, il a voulu sortir le tableau de son cadre et il a découvert qu’il y avait un autre tableau dans l’épaisseur du cadre, un autre tableau d’Artur Leyden, caché derrière la ferme du Bussiau. Un portrait d’une très jeune fille…

– Arrêtez, dit Achille d’une voix étranglée, attendez, ce n’est plus possible... Je préfère que vous me laissiez seul. Je ne vous promets rien, mais il faut me laisser un peu de temps. Revenez un autre jour mais maintenant, je ne peux plus.

– Je vais vous laisser mon adresse et mon numéro de téléphone, ici sur ce petit papier, dit Hervé en se levant et en posant le papier sur une table. Je m’en vais, je vous prie de me pardonner si je vous ai fait du mal. Je peux partir ? Ça ira ?

– Oui, répond Achille en pleurant doucement, ça ira. Merci et on verra.


Hervé effleure de la main l’épaule du vieil homme qui se tourne vers lui et lui sourit à travers ses larmes. Il lui tend une main timide qu’Hervé serre entre les deux siennes. Il sort de la chambre et quitte l’établissement.


*


Dans le bus qui le ramène à Saint-Lambaire, il se sent à la fois un peu coupable d’avoir remué ce vieil homme et en même temps, il sait que quelqu’un devait un jour donner à Achille la possibilité de parler. Il en fera ce qu’il voudra, il usera ou n’usera pas de cette possibilité, maintenant la balle est dans son camp. Hervé ne le relancera pas.

Il arrive à la gare routière vers cinq heures et revient chez lui. Il a à peine passé la porte d’entrée que Madame Lemond ouvre sa porte et l’interpelle :


– Monsieur Magre, Hervé, excusez-moi mais Sara m’a appelée. Elle a essayé de vous joindre mais vous étiez absent. Elle aimerait que vous lui passiez un coup de fil. Si vous voulez, vous pouvez appeler de chez moi, vous savez, dit-elle.

– Merci Édith, c’est très gentil de votre part, mais je n’ai pas le temps là tout de suite, j’appellerai dans un quart d’heure.

– Je comprends, je vous laisse. Bonne soirée Hervé.

– Bonne soirée, Édith. Et encore merci.


Il monte l’escalier et entre chez lui. Il voit le Leyden, la jeune fille à la robe d’organdi. Une sorte de nostalgie incompréhensible le prend aux tripes. Il pense à Achille qu’il a laissé dans un si grand trouble. Il reste deux minutes devant le tableau puis il se dit qu’il espère que madame Lemond n’est pas venue. Il jette un coup d’œil rapide, passe le bout des doigts sur la commode et suppose que ce n’était pas le jour du ménage.

Il se prépare rapidement une tasse de café et s’installe au téléphone pour appeler Sara.


– Bonjour Sara, c’est Hervé. Comment allez-vous ?

– Hervé ! Édith t’a dit que j’avais essayé de t’appeler ?

– Oui, je m’étais absenté tout l’après-midi.

– Encore en randonnée ? Ah, j’aimerais marcher moi aussi, mais je suis incapable de me décider à partir seule…

– Venez marcher avec moi un de ces jours, on peut s’organiser une petite marche si cela vous dit.

– Pourquoi pas ? Je retiens la proposition mais pas une randonnée trop longue, je manque d’entraînement, je ne crois pas que je pourrais marcher plus de deux heures, deux heures et demie.

– On peut faire un circuit à l’intérieur des terres, ou bien préférez-vous en bord de mer ?

– Attends, on en reparlera. Je voulais déjà te dire que j’ai reçu aujourd’hui la monographie sur Artur Leyden de Monsieur Estrade, tu te souviens, l’ancien conservateur du musée ?

– Oui, excellente nouvelle, j’aimerais pouvoir y jeter un coup d’œil.

(à suivre...)


dimanche 9 janvier 2022

Contes et histoires de Pépé J II (16) Le moulin du Ceroux

Oreilles attentives de Guyenne et Gascogne, bonjour. Les romans régionaux sont une source presque inépuisable de belles histoires. Cette fois, je vais vous parler d’un roman de Maryse Batut « Le moulin du Ceroux ». Il a été publié en 2007 aux Éditions Jean-Claude Lattès.


C’est une histoire bien simple qui tourne autour… d’un moulin à eau et de la famille de meuniers, les Laborie. Les moulins avaient une très grande importance dans nos contrées car c’était, bien sûr, le lieu de transformation du grain en farine, farine qui est l’ingrédient du pain qui constituait l’aliment de base de la plus grande partie de la population. Le meunier était donc un personnage d’importance dans le milieu rural. Car, à l’époque, il n’était nul besoin de parler de circuits courts ou de locavores, le peuple mangeait ce qu’il trouvait sur place et il connaissait l’origine des produits consommés. Il y avait ainsi un grand nombre de moulins, sur les rivières mais aussi en haut des collines, là où les courants d’air étaient favorables.


Le moulin du Ceroux, c’est une histoire racontée par Éline. Elle est veuve de Léo, le courageux meunier qui a repris ce moulin du Ceroux et en a fait une belle bâtisse, qui l’a rénové, aéré, modernisé. Il faisait tourner trois meules après avoir consolidé le barrage sur la rivière. Il y avait aussi un four, pour le pain et un pressoir à huile.


Éline et Léo, c’est aussi une belle histoire d’amour, liée à ce moulin. Mais Léo meurt assez jeune et c’est son fils, Antonin dit Anton, qui deviendra meunier. Il est marié et a déjà deux enfants de treize et quinze ans, Marc et Elizabeth lorsque son épouse, Bella est à nouveau enceinte : « un accident » dit-elle. C’est le moment de la deuxième guerre mondiale et Bella s’inquiète de son mari qui est si souvent à jouer à la belote chez des amis et qui la laisse seule pendant de longues soirées. Lui qui ne faisait jamais aux cartes auparavant…


On a le fin mot de ces absences : Anton, loin de jouer aux cartes, s’occupe de l’organisation de la résistance locale et il est souvent à rejoindre le maquis dans les forêts. Mais il tombera amoureux d’une femme qui est aussi dans le maquis alors que, presque au même moment, Bella mourra en couches en mettant au monde la petite Belline qui ouvre le récit de ce roman.


Alors, la suite est la fin de la guerre, Anton épouse Hélène qu’il avait connue dans le maquis et ils reformeront une famille, avec les enfants d’Anton, avec Éline, toujours autour du moulin du Ceroux.


Cric crac, mon conte est achevé et pour un liard, dis-en un plus beau !




jeudi 6 janvier 2022

Dernier tableau (58)

 

Oh, j’ai dit que je venais de sa part, c’est bien elle qui m’a dit que je pouvais venir vous voir, mais ce n’est pas elle qui m’envoie. Je suis venu vous demander quelque chose, je voudrais vous parler du Bussiau…

– Le Bussiau ! Et vous êtes venu pour me parler de cela ! Mais vous ne savez pas ce que vous dites ! Le Bussiau ! Il y a des années que personne n’a dit ce mot devant moi. Vous ne pouvez pas savoir ce que cela remue…

– Oh si, je crois le savoir un peu. J’aurais peut-être dû amener cela plus doucement sur le tapis, mais je veux être franc avec vous et vous parler sans détours. Je sortirai d’ici si vous me dites de le faire, je n’ai pas le droit de vous importuner et j’essaye d’aller droit au but.

– Et Zélie sait que vous venez me parler de cela ?

– Franchement, non. Mais elle sait que je connais Le Bussiau, j’y suis allé une fois.

– Et vous alliez y faire quoi ?

– Je ne cherchais pas à y aller, bien sûr, mais j’y suis arrivé parce que je me suis fait coincer par la marée, dans la ria. Et la seule issue que j’ai trouvée…

– Vous aussi, vous avez failli vous faire noyer dans l’aber ? Et qui vous a sorti de là ? demande Achille.

– Je m’en suis sorti tout seul, avec un peu de chance, dirais-je. J’ai réussi à trouver un endroit où j’ai pu monter plus haut. Pourquoi dites-vous : « vous aussi » ?


Il regarde Achille et il comprend que l’émotion le submerge. Il a baissé la tête, le menton repose sur la poitrine. Hervé commence à se lever.


– Attendez, ça va aller, je vais vous expliquer. Monsieur Artur a failli se noyer, c’était il y a bien longtemps. Monsieur Artur, c’était…, comment dire…

– Monsieur Artur Leyden, le peintre ?

– Oui, vous connaissez ?

– Oui, un peu, je sais qui est Artur Leyden.

– Je ne sais pas si je vais pouvoir parler, j’ai gardé tant de choses en moi pendant des années, je ne sais pas…


Achille prend un mouchoir et essuie les larmes qui coulent sur ses joues. Hervé se sent coupable d’être venu ainsi troubler la tranquillité de ce vieil homme. Il se demande de quel droit il se mêle de sa vie.

– Excusez-moi, je crois que je suis trop indiscret, bégaye-t-il.

– Non, c’est peut-être bien de faire sortir les démons pour les exorciser, répond Achille qui semble s’être repris. Dites-moi pourquoi vous êtes venu et après, je vous dirai si je peux faire quelque chose pour vous. Je vous écoute, dit-il en se redressant sur son fauteuil.

– Si je vous racontais toute mon histoire, ce serait trop long, je vais essayer de m’en tenir à ce que je cherche.

– Je vous écoute, reprend Achille, qui semble rasséréné.

– Artur Leyden a peint un petit tableau, un paysage. L’autre jour, en sortant de l’aber, je cherchais à retrouver une route pour revenir à Saint-Lambaire. Je suis donc arrivé à une ferme que je n’avais bien sûr jamais vue. Mais je l’ai reconnue pour l’avoir vue en peinture car c’est le Bussiau que monsieur Artur avait peint. Les lieux ont à peine changé, j’ai tout de suite reconnu…

– Vous avez vu ce tableau alors ?

– Oui, je le connais bien.

– Où est-il ?

– Chez moi, disons que j’en ai en quelque sorte hérité, dernièrement…

– Monsieur Artur avait voulu peindre la ferme des Veudenne. C’était ma famille d’accueil, les Veudenne. Ils étaient métayers au Bussiau. Il n’a dû faire qu’un seul tableau comme cela, il l’avait donné aux parents Veudenne, en remerciement comme Mady et moi on l’avait sauvé de la noyade. Vous savez, monsieur Artur, il dessinait sur un carnet et puis il ramenait son dessin chez lui, il peignait chez lui. Mais, continuez.

(à suivre...)

dimanche 2 janvier 2022

Contes et histoires de Pépé J II (15) L’Euro

 Oreilles attentives de Guyenne et Gascogne, bonjour. Nous voilà donc en début d’année et, premier de l’an après premier de l’an, cela finit par faire une sacrée kyrielle, que l’on compte en piges, en berges ou en balais. Et, à ce sujet, je vais revenir sur un évènement qui aurait pu passer inaperçu s’il n’avait concerné notre porte-monnaie : je veux parler du passage à l’euro en tant que monnaie sonnante et trébuchante, le premier janvier 2002. Oh, cela faisait moult années qu’on nous parlait d’une monnaie unique, on nous promettait un écu -Vertuchou que ce nom sonnait bien à mes oreilles !- mais ce dernier resta fictif quoique certains exemplaires en aient circulé ; j’avoue en avoir fait l’acquisition d’un pour le seul plaisir de pouvoir dire que j’avais palpé l’écu. Que ceci reste entre nous, bien sûr !


Nous avions déjà eu bien des péripéties avec notre franc dont le nom remontait à la plus haute antiquité mais qui changea brutalement de valeur 42 années plus tôt car, à l’époque, déjà Pinay perçait sous Bonaparte puisque le franc en tant que monnaie avait été institué sous le Consulat. A partir de 1960, cent balles devenaient un franc mais l’ancien franc eut la vie dure dans les têtes car bien des années plus tard, bon nombre de gens, bien que peu fortunés, parlaient encore en millions. La traduction était facile puisqu’il suffisait de faire la division ou la multiplication pour s’y retrouver. Avec la venue de l’Euro, ce fut une autre paire de manches car les bureaucrates, qu’ils fussent de nationalité française ou d’allégeance européenne, nous avaient concocté un Euro qui valait 6,55957 francs. Là, c’était pas de la tarte et nous fûmes plus d’un à y perdre la boule !


Et maintenant, ce qui valait autrefois un franc vaut bien souvent un euro ou plus mais on continue à casquer, faites passer la monnaie et circulez, y’a rien à voir…


Du temps où circulait le franc français, il y avait de temps à autre quelque soubresaut économique, le ministre des finances nous faisait une petite dévaluation surprise et on repartait comme avant. La surprise n’était certes pas pour tout le monde et quelques petits malins avaient chaque fois le temps d’acheter des monnaies étrangères avant la dévaluation pour mettre de la fraîche à l’abri. Mais, grosso modo, ces dévaluations, pour vexantes qu’elles aient pu paraître au premier abord, permettaient que nos produits se vendent plus facilement à l’étranger et attiraient chez nous les touristes des pays à monnaie forte. Maintenant que notre Euro fait partie des monnaies les plus appréciées de la planète, ce sont les pays à monnaie plus faible qui profitent de cet avantage. Et le touriste français est tenté de partir dans ces pays y dépenser notre monnaie et en ramener quelques bactéries ou autres.


Tout cela est bel et bien mais voilà que ces bureaucrates envisagent sérieusement de supprimer la monnaie, qu’elle soit en billets ou en pièces, dans le but d’empêcher la circulation de ce qu’on appelle l’argent noir. Belle idée de technocrate mais elle servira surtout à embêter le petit peuple tandis que les vrais trafiquants auront d’autres manière de trafiquer, on s’en doute.


Quoiqu’il en soit, j’ai toujours du plaisir à me balader avec un porte monnaie gonflé de quincaille, j’aime avoir l’appoint quand je paie et ça me donne une impression d’opulence.


Comme le chantait Francesca Solleville : « T´as pas cent balles / Cent balles à blanc / Pour faire le bal / Des survivants? »


On voit par-là que s’il n’en reste qu’un, nous serons de ceux-là,