Dimanche dernier, c’était la fête
des papes à Rome puisque deux papes furent canonisés par deux de leurs
successeurs le même jour. Cela a donné lieu à une poignante cérémonie :
devenir saint n’est pas rien, surtout
post
mortem.
Toutefois, je mettrai un bémol à
l’allégresse générale en vous transmettant une observation de mon ami le
professeur Papillon dont l’esprit scientifique toujours en éveil nous a déjà
surpris à l’une ou l’autre reprise. Voici donc ce qu'il me déclara le mardi 29
avril :
« Cher ami, je profite de ce
jour où les catholiques fêtent Catherine de Sienne pour noter deux choses
importantes : la première est que cette sainte fut certainement fort
bavarde puisqu’à l’école on n’arrêtait pas de lui dire
vas-tu te taire, de Sienne ! La seconde est qu’il est bien
beau de nommer du saint à tour de bras mais il y aura bientôt plus de saints
dans le calendrier que de communes en France. Bien sûr, la sainteté est un
emploi bénévole et non rémunéré mais on aurait pu profiter de cette arrivée
massive pour donner un sérieux coup de balai dans le grenier de nos calendes
déjà bien encombré par moult saints, bienheureux, martyrs, apôtres, séraphins,
chérubins anges et archanges. D’autant plus que certains en profitent pour
cumuler les attributions car l’on peut être saint et martyr ainsi
qu’apôtre !
C’est ici que je voudrais intervenir
auprès des autorités en charge de toute cette cohorte afin de proposer la
désinscription de certains d’entre eux, particulièrement néfastes, du
calendrier romain. Ma première proposition est de supprimer les saints mis en
cause par le dérèglement climatique : Mamert, Pancrace et Servais, saints
nommés de glace par la ferveur populaire. Bien qu’officiellement remplacés par
Estelle, Achille et Rolande, ceux-ci se cramponnent à leur siège couvert de
givre. Il y a aussi Saint Médard qui, s’il disparaissait du calendrier,
permettrait à Saint Barnabé de prendre un repos paradisiaque bien mérité. Deux
pierres d’un coup… Deuxième proposition, mettre à la retraite anticipée Saint
Michel, cumulard bien connu : archange en chef, psychostase et
psychopompe, et célèbre pour la
maltraitance qu’il exerce sur les dragons et les hirondelles. C’est lui qui
oblige les fermiers à engraisser les propriétaires capitalistes en leur payant
des fermages à la date du 29 septembre : plus de saint-michel, plus de gabelle ;
plus de saint-michel, toute l’année des hirondelles ; plus de
saint-michel, les dragons volent de leurs ailes ! Troisième
proposition, et non la moindre, trouvons quelque dicton pour orner le jour où
ces nouveaux saints seront fêtés, ceci avant que la malice populaire n’y glisse
n’importe quoi en rapport trop direct avec le climat. Proposons, par exemple
pour le 22 octobre :
A la Saint
Jean-Paul II, chauve qui peut, ne te découvre pas d’un cheveu ! Et
pour le trois juin :
A la Saint Jean
XXIII, pas de chèque en bois ! »
On voit par là qu’il faut être râblé
pour dire que science sans conscience n’est que ruine de l’âme !