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dimanche 25 mai 2014

Chronique du temps exigu (107)

Ce dimanche, les électeurs Français sont invités à aller voter pour élire leurs députés Européens. Cela est bel et bien mais voilà-t-il pas que les étrangers vont aussi voter pour élire des députés Européens. On n’est plus chez soi, tout de même ! Car non seulement ces étrangers vont élire des députés mais ils vont élire des députés étrangers. Et ils vont les envoyer à Strasbourg !
« La France aux Français et le reste aux restants ! » Ainsi parlait Sara Toussetra, surhumaine et souveraine derrière le comptoir de son bar-tabac. Si maintenant les étrangers se mettent à élire nos députés, il ne faudra pas s’étonner de l’étrangeté des lois qu’ils nous pondront. Imaginez qu’ils nous concoctent une loi qui fasse de nous des étrangers : vous me direz (sic) que dans ce cas-là nous pourrions élire des députés étrangers qui seraient aussi français que nous sommes étrangers quand nous ne sommes pas français mais tout de même voilà qui serait étrange.
Il nous resterait un homme providentiel, notre bon Monsieur Deparlefisc, acteur français, quasi-ministre post-soviétique, exilé intellectuel et évadé fiscal (à moins que cela ne soit l’inverse). Qui mieux que lui pourrait nous remettre sur les rails de la souveraineté en nous invitant dans une de ses principautés dont il nous sacrerait autochtones sinon aborigènes. Et, nous ralliant à son panache blanc, nous envahirions en hordes sauvages la France dans laquelle nous aurions laissé les étrangers mariner dans l’angoisse des grandes invasions.

On voit par là qu'il est plus facile d'être prophète qu'étranger en son pays.

dimanche 18 mai 2014

Chronique du temps exigu (106)


Ah le joli mois de mai ! Les médias qui ne savaient plus quoi raconter, qui ne savaient plus quelle tempête dans un verre d’eau allait pouvoir les occuper, voient surgir le bout du tunnel et une kyrielle d’évènements passionnants se profilent à leur horizon : le festival de Cannes, puis Roland-Garros, Wimbledon, le Mondial de football et, last but not least, le tour de France ! Les Cannais, les Camés,  les rackets et les crampons. Rien que du bonheur, rien que du beau monde ! La crise n’a plus la cote, les frasques politiques n’intéressent plus, vivement les paillettes, les flonflons et la débauche de fric, de blé et d’oseille. C’est tout à coup comme si on avait découvert la malle au trésor et pour tout cela, quand y’en a plus, y’en a encore.
Et, à l’occasion du festival de Cannes, notre pays récupère son exilé fiscal de prédilection dans un rôle de décomposition, en un film quelque peu boudé par la gentry-people cannoise, ce qui lui donne le parfum de scandale nécessaire et suffisant pour se vendre par millions d’entrées dans des pays encore plus en voie de sous-développement que la France. Et pour ceux qui préfèrent la romance à l’aigre-douce, Mme Kidman a en magasin ce qu’il faut pour émouvoir les cœurs et les reins, un antibiopic sur une actrice promue en princesse dont le carrosse devint citrouille après une course à vive allure. N’est-il pas merveilleux que, pendant qu’on tue en Syrie, que l’Ukraine est dépecée, qu’on enlève au Nigéria et qu’on meurt dans les mines en Turquie, les marchands de bonheur à la petite semaine pensent à nous donner ce plaisir minuscule qu’est le spectacle des riches et des puissants dans leurs œuvres ?

On voit par là que lorsque la fin du monde arrivera nul ne s’en apercevra, nous serons au cinéma.

dimanche 11 mai 2014

Chronique du temps exigu (105)

"La France veut plus que le progrès de l'Europe, elle veut l'Europe du progrès".
Voilà ce qu’aurait dit, le 6 mai, le Président de la République.
Terrible aveu de la première partie de cette phrase : l’Europe a bien des progrès à faire et nous sommes nombreux à le penser. Mais qu’est-ce que l’Europe en fait ? Un « machin » qui sert à donner des subventions à un certain nombre de gens qui critiquent les assistés tout en se faisant assister eux-mêmes, un « machin » qui paie grassement ses employés, leur attribue des privilèges généreux et des retraites tout confort, un « machin » régi par une constitution de 400 pages et heureusement encore s’agit-il d’un traité simplifié. Ah, quand les Institutions Européennes se parfument de simplifier les choses, la complexité est à l’horizon. Qui nous dira qu’il a déjà lu notre Constitution ?
En a-t-elle fait couler de l’encre, cette Constitution dans les journaux de France et d’ailleurs. Pour un certain nombre de grands médias, à l’époque du référendum, si vous votiez non au traité constitutionnel, c’est que vous étiez contre l’Europe. Alors que si vous vouliez simplement lire le texte pour lequel on vous demandait de vous prononcer, il fallait plusieurs heures de téléchargement sans être certain d’arriver au bout. Il fallait donc se contenter de textes prédigérés : en quatre feuilles on vous en résumait plusieurs volumes. De qui se moquait-on ?
Ces mêmes médias qui n’ont pas tiré la leçon de leur défaite annoncent maintenant que l’abstention ou le mauvais vote feront le jeu des souverainistes, des extrémistes ou des fascistes de tout poil. Alors que ce qui fait réellement leur jeu, c’est le libéralisme sans liberté de la droite et la résignation à un économisme dispendieux de la gauche. Au nom du pèze et du fric, ils capitulent devant le capital et ses privilégiés. Et un jour ils abdiqueront face au totalitarisme.
Dans ce sombre tableau, une lueur brille toutefois : dans certains villages, si vous allez voter le matin de bonne heure, vous avez quelque chance qu’on vous offre le café et les croissants. Et si vous assistez au dépouillement, il est permis d’espérer qu’on vous propose un apéro.

On voit par là que l’Europe, c’est pas l’amer à boire.

dimanche 4 mai 2014

Chronique du temps exigu (104)


Dimanche dernier, c’était la fête des papes à Rome puisque deux papes furent canonisés par deux de leurs successeurs le même jour. Cela a donné lieu à une poignante cérémonie : devenir saint n’est pas rien, surtout post mortem.

Toutefois, je mettrai un bémol à l’allégresse générale en vous transmettant une observation de mon ami le professeur Papillon dont l’esprit scientifique toujours en éveil nous a déjà surpris à l’une ou l’autre reprise. Voici donc ce qu'il me déclara le mardi 29 avril :
« Cher ami, je profite de ce jour où les catholiques fêtent Catherine de Sienne pour noter deux choses importantes : la première est que cette sainte fut certainement fort bavarde puisqu’à l’école on n’arrêtait pas de lui dire vas-tu te taire, de Sienne ! La seconde est qu’il est bien beau de nommer du saint à tour de bras mais il y aura bientôt plus de saints dans le calendrier que de communes en France. Bien sûr, la sainteté est un emploi bénévole et non rémunéré mais on aurait pu profiter de cette arrivée massive pour donner un sérieux coup de balai dans le grenier de nos calendes déjà bien encombré par moult saints, bienheureux, martyrs, apôtres, séraphins, chérubins anges et archanges. D’autant plus que certains en profitent pour cumuler les attributions car l’on peut être saint et martyr ainsi qu’apôtre !
C’est ici que je voudrais intervenir auprès des autorités en charge de toute cette cohorte afin de proposer la désinscription de certains d’entre eux, particulièrement néfastes, du calendrier romain. Ma première proposition est de supprimer les saints mis en cause par le dérèglement climatique : Mamert, Pancrace et Servais, saints nommés de glace par la ferveur populaire. Bien qu’officiellement remplacés par Estelle, Achille et Rolande, ceux-ci se cramponnent à leur siège couvert de givre. Il y a aussi Saint Médard qui, s’il disparaissait du calendrier, permettrait à Saint Barnabé de prendre un repos paradisiaque bien mérité. Deux pierres d’un coup… Deuxième proposition, mettre à la retraite anticipée Saint Michel, cumulard bien connu : archange en chef, psychostase et psychopompe,  et célèbre pour la maltraitance qu’il exerce sur les dragons et les hirondelles. C’est lui qui oblige les fermiers à engraisser les propriétaires capitalistes en leur payant des fermages à la date du 29 septembre : plus de saint-michel, plus de gabelle ; plus de saint-michel, toute l’année des hirondelles ; plus de saint-michel, les dragons volent de leurs ailes ! Troisième proposition, et non la moindre, trouvons quelque dicton pour orner le jour où ces nouveaux saints seront fêtés, ceci avant que la malice populaire n’y glisse n’importe quoi en rapport trop direct avec le climat. Proposons, par exemple pour le 22 octobre : A la Saint Jean-Paul II, chauve qui peut, ne te découvre pas d’un cheveu !  Et pour le trois juin : A la Saint Jean XXIII, pas de chèque en bois ! »

On voit par là qu’il faut être râblé pour dire que science sans conscience n’est que ruine de l’âme !