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dimanche 24 mai 2020

Chronique des glands et des cornichons.


Suite à un incident technique, voici un court texte parodique pour remplacer la chronique habituelle.


Il y a des lieux où les âmes sont tombées en somnolence, des lieux oubliés des dieux, désertés par la pensée, la créativité et l’amour, lieux qui auraient pu être élus pour rayonner mais où ne souffle plus qu’une bise rude et sans grâce. Simples endroits sans mystère, d’où est bannie toute émotion, ils ne sont que mornes étendues dont les rivières ne sont plus qu’égouts et où les montagnes sont à genoux, où l’herbe n’est plus sauvage et où les fleurs sont domestiques. Seuls, les êtres humains qui y persistent paraissent encore en vie, ils s’agitent, piaillent et avalent des nourritures molles mais leurs âmes sont en léthargie, liées par de chétives entraves qu’ils ne peuvent ou ne veulent briser et la seule présence de ces êtres que l’on peine à qualifier d’humains a transformé le paysage et les éléments en un environnement d’une mélancolie poisseuse d’où plus rien ne peut s’envoler et où le soleil ne luit plus que d’une lumière sombre.
Tout l’être est profondément saisi aux tripes d’angoisse et de mélancolie. C’est la tristesse qui nous envahit et altère notre esprit en annihilant toute velléité de réagir.
D’où vient que ces lieux baignent dans cette torpeur ? Est-ce une atmosphère gazeuse qui intoxiquerait les poumons, sont-ce les eaux turbides de fleuves et rivières dont les vapeurs brumeuses envelopperaient les êtres et les choses ? Sont-ce des ondes nocives et insidieuses traversant les cellules et les cerveaux ? C’est encore plus incompréhensible car ces lieux ne sont nullement voués de toute éternité à cette angoisse délétère et il suffirait de peu pour que change leur destin, pour que s’établisse un nouvel équilibre, pour que la joie vienne et demeure…
Mais alors, mais alors, Dimitri ? Silence ! Si les dieux sont partis, si les âmes sont en déshérence, si la bise mord les visages, si le mystère a déserté ces lieux, que s’est-il donc passé ? Quel est donc le flot qui, insidieusement, a noyé de ses effluves et effluents des contrées entières et les a ainsi rendues impropres à la pensée, à la créativité et à l’amour ? Il semble que des êtres soient chargés d’une mission spéciale, obscure et ténébreuse, avec pour seul impératif de répandre la sottise en des territoires voués par leur seule présence à l’affliction, à la douleur et à une vague nostalgie de ce qui aurait été, de ce qui aurait pu être. Et ils remplissent avec ténacité, obstination et efficacité leur douteuses obligations car là où ils s’installent ne subsiste que leur immarcescible stupidité : les terres s’en trouvent transformées, les airs en deviennent pollués et la lumière même en devient obscurcie. Ces êtres s’accrochent, sûrs d’eux-mêmes, et ils s’adoubent entre eux, stultitia stultitiam prolificat…
Il y a des lieux où les âmes sont tombées en somnolence.

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