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jeudi 14 juillet 2022

Dernier tableau (85)

 

– Et maintenant, direction le bistrot, que tu me fournisses des explications détaillées sur tout ce bordel. Je veux bien travailler, mais je veux savoir de quoi il retourne. J’espère que tu as de quoi payer à boire, c’est ta tournée mon poteau !

– J’ai ce qu’il faut, on se trouve un bistrot tranquille et pas trop loin ni de chez toi ni de chez moi. Parce que moi je rentre à pied et toi tu conduis.

– No problème, il y a ce qu’il faut à l’angle de la rue Comédon…

– Attends, je pense à quelque chose. Le Renato, lui, il est rentré chez moi. Mais il a toujours mes clés dans ce cas. Qui me dit qu’il ne va pas chercher à faire une nouvelle descente domiciliaire ?

– Oui, mais il n’est plus motorisé, il faut qu’il y aille à pinces…

– Plus motorisé, c’est relatif. Il reste la Visa de Sara.

– Holà ! Quelle couleur la Visa en question ?

– Un brun passé, une punaise écrasée.

– Ce genre de caisse vient de nous passer sous le nez, on voit ses feux d’ici. Elle remonte la rue Comédon. On fait quoi, alors ?

– Accélère, on suit et tu me déposes avant la rue Équoignon. Je veux être aux premières loges pour voir ce que va faire ce rital à la noix.

– C’est bien cela, il tourne vers la rue Équoignon. Descends, je me gare.


Hervé descend et sort sa casquette qu’il fourre dans sa poche. Il passe la place et voit la Visa se garer. Un homme en descend. C’est bien Renato. Hervé s’avance discrètement de l’autre côté de la rue. Renato se dirige vers la maison de madame Lemond, il sort un jeu de clé et s’apprête à ouvrir la porte d’entrée. Hervé traverse rapidement la rue, vérifiant au passage qu’il n’y a plus personne dans la Visa.


– Alors, on vient en visite sans s’annoncer mon petit Renato ? à moins que ce ne soit plus simplement René, René Luruquin par exemple ? l’interpelle Hervé.

– Connard, dit Renato en se retournant, qu’as-tu fait de ma voiture ?


Renato sort un couteau de sa poche, et d’un rapide cliquetis du cran d’arrêt fait jaillir la lame. En même temps qu’il voit le côté tragi-comique de Renato qui semble être l’image de sa propre caricature, Hervé sent son cœur se mettre à cogner. Il sort la clé à griffe de son blouson.


– Mon matos est un peu plus rustique que le tien, un peu lourd aussi, mais je sais m’en servir. Alors, on fait quoi maintenant, joli cœur ?

– On remballe la marchandise, dit une voix derrière, celle d’André qui pointe un revolver en direction de Renato. Allons, mon Renato, mon Toto, tu vas rendre les clés à Monsieur et fissa, c’est à lui et c’est pas bien de vouloir entrer chez les gens sans frapper.


à ce moment arrivent deux personnes qui descendent du trottoir en voyant l’attroupement des trois hommes. Renato replie discrètement son couteau, Hervé baisse sa clé et André glisse son revolver, toujours pointé vers Renato, dans la poche de sa veste. Lorsque les deux passants se sont éloignés, André reprend :


– Tu vois, Toto, faut pas traîner, donne les clés au Monsieur.


Renato tend le trousseau à Hervé qui les prend.

(à suivre...)

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