En vedette !

jeudi 21 juillet 2022

Dernier tableau (86)

 

– T’as vraiment pas intérêt à revenir ici et t’as pas intérêt non plus à avoir fait des doubles, je peux être rancunier des fois. Pour ta tire, je te donnerai un seul conseil, va voir au commissariat de Saint-Bélié, examine les abords des fois qu’elle y serait. Seulement, j’ai une mauvaise nouvelle pour toi, c’est que tu vas y aller à pied. Tu vas gentiment me donner les clés de la Visa. Et ne traîne pas, il va encore arriver du monde.


Renato ne semble pas décidé, mais André exhibe un peu plus son calibre. Dans le noir, avec son crâne dégarni, il a un peu une sale gueule cet André, pense Hervé, juste de quoi inquiéter un trou du cul comme Renato. Ce dernier sort un trousseau de sa poche et le donne à Hervé.


– Maintenant, je crois que tu peux te casser, dit Hervé.

Azzurro, le ciel est bleu comme l'azzurro en Italie
Azzurro, mais à Paris il pleut des cordes, et je m'ennuie
Allora je me fabrique un train de rêve qui va, qui va vers toi
Mais le train me laisse en route
Et chaque soir je rentre à pied chez moi
, chantonne doucement André dans l’oreille de Renato.

– Et on ne se revoit plus jamais, jamais, conclut Hervé.


Renato part rapidement, les deux autres se regardent en souriant.


– Je ne savais pas que tu avais un flingue sur toi.

– C’est un pistolet d’alarme, un Olympic 38, ça fait du bruit, ça fait peur aux couillons, mais ce n’est pas une arme. Je l’ai récupéré en vidant une baraque, je suis le roi du vide-grenier.

– Gros malin, va, dit Hervé. Bon, un instant, je sors la tête de Delco à cette chiotte au cas où notre Toto aurait l’idée de revenir avec un double des clés. Soit il va à Saint-Bélié à pinces, soit il se paie un taxi, pas de demi-mesure !


Il va jusqu’à la Visa, ouvre le capot et démonte la tête de Delco. Après quoi il referme la voiture.


– Et maintenant, un bistrot et en vitesse, dit André. Tout cela m’a donné soif. Et faim, si tu savais !

– S’il y a urgence, y’a le bistrot de la place, ici. C’est ma tournée. Après toi, dit Hervé en ouvrant la porte du troquet.


Ils entrent et s’assoient à une table près de la devanture. Hervé commande deux sandwiches jambon-beurre et deux demis, avec une priorité pour les demis. La patronne sert les boissons, après quoi elle revient avec un plateau garni d’une assiette contenant plusieurs tranches de jambon de pays, d’un panier avec une dizaine de tranches de pain gris, d’un beurrier garni et d’un bocal de cornichons. Les deux compères se regardent et attaquent le copieux plateau. Hervé explique à André les tenants et aboutissants de l’affaire et, le pain aidant, ils commandent une bouteille de vin et deux sandwiches au fromage, histoire de voir, disent-ils après avoir vidé le plateau au jambon-beurre. La patronne porte un autre plateau avec du pain et du beurre et repart chercher un plat de fromages, généreusement garni. Elle a juste tourné le dos qu’André signale :


– Holà, voilà ton macaroni d’opérette qui vient de passer, je jette un coup d’œil, reste assis.


Il sort, reste dehors quelques minutes puis rentre et s’assoit :


– Bien vu, le gars est allé essayer de démarrer la Visa, te fais pas trop voir, il va repasser dans l’autre sens.


En effet, ils voient Renato passer de l’autre côté de la rue. André ressort et rentre deux minutes après :

(à suivre...)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire