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dimanche 5 avril 2020

Chronique de Serres et d’ailleurs V (30)

Auditrices et auditeurs qui m’écoutez, bonjour. En ces temps troublés, je ne vais pas faire de commentaires sur l’actualité, d’autres s’en chargent bien assez, quelquefois à tort et à travers. Il vaut mieux changer de sujet en espérant que le virus disparaisse et que les esprits se calment.

Il y a un sujet qui me tient à cœur, c’est de parler des écrivains qui vivent ou qui ont vécu dans le sud-ouest, même et surtout s’ils n’ont pas une grande notoriété. Aujourd’hui, je vais vous parler d’un homme, humaniste profondément chrétien, résistant, poète et éditeur. Pour résumer, je dirai un honnête homme, au sens ancien. Il s’agit de Jean Cussat-Blanc, fondateur de la revue Résurrection.

Il est né en 1913 à Guéret dans la Creuse. Son père était instituteur libre et il passa une partie de son enfance à Riom dans le Puy de Dôme. Puis il fit ses études à Auch et à Toulouse. Ordonné prêtre en 1938, il comprit vite que ce fut une erreur, pour lui, d’entrer dans le clergé. Il demanda et obtint sa réduction à l’état laïc. Pendant la guerre, recherché en tant que directeur de la revue, il rejoignit le maquis d’Armagnac après avoir échappé à la milice. Il s’engagea ensuite dans l’armée de Libération. Je tiens ces informations, puisées sur internet, d’une biographie qu’Anne-Sophie Migné a fait dans son mémoire Résurrection 1941 – 1992.

Jean Cussat-Blanc a beaucoup écrit et je n’ai lu qu’un seul de ses ouvrages intitulé « Avec les jours Avec les hommes – Poèmes et propos – Lettre aux jeunes », publié chez Pierre-Jean Oswald en 1974. Ce livre, quoique court, n’est pas facile à lire, ne serait-ce que parce que bien des propos ou réflexions sont datés et qu’il est question de personnages un peu tombés dans l’oubli. Mais il reste, près de cinquante années plus tard, des textes surprenants, je vous en citerai un dans une « lettre aux jeunes » où il parle à ceux de mai 68 : « Vous avez durement secoué nos paresses, ces jours de mai. Vous les nantis en mal de l’être, nous n’avions pas découvert votre honte de recevoir, d’accepter ce monde de profits sanglants, d’iniques misères, d’injustice globale qu’avec la naissance et des soins que vous haïssez, nous vous avons gardé. » Savait-il alors que ces soixante-huitards deviendraient les actuels censeurs de notre époque et imposeraient un carcan de bienpensance sociétale à l’instar des religions ?

Puis un autre texte, prémonitoire peut-être, qui parle de nos guerriers : « La guerre fut l’orgueil des princes : nourrir la mort et la braver. Elle est devenue, plus bourgeoise, plus utile, un art d’économie. Une manière d’abord, d’accorder, dans la destruction les richesses rivales, car reconstruire exigera un temps leur alliance, accommodera un temps leurs intérêts ; ensuite  une résorption périodique et rapide du problème que pose l’anarchique croissez et multipliez-vous. (…) Le bain de sang devint la mare du salut ». Tiens, tiens, quand on parle de guerre…

Ce livre rassemble des textes de la fin des années 60 au début des années 70. Quand Jean Cussat-Blanc écrivait ces textes, il habitait à Marcoux, commune de Beauville (47), donc à quelques kilomètres de chez moi. Mais je ne l’ai jamais rencontré et c’est bien dommage. Nous reparlerons de lui car il fut un peu le mentor d’un autre poète et écrivain lot-et-Garonnais,

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