Il
y a un sujet qui me tient à cœur, c’est de parler des écrivains qui vivent ou
qui ont vécu dans le sud-ouest, même et surtout s’ils n’ont pas une grande
notoriété. Aujourd’hui, je vais vous parler d’un homme, humaniste profondément
chrétien, résistant, poète et éditeur. Pour résumer, je dirai un honnête homme,
au sens ancien. Il s’agit de Jean Cussat-Blanc, fondateur de la revue Résurrection.
Il
est né en 1913 à Guéret dans la Creuse. Son père était instituteur libre et il
passa une partie de son enfance à Riom dans le Puy de Dôme. Puis il fit ses
études à Auch et à Toulouse. Ordonné prêtre en 1938, il comprit vite que ce fut
une erreur, pour lui, d’entrer dans le clergé. Il demanda et obtint sa
réduction à l’état laïc. Pendant la guerre, recherché en tant que directeur de
la revue, il rejoignit le maquis d’Armagnac après avoir échappé à la milice. Il
s’engagea ensuite dans l’armée de Libération. Je tiens ces informations,
puisées sur internet, d’une biographie qu’Anne-Sophie Migné a fait dans son
mémoire Résurrection 1941 – 1992.
Jean
Cussat-Blanc a beaucoup écrit et je n’ai lu qu’un seul de ses ouvrages intitulé
« Avec les jours Avec les hommes – Poèmes et propos – Lettre aux
jeunes », publié chez Pierre-Jean Oswald en 1974. Ce livre, quoique court,
n’est pas facile à lire, ne serait-ce que parce que bien des propos ou
réflexions sont datés et qu’il est question de personnages un peu tombés dans
l’oubli. Mais il reste, près de cinquante années plus tard, des textes
surprenants, je vous en citerai un dans une « lettre aux jeunes » où
il parle à ceux de mai 68 : « Vous
avez durement secoué nos paresses, ces jours de mai. Vous les nantis en mal de
l’être, nous n’avions pas découvert votre honte de recevoir, d’accepter ce
monde de profits sanglants, d’iniques misères, d’injustice globale qu’avec la
naissance et des soins que vous haïssez, nous vous avons gardé. »
Savait-il alors que ces soixante-huitards deviendraient les actuels censeurs de
notre époque et imposeraient un carcan de bienpensance sociétale à l’instar des
religions ?
Puis
un autre texte, prémonitoire peut-être, qui parle de nos guerriers : « La guerre fut l’orgueil des
princes : nourrir la mort et la braver. Elle est devenue, plus bourgeoise,
plus utile, un art d’économie. Une manière d’abord, d’accorder, dans la
destruction les richesses rivales, car reconstruire exigera un temps leur
alliance, accommodera un temps leurs intérêts ; ensuite une résorption périodique et rapide du
problème que pose l’anarchique croissez et multipliez-vous. (…) Le bain de sang
devint la mare du salut ». Tiens, tiens, quand on parle de guerre…
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