Lectrices et lecteurs, bonjour. Une députée radicale,
Haut-Pyrénéenne et de gauche ainsi qu’un député apparenté, UMP et breton ont
remis cet été un rapport sur l’accueil fait aux touristes à Paris. D’après ces
membres du Parlement, lorsque l’on adopte le point de vue du touriste, tout n’est
pas parfait et, d’après ce que j’ai entendu dire par la députée, ce n’est pas
au touriste de s’adapter mais c’est aux français de s’adapter. On sait bien que
les parisiens ne sont guère accueillants pour leurs propres compatriotes et il
n’est pas surprenant qu’ils en fassent de même pour les autres, cela serait un
favoritisme malvenu. Toujours d’après ces élus, les Asiatiques seraient les
plus critiques. Et, bien sûr, nombre de nos élus sont prêts à vendre notre âme
et à montrer leur cul pour attirer le touriste étranger à tout prix.
Examinons la question de
la manière, sinon la plus objective, tout au moins la plus sereine
possible : pour qui a déjà vu un groupe de touristes français à
l’étranger, il y a de quoi vouloir se faire tout petit et se faire passer pour
un zoulou, un ouzbek ou un apatride. Reconnaissons que ce n’est pas la fine
fleur de notre société qui compose le gros des bataillons de nos vacanciers à
l’étranger et, si vous leur demandez leur avis, ils auront aussi moult
critiques à formuler sur les équipements touristiques des pays qu’ils visitent.
Il suffit parfois de se rendre au rayon des commentaires clients de sites
prétendument spécialisés pour comprendre que n’est pas Châteaubriant qui veut.
Nul pays n’échappe à
cette règle, le touriste moyen est rarement d’une grande finesse intellectuelle
et le voyageur fortuné rarement d’une grande délicatesse sociale. Je ne parle
pas ici de l’estivant impécunieux puisqu’aucune statistique ne le prend en
compte. Si les statistiques étaient faites par les pauvres et pour les
indigents, cela se saurait.
Après avoir légèrement
dégoisé sur le globe-trotteur hexagonal, examinons maintenant le cas du touriste
moyen en général et asiatique en particulier en essayant d’échapper aux clichés
et préjugés sur les Japonais flasheurs et les Chinois cracheurs. Il semblerait
que ce public se plaigne de devoir faire la file pour visiter nos musées et nos
monuments car ils ne sont pas ouverts au public toute la semaine. Toutefois,
restons lucides : accueillir des touristes, c’est certainement
sympathique, intéressant et rentable, leur vendre notre âme est certainement
bien plus regrettable. D’autant plus qu’une fois que nous l’aurons vendue, ils
en voudront plus et voudront qu’on leur montre notre cul. Plus on leur en
donnera, plus ils en voudront, sachons rester nous-mêmes. Que des individus
voyageurs veuillent venir rencontrer notre culture, voilà qui est intéressant et
il est certain qu’ils le feront avec le point de vue qui est le leur. Que des
gogos viennent pour avaler du folklore, du prémâché et pour se faire faire des
courbettes, c’est autre chose. Qu’on leur en donne du folklore, il suffit de
leur créer encore plus de parcs d’attractions avec des monuments virtuels, des
montagnes de carton-pâte, des habitants costumés avec bérets, mégots et
baguettes ainsi que des cabarets de pacotille où des députés de tous sexes
montreront leurs trucs en plume et où l’on pourra soulager ces touristes de
leurs deniers excédentaires.
Cela fait, nous pourrons
recevoir avec plaisir les aimables visiteurs étrangers désireux de connaître
notre culture et notre pays, ceux qui venant
plus en amis qu’en touristes nous donneront le désir de rencontrer leur
culture et leur pays.
On voit par-là que le
tourisme peut être radicalement différent.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire