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dimanche 11 octobre 2015

Chroniques de Serres et d’ailleurs. (5)

Lectrices et lecteurs, bonjour. Une députée radicale, Haut-Pyrénéenne et de gauche ainsi qu’un député apparenté, UMP et breton ont remis cet été un rapport sur l’accueil fait aux touristes à Paris. D’après ces membres du Parlement, lorsque l’on adopte le point de vue du touriste, tout n’est pas parfait et, d’après ce que j’ai entendu dire par la députée, ce n’est pas au touriste de s’adapter mais c’est aux français de s’adapter. On sait bien que les parisiens ne sont guère accueillants pour leurs propres compatriotes et il n’est pas surprenant qu’ils en fassent de même pour les autres, cela serait un favoritisme malvenu. Toujours d’après ces élus, les Asiatiques seraient les plus critiques. Et, bien sûr, nombre de nos élus sont prêts à vendre notre âme et à montrer leur cul pour attirer le touriste étranger à tout prix.
Examinons la question de la manière, sinon la plus objective, tout au moins la plus sereine possible : pour qui a déjà vu un groupe de touristes français à l’étranger, il y a de quoi vouloir se faire tout petit et se faire passer pour un zoulou, un ouzbek ou un apatride. Reconnaissons que ce n’est pas la fine fleur de notre société qui compose le gros des bataillons de nos vacanciers à l’étranger et, si vous leur demandez leur avis, ils auront aussi moult critiques à formuler sur les équipements touristiques des pays qu’ils visitent. Il suffit parfois de se rendre au rayon des commentaires clients de sites prétendument spécialisés pour comprendre que n’est pas Châteaubriant qui veut.
Nul pays n’échappe à cette règle, le touriste moyen est rarement d’une grande finesse intellectuelle et le voyageur fortuné rarement d’une grande délicatesse sociale. Je ne parle pas ici de l’estivant impécunieux puisqu’aucune statistique ne le prend en compte. Si les statistiques étaient faites par les pauvres et pour les indigents, cela se saurait.
Après avoir légèrement dégoisé sur le globe-trotteur hexagonal, examinons maintenant le cas du touriste moyen en général et asiatique en particulier en essayant d’échapper aux clichés et préjugés sur les Japonais flasheurs et les Chinois cracheurs. Il semblerait que ce public se plaigne de devoir faire la file pour visiter nos musées et nos monuments car ils ne sont pas ouverts au public toute la semaine. Toutefois, restons lucides : accueillir des touristes, c’est certainement sympathique, intéressant et rentable, leur vendre notre âme est certainement bien plus regrettable. D’autant plus qu’une fois que nous l’aurons vendue, ils en voudront plus et voudront qu’on leur montre notre cul. Plus on leur en donnera, plus ils en voudront, sachons rester nous-mêmes. Que des individus voyageurs veuillent venir rencontrer notre culture, voilà qui est intéressant et il est certain qu’ils le feront avec le point de vue qui est le leur. Que des gogos viennent pour avaler du folklore, du prémâché et pour se faire faire des courbettes, c’est autre chose. Qu’on leur en donne du folklore, il suffit de leur créer encore plus de parcs d’attractions avec des monuments virtuels, des montagnes de carton-pâte, des habitants costumés avec bérets, mégots et baguettes ainsi que des cabarets de pacotille où des députés de tous sexes montreront leurs trucs en plume et où l’on pourra soulager ces touristes de leurs deniers excédentaires.
Cela fait, nous pourrons recevoir avec plaisir les aimables visiteurs étrangers désireux de connaître notre culture et notre pays, ceux qui venant  plus en amis qu’en touristes nous donneront le désir de rencontrer leur culture et leur pays.
On voit par-là que le tourisme peut être radicalement différent.

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