-
Ecoute-moi bien, ma puce. Je ne suis pas le mauvais bougre mais t’as
intérêt à répondre gentiment à mon pote car lui, avec sa gueule d’ange, c’est
un cruel dans son genre. C’est pour ça que c’est moi qui m’occupe de toi,
pasque lui, il a envie de t’étrangler. Une pute d’envie. C’est bien toi qui a
négocié la rançon pour la gonzesse qui s’est fait enlever au Gondo ?
-
Qui… qui vous a dit ça ? dit-il en geignant et en reniflant.
-
Mon petit doigt me l’a dit, Toto. Réponds, sinon tu prendras dans la
tronche autre chose que mon petit doigt. Et puis, je vais te dire autre
chose : c’est bien toi qui a négocié cet accord de merde et tu sais ce qui
s’est passé ? Tu sais où on en est ? Non, tu sais pas, connard,
p’tite bite ! La nana, celle que tu as vendue pour du fric, tu vois qui je
veux dire ?
-
Je… j’ai vendu personne pour… j’ai juste transmis… sniff…
-
Arrête, t’a négocié sa vie pour du fric mais tu sais ce qu’ils ont fait
tes copains ?
-
Que, quels copains, j’ai pas…
-
Arrête, je t’ai dit. T’as des copains et je veux savoir qui c‘est ces
gars-là car ces gars-là comme j’te dis, il l’ont flinguée la gonzesse ! Et
à bout portant ! Et voilà le travail auquel tu as généreusement participé.
T’es complice d’un meurtre, ordure, tu comprends ça ?
Là, Benledek ne geint plus, ne renifle plus, il a l’œil hagard.
-
Vous êtes de la police ?
-
On n’est pas des flics, interviens-je enfin, on est juste venu te voir
avant de parler de toi aux flics. Enfin, si c’est encore utile de parler de
toi, si tu vois ce que je veux dire…
-
Wwwoufff, fait le Benledek car je viens de m’asseoir sur sa poitrine en
pointant un doigt menaçant sur son entre deux zyeux.
-
Ecoute-moi bien, Tantifle : je veux tout savoir et même plus, t’as
intérêt à coopérer sans faille, la main dans la main ou le poing dans la
tronche, dis-je avec conviction.
-
La-achez-moi, fait Benledek en pleurnichant.
-
Oh, mais on est prêt à te laisser tranquille, petit père, à la condition
que tu parles. Et vite : considère qu’on a un train à prendre, ajouté-je.
-
Vous… vous voulez savoir quoi ?
-
Tout ce que tu sais sur les gonzes qui t’ont mandaté. Et leurs noms. Et
vivement !
-
Je vais tout vous dire mais vous me faites mal, vous m’écrasez le foie…
-
C’est bien pour ça que tu vas faire vite, ton foie, il en verra
d’autres…
-
Gleubb, je ne connais qu’un seul gars, il s’appelle Latik Edkès… je n’en
sais pas plus !
-
Tu vois bien que tu as des choses à dire. C’est qui ce gars ?
dis-je en me relevant.
Léon lui lâche la glotte et l’avocat s’assoit sur le sofa en toussant.
-
Vous n’en n’avez jamais entendu parler ? demande l’avocat.
-
Raconte et ne nous fait pas perdre de temps sinon je te refais un petit
massage de foie à ma façon, réponds-je en tapant du pied, ce qui fait sursauter
Benledek.
(à suivre...)
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